« Non, je suis pas fou, je vais pas chez le psy. »

Anouk Dimitriou & Julia Bartolini | L’entrée à l’université marque souvent un tournant dans la vie des jeunes. Le travail s’accumule, la charge mentale et la pression aussi. Pourtant, à la base de la réussite scolaire, le bien-être psychologique est rapidement éclipsé. Les chiffres publiés dans le rapport mensuel de Santé publique France vont dans le sens de ce constat : le nombre de jeunes pris en charge par les urgences pour troubles anxieux ou dépression est en hausse depuis ces dernières années. Alors, face à la nécessité de prendre en charge sa santé mentale, les étudiants s’expriment et découvrent une nouvelle alternative : Nightline.

@Nightlinefrance sur Instagram le 7 septembre 2020

« À notre âge, ça se développe beaucoup, ça se démocratise au sein des gens. On en parle entre copines mais pas assez avant et surtout pendant les études supérieures » confie Cécile, 21 ans. Si les jeunes remarquent que la santé mentale prend plus de place dans les débats de leur génération que dans celle de leurs parents, la prise en charge de celle-ci n’est toujours pas optimale en 2025. Elle peut même parfois devenir une nouvelle source de stress.

S’occuper de sa santé mentale est tout d’abord une question de moyens. La précarité étudiante est souvent le premier obstacle cité par les interviewés : « Quand tes parents te paient déjà ton loyer, tu te vois mal aller demander ‘coucou papa, maman, est-ce que vous pouvez me payer une séance de psy à 60 euros ?’ et c’est normal ». En effet, une séance de psy coûte en moyenne entre 40 et 120 euros à Paris. Un montant qui peut vite devenir « impossible » pour les étudiants. 

Cependant, avant de penser à aller voir un psychologue, il faut être conscient d’en avoir besoin. De nombreux étudiants ne se sentent simplement « pas légitimes » et déclarent ne pas avoir de « vrais soucis ». Ils préfèrent donc garder leurs problèmes pour eux ou se confier à des proches. « Il devrait y avoir plus de communication sur le sujet », déplore Bartholomé, 21 ans. De nombreux étudiants s’accordent en effet à dénoncer un manque cruel de communication, notamment sur les nombreux services à leur disposition. Séances gratuites avec des psychologues au sein de l’université ou stands de prévention lors de la semaine de la santé, les dispositifs à l’université sont multiples. Cependant, ils ne sont pas connus par les jeunes.

Et, quand on a entamé ce parcours du combattant, une autre difficulté s’impose : la disponibilité. Révisions, devoirs maison ou parfois cours jusqu’à 21h : un emploi du temps étudiant laisse souvent très peu de temps pour trouver un rendez-vous. « Va trouver un psy après 18h », signale Cécile. De plus, certains étudiants sont forcés de travailler à côté de leurs études. Il devient alors impossible de trouver du temps pour consulter.

Nightline : une révolution pour les étudiants

Pour répondre à cette demande, un service d’écoute par et pour les étudiants a été créé en 2016 : Nightline. À l’origine exclusivement localisé en Irlande, il s’est par la suite implanté en France grâce à l’action d’un étudiant irlandais venu faire ses études en France. Ce service gratuit, anonyme et surtout confidentiel est actif entre 21h et 2h du matin. Le concept est simple : chaque étudiant peut appeler ou envoyer un message pour être mis en relation avec un bénévole. Et qui se cache derrière le téléphone ? Des étudiants aussi ! Ces derniers, anonymes, reçoivent une formation dispensée par des bénévoles expérimentés et sont eux-mêmes suivis par des professionnels.

« On a tous une santé mentale et c’est important de le dire aux étudiants ». Comme le souligne Kyliana, 18 ans, en service civique chez Nightline, la santé mentale étudiante devrait être une priorité. Grâce à la méthode du dialogue non directif, les bénévoles placent l’écoute au centre de leur action. Leur mission n’est pas de pousser l’étudiant de l’autre côté du téléphone à aller consulter un spécialiste (sauf si demandé explicitement) mais plutôt d’offrir leur temps ainsi que leur attention afin de peut-être permettre à l’étudiant de se sentir moins seul. Au-delà de la santé mentale, l’association lutte aussi contre l’isolement étudiant. 

Écouter les étudiants mais surtout les renseigner 

À côté de la plateforme d’écoute et du chat, Nightline met aussi à disposition des jeunes un “kit de vie” sur leur site internet. Pensé et créé par des professionnels, ce dispositif se compose d’astuces, de conseils pour mieux gérer ses émotions sur le moment ou sur le long terme, comme par exemple, le stress avant un examen. Il est de plus personnalisé pour chaque profil car l’étudiant remplit un questionnaire qui permet de définir précisément ce dont il a besoin. “Car la santé mentale, ce n’est pas que négatif. Tout le monde en a une et doit apprendre à s’en occuper” rappelle Kyliana. 

Et si les jeunes veulent approfondir leur connaissance autour de la santé mentale, Nightline organise également de nombreux ateliers. L’atelier de “la fresque mentale” propose par exemple un temps d’échange et de débat en confrontant ses participants à différentes situations pour connaître leurs réactions. Lever les tabous des étudiants autour de la santé mentale est un enjeu majeur pour l’association, selon Kyliana et Oumaima, représentantes de Nightline. Le dialogue instauré dans ces ateliers permet donc d’apprendre à communiquer autour de ces questions. 

Ce service est déjà mis en place dans plusieurs villes dont Paris, mais également Toulouse, Lyon, Angers, Le Havre et bien d’autres villes. Il se développe de plus en plus et pourrait bien devenir une aide indispensable pour le bien-être des étudiants. Pour toutes informations complémentaires sur leur site Internet https://www.nightline.fr/ ou sur Instagram @NightlineFrance. 

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