Les thermes de Budapest

Victor Vagnier ∣ Retour sur mon voyage de quatre jours à Budapest. Surnommée « La Perle du Danube », la capitale de la Hongrie regorge de surprises et de monuments splendides. Le plus célèbre est sans doute le Parlement et sa colossale coupole, qui ferait passer Westminster pour une mairie de banlieue. Ne loupez pas le palais royal, juché sur les hauteurs de Buda (la zone de Budapest à l’ouest du Danube, celle à l’Est étant Pest), qui n’a rien à envier à Buckingham Palace. Le Bastion des Pêcheurs, la Basilique Saint-Étienne, la synagogue de Budapest (la plus grande en Europe), l’opéra national, la citadelle des Habsbourg, la rue Vaci, les nombreux musées, les marchés hongrois ou encore les fameux bars de ruine… Difficile d’évoquer tant de lieux remarquables en un seul article. Cependant si l’on devait retenir une seule bonne raison de visiter Budapest, il ne s’agirait pas de l’un d’entre eux. Le véritable joyau de la ville, ce sont les bains, ou thermes.

Petit retour en arrière : au cours de son Histoire, la Hongrie a subi la domination d’un grand nombre de pays et de cultures. En réalité, elle n’a connu que peu d’années d’indépendance. Les derniers siècles ont vu Budapest être dominée tour à tour par l’Empire Ottoman, l’Autriche, puis l’Union Soviétique jusqu’à la chute de l’URSS en 1991. Cette diversité se ressent particulièrement dans l’architecture et le paysage urbain, où les coupoles turques côtoient les bâtiments rigides de l’ère communiste.

Les romains, il y a 2000 ans, ont également contribué au développement de la ville. Après avoir remarqué la présence de nombreuses sources d’eau minérale, ils construisent des thermes sur le modèle de ceux qui existaient déjà à Rome. L’occupation turque à partir du XVIe siècle engendre la construction de bains à usage thérapeutiques, l’eau de Budapest possédant de nombreuses vertus médicinales. Aujourd’hui, les thermes font partie intégrante du quotidien des Budapestois et de nombreux établissement – dont certains sont par ailleurs des merveilles architecturales – attirent chaque année des légions de touristes. J’ai eu le privilège de me détendre dans deux d’entre eux : les plus incroyables de par leur immensité, leur splendeur et le bien-être qu’ils procurent.

Les thermes Gellèrt

Après avoir gravi le Mont Gellèrt, qui surplombe Budapest, il est de coutume de venir se détendre aux thermes Gellért, situés au pied de la colline. Alors que la nuit tombe, fatigué par la marche et gelé par le froid, je me décide à m’y rendre. Le hall d’entrée qu’il faut traverser avant d’accéder aux bains annonce immédiatement la couleur : ici, le luxe est de mise mais pas de décorations tape-à-l’oeil ni de surenchère pour autant. Pour environ 15 euros, vous pourrez pénétrer dans un véritable sanctuaire de la relaxation, de style Art Nouveau. Je choisis un simple casier avec vestiaire collectif, les cabines sont payantes mais en passant devant, on comprend tout de suite pourquoi : toutes de bois sculptées et confortables comme une petite chambre d’hôtel, c’est un avantage qui donne envie. La salle principale dans laquelle j’arrive ensuite m’interpelle par sa beauté : c’est là que se trouve le seul bassin destiné à la nage, et pour lequel le port du bonnet est obligatoire. La hauteur du plafond remplacé par une verrière donne à la salle un aspect majestueux. Des colonnes soutiennent l’étage supérieur, un balcon faisant le tour du bassin et offrant un point de vue admirable. Des deux côtés de ce bassin principal se trouvent deux autres salles dans lesquelles de multiples bains avec des températures allant de 20 à 40 degrés permettent aux clients de se relaxer. Plusieurs saunas et hammams sont disposés autour des bassins. Les décorations sont à couper le souffle. Alors que les murs bleus sont ornés de mosaïques, des statues de lions ou d’autres animaux déversent l’eau thermale dans les bains. Si les bassins extérieurs n’ouvrent pour la plupart qu’au printemps, un bain brûlant permet de savourer le contraste entre le froid glacial de l’hiver hongrois, pour peu que l’on ait le courage de traverser la terrasse en maillot de bain.

Les thermes Széchenzy

Le lendemain, c’est sur les thermes Széchenyi que mon choix se porte. Toujours de nuit, je découvre un véritable palais jaune et blanc. En plein milieu du complexe se trouve une vaste cour extérieure avec deux bassins à 38 degrés.  C’est là que je me rends en premier par une température en dessous de zéro. Une épaisse vapeur se dégage de ces bains du fait de la température extérieure par rapport à celle de l’eau. Alors que je me détends et profite de cette agréable chaleur tout en observant les baigneurs budapestois jouer aux échecs le long des murets des bassins, un flocon tombe sur mon nez, suivis par des millions d’autres. Quel souvenir inoubliable que celui-ci : une baignade bien au chaud dans des thermes aux allures de palais, sous une neige intense. Je ne suis pas le seul à m’émerveiller puisque tous les couples autour de moi s’enlacent, motivés par le côté féerique et filmique de la scène.

Une fois remis de mes émotions, je me rends dans la partie intérieure des thermes. Il s’agit d’un véritable labyrinthe de bassins chauds, froids ; un dédale de saunas, hammams, de salles de détente, de massage… L’un des saunas est si grand qu’il peut contenir une trentaine de personnes ! Emballé par l’ambiance, je décide de m’offrir un massage pour finir en beauté.

La capitale de la Hongrie est aussi la capitale des thermes et chaque jour ce sont 80 millions de litres d’eau qui sont fournies par les 130 sources de la ville pour alimenter chaque établissement, dont certains sont devenus des incontournables touristiques de Budapest. Espérons qu’un jour on découvre une source à Paris.

 

 

 

 

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