Lavinia BALINT | À la croisée du cinéma, du théâtre, de la spontanéité et de l’amitié, naît Café Froid, un podcast porté par une voix jeune, initié par un groupe d’étudiantes (Elise, Anouk, Bérénice, Manon, Mell et Mathilde) passionnées d’art, mais aussi des conversations à ce propos. Dans un monde culturel souvent perçu comme inaccessible ou élitiste, les filles de Café Froid construisent un pont entre les publics et les créateurs, entre l’émotion et l’analyse, entre l’intime et le collectif.

Né de « conversations qui auraient eu lieu de toute façon », Café Froid est un projet imaginé par des étudiantes qui refusent d’attendre le « bon moment » et décident de créer leur propre espace d’expression et d’expérimentation. Dans un cadre éducatif largement théorique, elles ont ressenti le besoin de produire quelque chose de concret, de vivant, d’ancré dans le réel. Ce podcast devient leur manière de se positionner face au monde artistique et à leur avenir professionnel. Un véritable laboratoire parallèle où elles mettent en pratique ce qu’elles apprennent, mais surtout ce qui leur manque dans l’univers académique : une liberté authentique de s’exprimer, de créer, d’oser.
C’est un geste d’autonomie artistique. Une revendication d’un espace propre. Un refus de l’attente passive. Ce choix est en soi un acte de courage, une façon de valider leurs voix et leurs intuitions. Dans un paysage culturel à la fois saturé et ultra-sélectif, Café Froid devient un lieu où ces jeunes créatrices ne demandent pas la permission d’exister : elles se l’accordent elles-mêmes.
Tout comme la culture n’est pas un produit uniforme, leur podcast ne suit pas de structure rigide. L’équipe privilégie la diversité des thèmes, abordés avec une sensibilité particulière aux réalités sociales et politiques actuelles — des conflits internationaux aux questions de genre, d’identité ou d’environnement. La culture n’est pas détachée du monde — elle le reflète, l’influence. Le podcast assume pleinement cette dimension solidaire et offre à son tour, à travers cette plateforme, une voix aux jeunes créateurs.
Elles ne recherchent pas une forme figée, mais cultivent une liberté d’expression qui accueille l’erreur comme la surprise. Elles jouent avec les formats : chroniques de recommandations en fin d’épisode, vox pop dans l’espace public, interviews et discussions spontanées, sincères, où l’on perçoit une vraie curiosité et beaucoup de patience. « Nous avons la légitimité d’être au début. Et cela nous donne une grande liberté. »
Pour elles, il est essentiel de créer un espace de rencontre véritable. Un des objectifs de ce podcast est de faire descendre la culture de son piédestal. « On avait l’impression qu’on ne pouvait pas parler aux gens de l’industrie, qu’ils étaient inaccessibles, qu’ils ne nous prendraient pas au sérieux. Mais chaque fois qu’on a osé, on a été accueillies avec enthousiasme. » Le podcast devient alors un moyen de rencontrer la réalité derrière la scène ou la caméra. On y parle avec des réalisatrices, des actrices, des techniciens — pas seulement de ce qu’elles font, mais de comment elles le font, de leurs parcours, de leurs choix, de leurs peurs et de leurs joies. C’est une façon pour elles d’apprendre, mais aussi de transmettre. « Voir une personne en face de soi, comprendre qu’elle est humaine, qu’elle est aussi partie de quelque part… c’est une leçon qu’aucun cours ne t’enseigne. » Ce désir profond de démystifier le monde artistique, de le rendre plus humain, plus accessible, plus… possible, est au cœur de leur démarche.
Au-delà du contenu, Café Froid fonctionne comme un journal vivant d’une génération en quête de voix. Ce qui fait la force de Café Froid, ce n’est pas une forme figée — toujours en expérimentation — mais l’intention. Elles ne font pas ce podcast pour être validées, mais pour comprendre le monde. Pour partager des idées. Pour créer. Pour apprendre autrement.
Le projet Café Froid est aussi un exemple d’équilibre entre engagement individuel et cohésion de groupe. Les décisions se prennent ensemble. Chacune a un rôle différent — communication, montage, prise de contact avec les invité·es — mais tout est validé collectivement. « Rien ne se fait sans l’accord des autres. » Cette forme de collaboration égalitaire est au cœur du fonctionnement du podcast.
Elles ont exprimé leur préférence pour une évolution organique du projet, tout en maintenant l’idée d’un espace de convivialité, d’échange et de dialogue réel, sincère.
Quand on leur demande à quoi ressemblerait Café Froid si c’était un lieu concret, elles imaginent un espace ouvert, chaleureux, avec des canapés, des livres, de la musique live, des projections, des discussions — un lieu vivant, accueillant, animé à toute heure, dans chaque recoin. Une utopie culturelle accessible, où chacun·e se sent le·a bienvenu·e, peu importe ses connaissances ou son statut.
Peut-être que ce rêve est en réalité le vrai cœur du projet : Café Froid n’est pas seulement un podcast, c’est une utopie en construction. Un espace qui prend forme épisode après épisode, voix après voix, rencontre après rencontre. C’est, en essence, la vision qui l’anime : créer un lieu — même virtuel — où la culture ne fait pas peur, mais accueille.
C’est un projet jeune, vulnérable, mais fort par son authenticité. Il ne cherche pas la viralité, mais la pertinence. Il veut toucher les auditeur·rices, même celles et ceux peu attiré·es à priori par le champ culturel. Ce qui a commencé comme un geste personnel aspire désormais à devenir une voix collective qui inspire.
Le podcast Café Froid est disponible sur Spotify et Deezer.
