Les Tricheuses tirent leur épingle du jeu

Nadège Barré | Autoproclamées tricheuses, Jeanne Moulard et Élisa Tuzzolino alternent entre la scène et l’écran avec des concepts d’improvisations simples et virales qui illuminent le genre. Du 22 septembre 2024 au 29 juin 2025, le duo propose à la Comédie des 3 Bornes des spectacles d’improvisation inspirés des jeux télévisés, en parallèle de vidéos sur les réseaux sociaux, pour faire connaître leur discipline et leur spectacle.

Qui êtes-vous ? 

Jeanne Moulard : J’ai 26 ans, je suis comédienne et improvisatrice. Je suis la verte chez « Les Tricheuses ».

Élisa Tuzzolino : J’ai 26 ans, je suis comédienne, improvisatrice et autrice et nous avons créé « Les Tricheuses » avec Jeanne il y a un an et demi, je suis la rouge.

Pourquoi « Les Tricheuses » ?

Les Tricheuses : On a galéré pour trouver un nom. On s’est inspirée de notre passion commune et de notre concept : on adore les jeux et jeux de société donc « Les Tricheuses » est venu assez vite. C’était soit ça soit « Les Ponctuelles » car on adore la ponctualité. On s’est dit que « Les Tricheuses » ce serait plus marrant car ça fait un peu stricte, « Les Ponctuelles ».

Pourquoi avoir choisi d’être en duo ?

La question ne se posait pas, c’était assez naturel. On s’est rendu compte qu’au-delà d’être dans la même classe, on improvisait bien ensemble et on voulait créer des projets avec d’autres improvisateurs. Sortis des Cours Florent, on a un ami qui était en classe d’improvisation avec nous qui a créé un collectif avec tous ceux qui voulaient bien continuer à faire des spectacles d’improvisation : le système D. On fait des spectacles tous les mois mais comme on est nombreux, c’est du tirage au sort. On a eu cette frustration de ne pas toujours être tirées au sort : il y avait plusieurs mois où on ne jouait pas ou on n’était pas ensemble. On s’est dit : on adore jouer ensemble mais ça passe trop vite, donc c’est bon, on va créer notre truc.

Pourquoi avez-vous choisi de faire de l’improvisation ? » 

Jeanne Moulard : Les Cours Florent organisent des portes ouvertes pour montrer les différentes options aux premières années. J’avais assisté à une démonstration d’improvisation et j’avais adoré. Je m’étais dit que ça avait l’air de faire trop peur mais que je voulais y aller. La liberté est immense sur scène, on peut tout faire et jouer avec d’autres comédiens improvisateurs.

Élisa Tuzzolino : C’est surtout Jeanne qui m’a donné envie de faire de l’improvisation. Elle me racontait : « On a fait ça, on a fait ça, on a fait ça » donc j’ai fait. C’était compliqué au début, à la fin des improvisations le professeur disait : « Voilà donc ce qu’Élisa a fait c’est vraiment ce qu’il ne faut pas faire ».

Comment se passe la création d’une de vos représentations ?

Les Tricheuses : On prévoit les thèmes précisément une à deux semaines à l’avance. Grâce à notre spectacle de l’année dernière, celui de cette année est rodé. On sait quelle catégorie d’improvisation on va garder et pour quel spectacle, c’est hyper rapide. On se retrouve, on se met d’accord sur les impros et leur ordre en fonction du temps qu’on a. On va alterner les énergies. Par exemple, pour faire respirer le spectacle on fait une impro où on parle debout devant le public, en étant statique et ensuite on va faire une impro de corps. On sait qu’un maître de cérémonie va annoncer « Change » mais on ne sait jamais ce que nous serons ou ce que nous feront, c’est là que l’impro commence vraiment. La nouveauté de cette année est qu’on a décidé de rajouter une petite chorégraphie qui ouvre et qui clôt le spectacle.

Vous formez un duo mais vous invitez parfois d’autres comédiens, qu’apportent-ils selon vous à votre spectacle?

Le public. Ils font venir leurs potes, leurs proches et leur public. Ce sont les copains, de toute façon il n’y a pas de concurrence en impro. C’est une manière de jouer avec d’autres personnes, de nous mettre en danger et de participer encore plus à l’exercice d’improvisation. Par exemple, nous n’avions jamais joué avec certains de nos invités. Avant, il y avait plein de gens avec qui on avait envie de jouer mais nous n’avions pas l’occasion, en créant Les Tricheuses on a créé cette occasion. Puis on alterne : une date on va jouer que toutes les deux et la date d’après on va être quatre sur scène, ça permet de faire des improvisations qui sont moyennement faisables à deux quand on a besoin de beaucoup de personnages. Donc c’est rapporter de la fraîcheur, faire de nouveaux exercices, ramener un public et se faire kiffer.

Pourquoi avez-vous choisi d’être plus présente cette année sur les réseaux sociaux ?

À la base, Jeanne stressait car cette année on joue deux fois plus et dans un théâtre, donc les places sont payantes alors qu’avant elles étaient gratuites. Elle voulait faire de la pub du coup on a partagé en se disant « bon si ça peut ramener quelques personnes tant mieux « . Ce qui nous a donné l’idée c’est des humoristes, en particulier les Shootimpro, qui postent des extraits d’impro de leur spectacle sur les réseaux sociaux. Ils se permettent de le faire car c’est de l’impro : ça ne spoil rien du spectacle et en même temps ça montre l’énergie. À la base on sortait des petits réels de nos spectacles sur Instagram, nous n’avions pas Tiktok. Ensuite nous n’avions plus rien sous la main et on ne jouait pas avant quelque temps mais il fallait rester régulière. Donc on a testé, on se balade et on fait un « change » juste en se racontant un truc et on l’a posté sans grande conviction. Tu postes un truc, tu dis  » ça va percer  » mais pas tant et puis tu postes un autre truc et là ça explose. Un ras de marré : le nombre de commentaires, de likes, de vues et d’abonnements, c’était un truc de fou. On a réussi à importer sur les réseaux le concept.

Le concept « Change » est beaucoup repris sur les réseaux sociaux, comment expliquez vous la popularité de l’improvisation ?

Les gens nous disent « wow elles sont hyper réactives, moi j’oserai jamais » et en même temps ce concept est facile à refaire. Il suffit de se filmer, de se raconter un truc. C’est un peu l’exercice le plus simple à reprendre dans la vie quand on ne fait pas d’improvisation ni de théâtre. L’impro c’est impressionnant mais pas inaccessible, n’importe qui peut le faire, en particulier le « change » et ce sera drôle. Ce sont les moments d’improvisation avec le public que les gens partagent, ce ne sont pas les pièces de théâtre. C’est très vivant et l’échange avec le public est très présent. On pense que l’impro prend une ampleur de plus en plus grande et tant mieux.   

Réseaux des Tricheuses : Instagram et Tiktok

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