Entre les Mailles, les Aiguilles et le Café : Interview avec le Club Crochet Tricot Paris

Mariia ZELENINA | Fondé en juin 2024, le Club Crochet Tricot Paris compte déjà quatre mille followers sur Instagram et plus de vingt rencontres entre les amateurs de la couture dans la capitale : depuis les parcs et les cafés jusqu’aux salles de cinéma. Nous avons parlé avec les fondatrices de l’association pour en savoir plus sur la création et les projets de leur Club, le phénomène de crochet et sa valeur aujourd’hui. 

Votre club rassemble des personnes d’âges, d’occupations et d’origines différentes mais avec une passion commune pour le crochet et le tricot. Est-ce que vous pouvez parler de votre parcours personnel outre le crochet ? 

Alice : Je m’appelle Alice, j’ai vingt-sept ans et je suis actuellement au chômage depuis septembre. Sinon je travaille dans la promotion de la santé, plus particulièrement, je gère des projets de prévention à destination des jeunes.

Avril  : Je m’appelle Avril, j’ai vingt-cinq ans. Je suis également au chômage, ce qui est très utile pour l’organisation. Mais peut-être bientôt je commencerai à travailler dans la maroquinerie. J’ai aussi travaillé dans une mercerie.

Alice à gauche, Avril à droite. Photo de Club Crochet Tricot Paris

Qu’est-ce qui vous a amenées à découvrir le crochet ?

Avril : C’est une amie qui me l’a montré. Elle m’avait donné un crochet et de la laine pour m’occuper quand j’étais chez elle : j’ai fait une écharpe qui est très moche mais elle existe toujours. Juste après ça, je suis allée vivre chez ma grand-mère en pleine campagne : il ne s’y passe rien et je n’avais rien à faire à part de crocheter et réviser pour passer mon permis de conduire. Et j’ai fait une couverture de 2 mètres très rapidement ! En revanche, j’avais essayé de me lancer avec des tutos YouTube pour le tricot mais j’ai fait n’importe quoi. À ce moment-là j’avais la chance de travailler dans la mercerie, et c’est grâce à cet échange que j’ai appris à tricoter. Donc je trouve que les tutos sont formidables, c’est une chance incroyable de les avoir maintenant, mais rien n’équivaut la transmission de personne à personne. 

Alice : Moi aussi, j’ai appris à crocheter avec un tuto YouTube : j’avais fait un couvre-boîte de mouchoir de carton qui était près de mon lit et que je trouvais moche. J’ai juste tapé “boîte à mouchoirs do-it-yourself” : à la base il n’était pas du tout la pratique que je cherchais mais la fonction. Et sur le côté personnel, c’était le moment où mon père est décédé et j’étais dans une période d’un deuil assez difficile. Je sentais que le crochet me détendrait et me permettait aussi d’être avec ma tristesse et d’être au courant avec moi-même. Ça m’est arrivé au bon moment. Puis, 6 mois après avoir commencé, j’en ai appris à ma sœur. Je pense que c’est ça aussi qui m’a accroché dans la pratique – le fait de le transmettre assez rapidement à quelqu’un d’autre. 

Vous vous êtes rencontrés dans une mercerie. Comment ça s’est passé? 

Avril : C’est trop mignon, j’adore cette histoire ! Je travaillais dans une mercerie où c’est nous les vendeuses qui faisons tout parce que les clients ne peuvent pas toucher quoi que ce soit. À un moment, Alice vient récupérer de la laine pour finir son projet et elle m’explique qu’elle a un grand écheveau de fils qu’elle ne peut pas mettre en pelote parce qu’elle n’a pas les outils nécessaires. Je lui disais qu’elle pouvait venir jeudi matin, tôt, pour que je l’aide et on a scellé d’amitié autour d’un écheveau. En plus, Alice est trop mignonne : elle arrive le matin avec une brioche et un petit marque-pages qu’elle a fait à la main ! 

Alice : On a aussi beaucoup parlé de cette idée d’ouvrir un Café Crochet Tricot parce que chacune de notre côté avait ce fantasme d’ouvrir un lieu qui pourrait réunir du monde autour du fil et en même temps, on pouvait aller prendre un café. Puis, au mois de juin c’est moi qui a dit, « Ah mais t’es pas chaud qu’on lance un club? » On a vu sur Instagram qu’il y en avait par ailleurs en France et dans le monde mais il n’y en avait pas sur Paris. Et le premier meetup était le 29 juin.

Est-ce que vous vous souvenez des quelques noms du club dont vous avez pensé mais que vous n’avez pas utilisés finalement?

Alice : Au début on avait fait un brainstorming et on a noté les grands noms comme Bobine et Écheveaux pour réussir à trouver un point commun entre la broderie, le tissage, le tricot et le crochet. C’était trop compliqué et on a été hyper factuelles.

Avril : Oui, mais on s’est arrêté sur un nom ultra clair : Club Crochet Tricot Paris, ce qui nous aide beaucoup, les gens nous trouvent très bien.

Alice : Il y a d’autres clubs pour les gens qui sont moins sur les réseaux sociaux, par exemple, Le Paris Tricoté. Mais généralement ils se rencontrent une fois par mois et en soirée. C’est ça aussi, nous voulions nous démarquer en faisant des rendez-vous les week-ends.

Est-ce que le début était difficile? 

Avril : Le premier meet-up, il y avait moi, Alice et une amie à moi qui ne crochète ou tricote pas. Mais elle a bien soutenu le truc et elle a filmé la première vidéo. Après, on a commencé en été pendant les JO quand il y avait plein de gens qui n’étaient pas à Paris.

Alice : Je ne me suis pas trop sentie découragée. On savait que ça allait prendre du temps, et on continuait à avoir une rigueur de poster sur Instagram régulièrement, ce qui a été difficile par contre. C’est plutôt quand ça a grossi qu’on a commencé à avoir des problèmes de structuration : maintenant on a des bénévoles et le groupe WhatsApp avec 600 personnes. Là, on se rend compte au fur et à mesure qu’on on ne peut pas tout faire seules et que l’aspect mental est important. On ne veut pas arriver à un burn-out associatif et il est donc important pour nous de prendre soin de nous-mêmes aussi.

Avril : On a créé le club parce qu’on voulait connecter avec des gens qui ont les mêmes centres d’intérêt que nous mais on voulait toujours le faire d’une manière très bienveillante, saine, chill. On ne voulait pas perdre notre âme et que ça devienne un truc pour gagner de l’argent. Contrairement à d’autres clubs, on n’est pas des influenceuses tricot, donc on ne fait pas de la pub pour nos patrons. Le but est de connecter les gens parce que le tricot et le crochet peuvent être très solitaires, donc on essaie de rafraîchir ça.

Alice : C’est vrai qu’il y a beaucoup de monde qui crochète et tricote tout seul chez soi. Et là, on arrive à offrir un espace où des gens se retrouvent, il y a des amitiés physiques qui se fondent, il y a des couples et des histoires amoureuses. On en est super fières !

Qu’est-ce que avez envisagé comme fonction principale de votre club ?

Alice : Pour que les gens puissent se rencontrer, se détendre, déstresser, parce qu’on se rend compte qu’on a des personnes qui peuvent être un peu introvertis ou qui ont des problèmes d’anxiété. J’ai l’impression que certes, il y a des profils et métiers très divers, mais il y a un truc commun qui est le sentimental “pas ouf”.

Avril : Pour des personnes qui sont peut-être anxieuses de rencontrer d’autres gens, c’est automatiquement un sujet de conversation, ce qui est ultra rassurant.

Alice : Et on n’a pas besoin aussi de toujours se regarder dans les yeux, on peut être immergé dans notre projet.

Avril : En plus, c’est ce que les gens qui ne crochent pas ne comprennent pas : parfois quand on tricote on a besoin de compter nos mailles. C’est ce qu’il est écrit sur notre profil Instagram, “Un club où compter tes mailles en plein milieu d’une phrase, c’est normal”.

Alice : Il y a d’autres intérêts aussi, par exemple, de pouvoir échanger sur la pratique en tant que telle et d’augmenter ses compétences, car on apprend beaucoup de la part des autres.

Avril : Parce que la plupart des gens qui viennent au club ont appris à crocheter sur des tutos YouTube tout seuls. Et sur maintenant notre groupe WhatsApp, il y a les conseils crochet-tricot et il me semble que ça marche bien avec les gens.

Vous avez commencé par les rencontres dans les parcs parisiens, puis vous l’avez déplacé dans différents cafés avant l’installation hivernale au café Remontalou dans le 12ème. Quels sont les défis logistiques ou organisationnels auxquels vous avez été confrontés ?

Avril : On avait commencé dans des parcs, parce qu’on ne savait pas combien de personnes allaient venir et on ne pouvait pas réserver. C’était agréable, de faire un petit pique-nique avec un goûter. En plus, on voulait aussi bouger dans Paris.

Alice : On avait vraiment envie d’être à plein d’endroits différents pour qu’ils soient accessibles en fonction des quartiers, des banlieues. C’était vraiment important pour nous : c’est encore la valeur de l’inclusivité qu’on essaie de mener.

Avril : On a commencé par un départ quand on pouvait, et après, par exemple un jour il pleuvait, et on a dû se réfugier dans un café à Belleville. Mais après, on s’est rendu compte qu’avec l’hiver, on ne peut certainement pas être dans des parcs et on essayait de trouver un endroit. Au début, on réservait pour 20 personnes dans un café.

Alice : C’était déjà compliqué parce que de plus en plus de cafés ou de bars nous demandaient des accords. Ils n’étaient pas chauds parce que finalement si personne ne vient, pour eux c’est une grosse perte de chiffre. 

Photos de Club Crochet Tricot Paris

Avril : En plus, quand on tricote, on prend peu de consommation sur très longtemps, ce n’est pas rentable. Et un jour, par hasard, on était censés aller au Grand Contrôle, mais à cause d’un événement (enfin, grâce à), il n’y avait pas la place et on s’est “réfugiés” au Remontalou qui est juste en bas de 20−30 mètres. Et c’est les serveurs qui nous ont dit : “Si vous voulez refaire ça tous les dimanches, ça nous va”. Les gens du Remontalou sont adorables, ils sont très gentils avec nous et nos participants, ils sont là pour nous soutenir, nous aider et il y a nos affiches sur la porte !

Photos de Club Crochet Tricot Paris

Alice : Il y a de la bienveillance. On a eu trop de chance parce que c’est un café qui n’était pas trop rempli dimanche après-midi, c’est pour ça que ça les a arrangés. Et je pense que même si on continue encore de grossir, il y aura encore de la place. C’est aussi l’avantage.

Avril : Oui, et en plus le chocolat chaud est très bon !

En novembre, vous avez lancé une nouvelle initiative, Les Ciné-mailles, l’idée est de tricoter en regardant un film. Quelles sont vos ambitions pour le club dans l’avenir? 

Avril : On a eu beaucoup de chance.

Alice : Quand tu articules tout ça, c’est vrai qu’on a eu beaucoup de chance avec Le Remontalou et les Ciné-mailles. Notre goal idéal d’un jour c’était de réussir à faire des séances de tricot pour le show du cinéma: ça se fait en Australie, au Danemark. On regardait ces réels, c’est trop stylé. Et en fait c’est le studio des Ursulines, le cinéma, qui nous a contactés, ils nous a envoyé un DM en disant « Hey, on aimerait bien faire ça! ».

Avril : Et il y a deux événements qu’on veut faire en janvier-février. L’un est un concert avec un guitariste ou un pianiste dans un café associatif. Et l’autre sera autour de la lecture : soit des livres audios, soit ce sont des bénévoles qui se relaient pour une lecture à voix haute pour remplir l’espace pendant que les autres écoutent et qu’on change.

Alice : Un moment touchy et doux, je pense. En fait, c’est le fil conducteur de tous nos événements : au Ciné-mailles, le dimanche après-midi. On crée des espaces de douceur et de repos, il y a de la connexion, du lien social, mais il y a aussi beaucoup de calme. Notamment, après les deux premières séries du Ciné-mailles, on a senti et il y a des personnes qui nous avaient dit ça aussi, que les gens s’étaient hyper reposés, que c’est comme si c’était un dimanche soir. Pour les événements futurs, on a cette ambition de continuer à créer du confort, du repos.

Vous participez aux actions bienfaisantes, par exemple, le projet Yarnbombing de Festival du Mouton Ivre avec une objectif tricoter 1000 carrés pour une fresque pour recouvrir l’horloge à Gensac. Quel est l’intérêt de participer à de telles actions ?

Alice : Je pense qu’on a des valeurs d’engagement social communes. Puis, j’ai l’impression qu’on crochète beaucoup pour soi ou pour nos proches et le faire pour des personnes précaires ou des personnes en besoin, ça ajoute un impact social important. Moi, je travaille dans la prévention, donc les projets sociaux avec un impact sur la qualité de vie et le bien-être des gens, c’est mon métier. 

Avril : Oui, d’ailleurs, on a d’autres initiatives qu’on aimerait bien aborder. Les gens aiment bien tricoter leurs propres projets, et les pousser à faire des trucs pas pour eux-mêmes est parfois compliqué. C’est pour ça que les meet-ups dédiés aux événements spéciaux ne sont jamais obligatoires. Pour YarnBombing, c’est plus un truc collectif, il n’y a pas de but social. C’est juste pour le fun. Par contre, les Petits Bonnets – c’est pour se battre contre la solitude des personnes âgées. 

Alice : Mais c’est vrai que dans les ambitions du club, on a envie de faire plus de projets sociaux, même si pour l’instant on n’a pas des choses définies. Pour les rencontres et du Ciné-mailles de juin, on veut faire un partenariat avec une association LGBT. 

Avril : On a plein d’ambitions.

Alice : On commence à avoir une petite commune avec une petite bénévolat qui peut justement prendre le relais sur certaines choses et on est sur la période de structuration. 

Avril : Oui, parce qu’on est une association officielle depuis pas très longtemps !

Alice : Ça y est, on est association de loi 1901, enregistrée au registre, on est officielle. 

Avril : Sous le nom très innovateur de Club Crochet Tricot Paris.

Il y avait un regain d’intérêt pour le crochet ces dernières années surtout pendant le Covid-19 sur les réseaux sociaux. Pourquoi, selon vous ?

Avril : Ça revient, et c’est vraiment très agréable. Je pense, c’est parce qu’il y a cette envie de créer ses propres vêtements, en partie pour ne pas être liée trop à la fast fashion. On la couture qui reprend beaucoup ainsi que le crochet et le tricot : il y a des gens qui cherchent des vêtements dans les fripes pour les recoudre à leur taille. Quand je travaillais dans une mercerie, on voyait de plus en plus de gens, de jeunes surtout, qui voulaient se remettre au crochet et au tricot. 

Alice : Puis, je trouve qu’il y a aussi une volonté féministe qu’on retrouve dans cette idée de se réapproprier un art qui a été stigmatisé. Même encore aujourd’hui, c’est vu comme un truc des grand-mères.

Avril : C’est vrai que les gens qui font du crochet et du tricot sont rarement des gens qui vont en boîte. 

Alice : Mais ça peut. En revanche, ma grand-mère ne comprend pas du tout le fait que je fasse du crochet. Parce qu’elle était obligée de faire du crochet et du tricot, car elle n’avait pas d’autre moyen de s’acheter des vêtements. C’était aussi l’image de “bonne femme” qui fait du tricot devant le feu de cheminée. Et elle a l’impression qu’il y a une régression dans les droits des femmes. Pour elle, c’était subi, pour moi, c’est choisi, ce n’est pas la même chose.

Avril : Puis, il y a des personnes très intéressantes dans le club qui ont étudié ce métier, parce que c’est un artisanat, sauf que vu que c’est un artisanat historiquement plus de femmes, il est moins valorisé que des émérites qui travaillent le bois, ou les tailleurs de pierres, ou tout qui sont des “métiers d’hommes”. Je vais généraliser, mais les projets de femmes comme la tapisserie, la broderie, le tissage, la couture sont souvent moins valorisés comme un art, comme un savoir-faire, comme un travail, alors que c’est beau. En plus, j’ai appris récemment, que le tissage est le précurseur du codage (ndr. par exemple, le métier Jacquard à tisser est considéré comme l’ancêtre de l’ordinateur) !

Selon vous, quel est le meilleur aspect du crochet et tricoter ? Également, est-ce qu’il y a des côtés négatifs dans cette activité ?

Alice : Pour les côtés positifs : se détendre, se concentrer sur ses mains et être moins sur les écrans

Avril : Après, je regarde une série en tricotant…

Alice : Oui, mais des fois des gens regardent une série et sont sur leur téléphone en même temps, c’est une double association. Et au moins avec le crochet, on regarde la série, mais on n’est pas sur son tel et on est sur ses mains.

Avril : J’adore avoir les mains occupées ! Et pour les aspects négatifs, on risque la tendinite. C’est important de s’étirer pendant une longue session. Sinon je ne vois pas trop d’autres inconvénients, sauf dépenser toute sa tune en achetant de la laine.

Alice : Oui, c’est très cher. C’est un peu quand tu fais du badminton : tu achètes toutes les deux semaines des nouvelles pelotes.

Avril : En plus aucune tricoteuse que je connais a assez chill pour pas craquer et acheter plein de trucs. 

Est-ce que vous pensez qu’un jour le crochet peut devenir une profession réelle ? 

Avril : J’ai une amie qui est artiste-auteur, elle fait des patrons de tricot, mais ce n’est pas facile à gérer. Elle est quand même obligée de faire des petites taffes à côté. Il y a des gens qui font des pop-ups pour vendre des projets de crochet, mais la clientèle veut rarement dépenser autant d’argent pour ces trucs. Ils ne comprennent pas qu’il y a les matières premières qui sont chères, il y a le savoir-faire, et il y a le temps que ça prend, parce que c’est ultra long. Il y a des machines à tricot qui accélèrent un peu le travail, mais tu ne vas jamais très vite avec une machine. Même si on se payait le SMIC horaire pour un projet, ce n’est pas suffisant. Par exemple, la couverture que j’ai faite pour ma maman, elle est d’ultra bonne qualité, mais rien que le fil a coûté plus de 300 euros. Et j’ai dû faire plus de 200 carrés, à 15 minutes le carré, plus la couture, plus le blocage… Ça prend énormément de temps. 

Alice : En revanche,  j’ai pu voir différents parcours comme ceux de crocheteuses et tricoteuses qui ont travaillé dans le monde du luxe : notamment pour Schiaparelli ou Balenciaga. On sent que ça revient à la mode, et peut-être qu’il y a des professions comme ça dans le luxe, mais ça reste très limité, les places sont rares et difficiles à avoir.

Avril : Et d’ailleurs, il faut faire attention : oui, il y a des machines à tricot, mais il n’existe pas de machines à crochet. Donc dans le fast fashion, si vous voyez des objets faits au crochet, ça peut être vraiment de l’exploitation.

Et est-ce que vous avez des conseils pour les gens qui commencent à crocheter et à tricoter ?

Avril : Il faut essayer, parce qu’on ne peut pas savoir si ça nous plaît. Particulièrement, je trouve que parfois, on a envie d’acheter plein de fils tout de suite, des outils super bons, mais ce n’est pas la peine. Ce qui est merveilleux pour le crochet et le tricot, c’est que tu peux défaire un projet. Donc, tu achètes une pelote d’acrylique, un seul crochet qui va aller avec la taille de ton fil, et des couleurs pas foncées, parce qu’on n’en voit pas. Et il faut le faire avec bienveillance, il ne faut pas avoir peur de se rater et de défaire. Une fois qu’on maîtrise la technique et les points principaux, on peut faire ce qu’on veut.

Alice : Je préférais aussi commencer soit avec quelqu’un qui peut vous initier, soit en suivant des cours, en payant une initiation dans des merceries à Paris, il y en a.

Avril : La Textilerie font des intros chez eux.

Alice : La Cadette aussi. Ou alors, de commencer par une vidéo sur YouTube où on peut voir les gestes des mains et les répliquer, parce qu’il y a des personnes qui commencent avec des kits Amigurumi (ndr. l’art japonais du tricot ou du crochet d’animaux et de créatures anthropomorphes) et je trouve que c’est super dur, parce que c’est la sphère et surtout, c’est du patron écrit. Quand on commence, on a besoin d’avoir un exemple de geste de main et donc il faut de la vidéo ou de quelqu’un qui nous montre directement.

Avril : Les Amigurumis sont très mignons mais ils ne sont pas faciles pour un premier projet. 

Alice : Sinon ça va nous frustrer et après on lâchera le truc, on l’abandonnera.

Avril : Et c’est dommage parce que c’est facilement évitable si on ne se met pas la pression. Le premier projet va être moche, c’est la vie. Ma première écharpe est moche, mais on en est très fiers, on aime cette première écharpe. En plus, je vois que tous mes projets sont de plus en plus de qualité. 

Alice : Je trouve ça hyper satisfaisant de se voir évoluer ! On en tire une belle estime de soi. 

Avril : Et quand on est dans la rue et qu’on nous dit “j’adore ton pull”, on peut dire “c’est moi qui l’a fait”.

Merci d’être venues nous parler ! Aimeriez-vous ajouter quelque chose pour conclure ?

Avril : Juste qu’on est contentes d’accueillir tout le monde au club, et que s’il y a plus de monde, on va s’adapter.

Alice : Et qu’on est ouvert aux bénévoles aussi, à toute aide, toute idée, tout projet. 

Avril : Parce qu’on a envie de grandir, d’évoluer pour créer cette communauté et relier les gens !

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