De retour de Berlin

Patrizia de Lauretis, le 16/02/14
La première étape, c’est l’accréditation. En cela, le festival est assez généreux. Des larges contingents de pass étudiants sont garantis chaque année. Deuxième étape: le logement. Pour cela aussi, on ne rencontre pas des grandes difficultés, la ville est grande, bien connecté et à bon marché.
Le vrai défi, ce sont les queues interminables du matin. Oui, car pour accéder à ses billets, presque tout le monde (professionnels inclus) doit faire la queue au petit matin. Une longue queue s’étire sur la route dès les premières heures, alors que le ciel est encore noir et l’air froid gèle les mains. Mais cette queue est fascinante, et en faire partie risque de donner une certaine émotion. On est entouré de cinéphiles, tout le monde parle cinéma, décidant les films à voir le lendemain. Anglais, canadiens, espagnols, coréens… cinéphiles de tous les âges et coins du monde. Le temps s’écoule, le café réchauffe et le soleil monte dans le ciel.
Enfin, après deux heures d’attente, les portes s’ouvrent et la foule afflue lentement à l’intérieur du bâtiment. On en sort avec des billets à la main, qui promettent une journée pleine d’émotions. On prend rapidement un bretzel en se dirigeant vers la première salle, une de celles dispersées dans la ville. Chacune possède son propre charme, et toutes sont parfaitement fonctionnelles. Aux projections, on rencontre encore une fois le cinéphile d’à côté, mais aussi les réalisateurs après le Q&A. Cette année, on a pu rencontrer entre autres Nick Cave (20.000 days), Michel Gondry, l’équipe de Nymphomaniac.
Toute la journée continue ainsi, entre une salle et l’autre, avec des fragments de la ville à travers la vitre des métros. Sous le soleil, Berlin est magnifique, avec ses gratte-ciels futuristes, les vieux bâtiments de la Museum Insel, les canaux de la Spree et les parcs verts. Alternative et moderne, la ville pulse encore plus pendant le festival. Arrivés au soir, avec les yeux quelque peu brulants, une dernière bière concile le sommeil. On dort peu, mais magnifiquement. Comme lorsque notre mère nous racontait une fable avant de se coucher, les films de la journée nous bercent vers le sommeil. Bienheureux, remplis d’émotions, d’idées et de vie, on s’abandonne dans les bras de la nuit, dans un sommeil noir et profonde comme l’image entre deux photogrammes.
Pour en venir à la programmation, Berlin offre plus de 400 films dans les majeures catégories, des discussions ouvertes avec professionnels et historiens du cinéma sur des sujets thématiques, ainsi que beaucoup d’espace pour l’art vidéo (à la Berlinische Galerie). La compétition officielle offre des films qu’on verra en grande partie au cinéma, mais aussi de travaux venant de plus loin qui, bien que de grande qualité, resteront probablement moins accessibles. D’autres sections comme Panorama ou Forum proposent films de fiction, documentaires, expérimentales, premières œuvres ou artistes affirmés. Berlin offre une occasion imperdable pour tout cinéphile de se nourrir, pour quelques jours, exclusivement de cinéma. On en sort enrichi, avec une envie encore plus grande de continuer à découvrir le monde, cette fois en dehors de la salle.

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