Krollan | 19 avril 2024. 10h45 : j’ai enfin trouvé le point de rendez-vous 11h : je prête mon feutre pour la signature du droit à l’image 11h15 : mon manteau et mon sac sont posés, mon pipi est évacué 11h30 : on me tend un coussin, je comprends que je vais avoir mal au dos 11h35 : mon pied gauche se pose sur le plateau de C Médiatique
Dans la boîte mail de Nouvelles Vagues, on a reçu : « Bonjour, je suis assistante de production sur des émissions TV à Paris, et j’aimerais proposer aux membres de votre association, de venir gratuitement assister à nos nouvelles émissions. » On a répondu « Oui. » Et c’est ainsi que je me retrouve guidée par une gentille jeune madame. Selon une mystérieuse logique, elle me place dans de petits gradins aux côtés de mes acolytes du public. Vous voyez dans les émissions télé, les bonhommes dans le fond qui sont là pour applaudir au début et à la fin ? Et bien, un des bonhommes, c’était moi.
Les maquilleuses repoudrent les pommettes des chroniqueurs. La hair stylist relaque les mèches de la présentatrice. La… dame avec un micro accroché à son casque nous demande d’applaudir pour un test son. Puis 5, 4, 3, la musique se lance, 2, 1…
Je me rends compte que je n’ai aucune idée de qui va venir remplir les sièges vides autour de la table, que je ne sais pas de quoi va traiter l’émission. Ça peut être long, une heure et demie.
Élégantes et solaires. Deux grandes femmes entrent sur le plateau. Leurs visages me sont inconnus mais elles sont rapidement présentées en tant que Sonia Devillers et d’Adèle Van Reeth. Mais bien sûr ! (je ne sais absolument pas qui c’est). J’apprends qu’Adèle est directrice de la radio France Inter, qu’elle parle vite mais distinctement, qu’elle ne se laisse décontenancer par aucune question, qu’elle défend ses idées et ses chroniqueuses, qu’elle montre son agacement sans être virulente. Quant à Sonia, elle anime du lundi au jeudi “L’Invité de 7h50” sur France Inter. Dans cette interview de 10 minutes, elle reçoit une personnalité publique, ou non, étant en lien avec l’actualité. L’émission de C Médiatique, celle où je me trouve actuellement, est entrecoupée par la diffusion d’un documentaire sur France Inter. On y voit les coulisses de la radio : le soleil n’est pas encore levé, le visage de Sonia Devillers est éclairé par la lumière de son ordinateur. On la voit absorbée par l’écriture de son interview. On la voit se presser dans les couloirs de Radio France. On la voit s’entretenir avec son invitée quelques minutes avant l’antenne. On la voit expliquer que, sans que son invitée s’en rende compte, elle la met dans “l’ambiance radio” : elle l’encourage à parler vite et l’entraîne à être coupée. On la voit et elle se voit. Elle n’a pas l’air si gênée, plutôt fière de son travail. Elle ne peut cependant s’empêcher de noter les cernes immenses (que je n’avais absolument pas remarquées) qu’elle arbore sur le grand écran. Sonia Devillers nous explique qu’elle a récemment dû se faire au format court et direct, 20 ans d’expérience et elle continue d’apprendre.
Les radios comptent de moins en moins d’auditeurs. Pourtant, France Inter gagne du public. Son secret : la diversification de contenu. France Inter c’est : “Les Odyssées”, histoires pour enfants ; “Affaires sensibles”, historique et judiciaire ; “Le téléphone sonne”, moment interactif ; “Zoom zoom zen”, explications sur un mot nouveau ; “On va déguster”, sur la cuisine ; et bien d’autres. Il y a même un compte Instagram, un compte TikTok, des livres et un spectacle le dimanche soir ! Sonia Devillers ajoute : “On reste une radio de l’offre […] Si je prends le programme de la matinale de cette semaine. On est passé de Jamel Debbouze au procureur national anti-terrorisme, à Anne Lauvergeon qui nous raconte qui nous raconte la mort de François Mitterand. Je veux dire, aujourd’hui quand la France se réveille, elle ne demande pas à écouter ces gens-là : elle les reçoit, et c’est ça qui est formidable.”
Pour une présentation plus détaillée de ces émissions, il te suffit de visualiser l’émission C Médiatique du dimanche 21 avril 2024 sur france.tv, il faut un compte mais c’est gratuit.
Ces deux femmes, leurs travaux, représentent le rêve absolu, et je m’en trouve à moins de 7 mètres 50 (oui, j’ai passé plusieurs minutes à réfléchir à quelle distance d’elles je me trouvais. Je ne pense pas que mon résultat soit exact mais il me fallait un résultat précis pour que ça claque dans le titre). J’ai envie de sortir un CV de ma poche, d’écrire au dos « je souhaite faire 10 000 pas par jour dans des couloirs ronds » (pour avoir la réf regarde l’émission hihi), d’en faire un avion en papier et de le faire voler jusqu’à elle.
Je n’ai jamais été aussi loin de tout ce que je souhaite. Ces gens sont là, autour de cette table. Ils sont en tailleur et moi en pantalon que je trouvais un peu classe. Ils sont maquillés et moi je brille. Je n’entends pas leurs voix directement mais captées par leurs micros et retransmises par l’enceinte à ma droite. Elles ne sont pas RH. Je n’ai pas de CV. Et de toute façon, je ne sais pas très bien faire voler des avions. Ils s’écrasent toujours, un peu comme les rêves.
C’est passé vite, une heure et demie.
Si toi aussi, tu souhaites assister à une émission de C Médiatique, c’est gratuit et hyper accessible. Tu as simplement à t’inscrire ici.
