Justine GAUTIER | En cette fin d’année universitaire, une envie d’avancer des idées pour l’année suivante émerge déjà, discrètement mais sûrement :”Et si je rentrais dans une autre association ?”. Envie d’une association centrée sur les débats, les questions d’ordre philosophique et la découverte ? Voici une association qui mérite une considération : l’Opium Philosophie. Je m’occupe de vous présenter cette association par l’interview d’une des adhérentes.

Présentez-nous votre association
“C’est une association de philosophie visant à joindre la philosophie avec différents domaines au-delà de l’université, créée en 2011 par les étudiants qui voulaient dépasser cette philosophie universitaire, le cadre académique, entre explication de texte et dissertation. Cette association vise à dépasser cela afin de la rendre attractive et accessible. Le but était de créer un espace d’échange et d’expression philosophique. Chaque année il y a un nouveau pôle qui s’est créé : le plus récent c’est le pôle esthétique visant à joindre la philosophie à un cadre artistique comme des expositions. Opium signifie “ordre” en philosophie. C’est la première association de philosophie étudiante inter-universitaire à Paris.”
Comment y entrer ?
“Il y a un appel à la rentrée pour la rejoindre, en septembre en général : il y a un formulaire où on choisit un pôle sur lequel s’intéresser et si tu es déjà dans l’association, tu peux contribuer à un autre pôle. J’aimerais bien rejoindre le pôle esthétique, personnellement. Donc, au début tu choisis deux, trois pôles puis tu passes des entretiens avec les responsables des pôles en question. J’avais eu un entretien avec le responsable du pôle discussion où on faisait des ateliers, des débats, des cafés philo, etc… où on va répartir les rôles au sein du pôle. On peut être chargé de communication dans un pôle qui n’est pas la communication.”
Donc il est possible de contribuer à plusieurs pôles ?
“Oui. Même si le mieux au début est de se concentrer sur un pôle sinon c’est beaucoup de travail, tu peux contribuer à un autre pôle voire associer deux pôles dans ton activité. Il va y avoir le 29 avril le prochain ciné club où il y aura un débat avec la cheffe d’orchestre. Il y a également une cotisation de 10€ annuelle. Et une petite somme à dépenser pour les voyages par exemple (Voyage à Berlin : 50€).”
Combien de temps accordes-tu à cette association ?
“Si on a un projet, on peut passer un ou deux jours par semaine pour le préparer. Le dernier que j’avais fait avec notre pôle, on était quatre, on avait préparé un atelier. On avait fait une réunion par semaine pendant deux mois. Je fais une double licence et j’ai le temps de faire cette activité. J’ai un pôle où on reçoit beaucoup de mails de collaboration donc on choisit en fonction de notre temps. On est très libre, on n’est pas obligé de faire quelque chose. Une fois par mois, par exemple, on a un apéro philo où on se réunit pour discuter. Comme il y a deux semaines où on parlait de Arman pour une collaboration. Le pôle plateau philo travaille avec des théâtres qui ont leur emploi du temps en avance, donc il a des horaires moins souples.”
Comment les thèmes sont choisis ?
“Par propositions : on en a éliminé quelques-unes et on a choisi des héroïnes pour cette année. Il y a plusieurs groupes WhatsApp par projets et pôles dont un où il y a tout le monde – et dans celui-là on a fait un vote.”
C’est quoi l’apéro philo ?
“Ce n’est pas très officiel, on se retrouve à Césure, on papote et on discute, c’est plus informel qu’une AG, il n’y a pas vraiment de thématiques, c’est surtout pour se rencontrer.”
Est-il nécessaire d’avoir énormément de connaissances philosophiques ?
“Non pas forcément : si tu veux faire un projet très spécifique c’est mieux ; par exemple, pour une conférence sur Bergson, c’est mieux de le connaître. Il y a également un membre qui a fait une conférence sur Louise Bourgeoise par exemple. Pour nous, la philosophie ce n’est pas des connaissances comme connaître Kant etc… c’est aussi la manière de penser comme l’atelier “Que peut le discours philosophique” à Nanterre qu’on a organisé avec des étudiants qui ne faisaient pas forcément de philosophie, on s’est concentré sur l’éloquence.”
Vous voyagez dans d’autres universités et d’autres lieux ?
“Dans le pôle discussion, on a en effet plusieurs ateliers comme ça. Par exemple, à travers une activité qui va se remettre en place avec l’association “Champs libre” : on va aller dans les prisons afin de discuter de philosophie là où on ne s’attend pas à voir de la philosophie : l’enjeu est de montrer que la philosophie est partout.
Les détenus sont réceptifs ?
“Si on le prépare bien oui. Normalement ils sont très réceptifs. Ils sont volontaires aussi.”
Et quand on est pas membre, comment ça se passe ?
“On a une sorte d’appels à projet, à contribution car on a une revue en papier imprimé où tu peux publier des articles, des poèmes et des œuvres d’art donc c’est plus large, à condition que ce soit autour du thème de l’année (cette année c’est “Héroïne”) et si c’est structuré par une réflexion philosophique. Évidemment on prend de notre temps pour assister aux événements qu’on organise, aux séances des films, à écouter les podcasts de Radio Opium (le thème c’est “Gossip”) ou regarder les vidéos de Opium TV.”
On peut assister à des cafés/ apéro/ conférences etc … sans être membre ?
“Parfois, il faut s’inscrire par mail et c’est normalement gratuit sauf pour le cinéma. Sinon quel est l’intérêt de partager la philo si c’est que entre membres ?”
Quels genres de films diffusez-vous ?
“Des films très artistiques. Le prochain est Le Destin, ce n’est pas tout le temps des films actuels. Accompagnés de débats avec des intervenantes comme des philosophes et cheffe d’orchestre.”
Quel est le meilleur souvenir ?
“Le voyage à Berlin ! C’était trop bien. J’étais dans le processus pour sélectionner un pôle et j’étais allée à l’AG où ils parlaient de ce voyage qui est devenu une réalité. Le bureau de Opium a organisé ce voyage, il fallait envoyer un abstract pour une petite conférence de 15 minutes. Vingt personnes sont parties à Berlin et on a donné des conférences à deux organisations allemandes. C’était drôle car j’étais allemande et j’étais “avec les français”. On avait deux jours de libres pour faire des sorties. C’était fin janvier de cette année. On a pu voir d’ailleurs les différentes éducations philosophiques : les Allemands étaient très dans la logique et les Français étaient plus dans le littéraire. Chacun préparait son sujet pour une conférence de 15 minutes, puis 30 minutes de discussion où on a beaucoup discuté et débattu. Je venais juste de rejoindre l’asso et je n’avais pas encore de projets. C’était un de mes premiers. C’était un sacré défi, surtout que j’étais parmi les plus jeunes. Mais ça c’était bien passé. Chacun a présenté ses sujets. On a pu voir nos membres dans “leur intelligence” et les sujets étaient très variés. Tout était en anglais.”
