Krollan | Tu m’as manquée. J’ai eu peur. Je suis contente que tu aies égoïstement pris le temps qu’il te fallait mais je suis tellement contente que tu sois revenue.
Ça a été dur. Dur de découvrir des parties de moi qui m’effraient et que tu aurais comprises. À mon âge, la mort t’avait déjà bien fait comprendre que c’est elle qui fixe les règles. C’est pour ne pas l’affronter que tu as trouvé un nouvel ennemi ? Dans ton assiette, la menace. Tu voulais le rejoindre ? Iels étaient là avant nous, nous les verrons disparaître. En coupant les vivres, tu voulais t’assurer d’être la suivante sur la ligne de départ ? Gagner pour ne pas perdre d’autres êtres chers. J’ai peur. J’appréhende cette situation dont tu as l’expérience. Dis moi, comment on s’en remet ? En attendant, je fais des réserves. Pendant mes repas c’est la bataille inverse.
“Ah non pas dans la famille, ça ne me dérange pas mais pas dans la famille.” Je crois que c’était à peu près ces mots. Je me demande si tu l’as toujours su. Vous aviez prévu de vous marier : impossible de savoir si je l’ai entendu ou inventé. Askip Love is love, alors pourquoi je sens qu’il faut avouer, et assumer ?
J’ai eu du mal toute seule. J’aurais aimé que tu me comprennes, je sais que tu m’aurais comprise. J’aurais aimé parler avec toi de ce que tu traversais au moment où tu le traversais. Ensemble on aurait pu s’entraider. C’était illusoire. L’entraide n’avait pas sa place car on n’était pas capable d’aider d’autres gens, on était trop faible. Je suis tellement contente que tu sois revenue.
Tu es artiste et je suis journaliste. Tu peins et je dessine. Tu écris et… moi aussi. Des photos. Des souvenirs, vécus et à créer. Demain, quand vous partirez à 5h du matin, j’irai jusque sur le parking pour vous faire au revoir. En attendant, le gâteau est cuit, posez vos BDs c’est l’heure du goûter ! On a tellement à se raconter, je ne sais pas si on va pouvoir tout se dire. Tu m’as manquée.
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