Deux dates de concert, deux sensibilités, deux partages d’une découverte de la musique classique : retour d’expérience par Delia Arrunategui.
Delia Arrunategui @arrunategui22 | Samedi 2 février, mon weekend arrive après avoir survécu à une semaine marathonienne : partiels, boulot et peu de sommeil ont été au rendez-vous. Ce soir je couvre pour Nouvelles Vagues un concert de musique classique à l’est de Paris, l’idée de m’endormir pendant que les musiciens jouent me hante depuis des jours.
L’heure approche et je me presse pour ne pas être en retard, il pleut à Vincennes et les rues sont mouillées et vides de gens. Finalement j’arrive à l’auditorium, il s’agit d’une grande et belle salle bien éclairée mais sans presque aucune place disponible ! Je découvre à mon grand étonnement que le concert est sold out. Je n’ai pas trop le choix, je dois m’asseoir à la première rangée, celle qui est à un mètre de distance de l’orchestre. Mon angoisse fait un bond.
Le concert ne va pas tarder à commencer : les musiciens sont en place, le chef d’orchestre est sur la scène et moi je suis déjà bien installée dans mon fauteuil. Pendant ce temps, je regarde les gens qui m’entourent. Je trouve que le public est très hétéroclite, ma voisine assise à ma droite est une dame d’une quarantaine d’années avec une belle coiffure et un beau sac mais sans un stylo à me prêter (je cherchais à m’en procurer un pour mes notes). Mes voisins sur la gauche sont deux enfants d’environ 8 et 5 ans, je retrouve du courage en pensant que s’ils réussissent à rester tranquilles et éveillés pendant tout le concert, je ne vois pas pourquoi moi je n’y arriverai pas.
Entre Mozart et Tchaïkovski
Soudain, la salle devient silencieuse. Johannes Le Pennec, le chef d’orchestre invité prend la parole, il se présente ainsi que l’orchestre Les Clés D’Euphonia et les œuvres qui vont être jouées. A ma surprise, il introduit le mythique compositeur Wolfgang Amadeus Mozart d’une façon didactique et décontractée, on apprend ainsi qu’au cours du printemps 1791 le compositeur connaît des difficultés financières et qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Son dernier opéra n’a pas rencontré le succès escompté, de plus l’empereur d’Autriche Léopold II n’apprécie ni la musique, ni la proximité assumée du compositeur à la franc-maçonnerie, ces œuvres ne sont pratiquement plus jouées à Vienne. C’est à ce moment-là qu’il compose La flûte enchantée, qui deviendra avec le temps un des opéra les plus populaire et reconnu de ses œuvres .
L’orchestre, sans plus attendre, commence à jouer et grâce à leur grande virtuosité et aux précisions biographiques aux détails croustillants, on perd la notion du temps, et presque d’une façon inattendue arrive la deuxième partie du programme de la soirée, celle dédiée au compositeur Tchaïkovski et à sa Symphonie no 6 dite « Pathétique », en raison du caractère extrêmement tourmenté de l’œuvre. Comme dans le cas de La Flûte Enchantée de Mozart, la Symphonie no 6 est une œuvre d’une beauté unique et intemporelle. Cette symphonie a été la dernière oeuvre de Tchaïkovski ; il a fini de l’écrire seulement 3 semaines avant sa mort. Musicien tourmenté, né en Russie en 1840 à l’époque des Tzars où l’homosexualité était punie par la loi et les accusés étaient déportés et emprisonnés en Sibérie, Tchaïkovski n’aurait jamais pu vivre librement sa sexualité et aurait été contraint de se suicider pour éviter un jugement public.
L’orchestre reprend, chaque partie arrive avec des mélodies qui donnent une atmosphère sombre mais chargée de force et de passion, je me retrouve accrochée à mon fauteuil, attendant chaque changement musical comme s’il s’agissait de la continuité d’un épisode de Games of Thrones. Le public souhaite applaudir à chaque fin de mouvement tant l’émotion circule dans la salle. Les musiciens finissent de jouer et là c’est la salve d’applaudissements qui suit pendant de longues minutes. Pendant ce temps je retrouve peu à peu mes repères et je réalise que je viens de vivre un moment de grande émotion et que, grâce au pouvoir de la musique j’ai réussi à chasser de l’auditorium toute ma fatigue et mes a priori sur ce que j’attendais d’un concert de musique classique.
Découvrez l’avis d’Adrien sur le concert du vendredi 1er février !
Pour plus d’informations sur l’orchestre Les Clés D’Euphonia vous pouvez visiter leur site web ou leur page Facebook :
Site internet : https://www.cles-euphonia.com
Page Facebook : https://www.facebook.com/ClesEuphonia/
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