Delia Arrunategui | Enfant, bercée par les contes de fées, mon imagination me transportait dans des mondes merveilleux peuplés de créatures enchantées, de rois et de reines. Mais en grandissant, j’ai abandonné ces rêveries pour plonger dans les réalités de la vie adulte. Cependant, le destin m’a réservé une surprise qui m’a permis de retrouver un peu de cette magie perdue…
Depuis que j’ai échangé mes jouets contre des manuels scolaires, mes rêves d’enfant se sont peu à peu transformés en projets concrets. J’ai cessé de m’imaginer vivre des aventures magiques pour me concentrer sur la réussite de mes études et, plus tard, sur mon entrée sur le marché du travail. Pourtant, même si les défis ont changé de nature, ils n’en demeurent pas moins redoutables. Parfois, je me surprends à comparer mes épreuves à celles des héros de mon enfance, car certains défis me semblent aussi redoutables que de combattre un dragon.
Un parcours académique à rythme soutenu
J’ai poursuivi ma Licence en Communication tout en travaillant à temps plein, un équilibre difficile à maintenir. Obtenir mon diplôme a donc été pour moi une immense source de fierté. Par la suite, j’ai poursuivi mes études avec un Master à l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine (IHEAL). Le semestre dernier, j’ai décidé de mettre mon travail en pause pour me concentrer pleinement sur ma dernière année de Master. Grâce au temps libre supplémentaire, j’ai pu m’impliquer davantage dans les activités universitaires et j’ai aussi découvert que je pouvais suivre des cours en dehors de mon programme pour compléter ma formation grâce à une alliance universitaire récemment intégrée par la Sorbonne Nouvelle : Young Universities for the Future of Europe (YUFE).
J’ai alors décidé de relever un nouveau défi : suivre cinq cours supplémentaires pour approfondir mes connaissances sur l’Europe et l’Union européenne. Bien que la charge de travail ait été intense, j’ai réussi à valider tous mes cours, tant ceux de mon Master que ceux suivis avec YUFE. À la fin du semestre, j’étais ravie de cette expérience internationale qui, comme je l’avais espéré, m’a enrichie tant sur le plan académique que personnel. Cependant, ce que je n’avais absolument pas anticipé m’est aussi arrivé. Fin septembre, l’équipe de YUFE m’a envoyé un mail pour savoir si j’accepterais de participer à un événement officiel, en tant que représentante des étudiants de la Sorbonne Nouvelle, et de partager mon expérience au sein de YUFE lors d’un entretien en tête-à-tête avec… le Roi ou la Reine de Belgique ! Je n’en croyais pas mes yeux. J’étais à la fois stupéfaite et ravie. Au milieu des cours, des révisions et des heures de sommeil sacrifiées, je n’aurais jamais imaginé que mes efforts puissent me mener à une opportunité aussi unique et valorisante. J’ai bien sûr accepté sans hésiter, avec une immense joie.
Une invitation royale
À l’approche de mon entretien royal, j’ai reçu un courriel officiel orné des armoiries royales de Belgique, me convoquant à un événement d’envergure internationale intitulé « Alliances européennes : moteurs de changement et d’innovation dans l’enseignement supérieur ». Ce rendez-vous, prévu pour le 15 octobre, s’est tenu au siège officiel du Rectorat et de la Chancellerie des Universités de Paris, un bâtiment historique situé au cœur du Quartier Latin, emblématique de l’histoire académique française.
J’ai ensuite découvert la prestigieuse liste des invités, qui comprenait non seulement les souverains belges, mais également de nombreuses personnalités du monde académique et politique, tant belges que françaises. Vingt universités, dix de chaque pays, avaient été invitées à cet événement d’exception, chacune représentée par son président et un étudiant.
J’étais extrêmement honorée et enthousiaste à l’idée de partager mon expérience d’études avec les souverains belges et les différents représentants. Le fait de savoir que mon témoignage pourrait contribuer à promouvoir des alliances universitaires européennes, qui promeuvent une méthode d’enseignement international, dynamique et adaptée à nos besoins et intérêts, m’a remplie de fierté et de motivation. Cette opportunité représentait aussi une grande responsabilité, et je tenais à ce que mon message soit clair et bien articulé pour être à la hauteur de cet événement unique. Je dois aussi avouer que cette invitation a fait le bonheur de mon enfant intérieur, car son rêve d’être invité par des rois à un événement unique s’était enfin réalisé.
Jour J
Le Grand Salon de la Sorbonne, avec son architecture imposante et sa décoration majestueuse, nous a enveloppé dans une atmosphère d’élégance. Les plafonds ornés des blasons des villes de France et les peintures de Benjamin-Constant évoquant le mythe de Prométhée créent un cadre idéal pour notre rencontre avec les souverains belges. L’organisation de l’événement était impeccable. Les tables, disposées le long du salon, accueillaient des groupes de quatre personnes : deux doyens et deux étudiants pour représenter leurs alliances universitaires respectives. À ma table se trouvaient le président de notre université, Monsieur Daniel Mouchard Zay, le président de l’Université d’Anvers, Monsieur Herwig Leirs, et le représentant étudiant de cette dernière, Nassim Talbi. Un protocole cordial guidait les mouvements des rois, qui se déplaçaient d’une table à l’autre avec aisance et fluidité. Dans cet espace chargé d’histoire, la conversation avec les monarques prenait une dimension particulière.
La Reine Mathilde, qui a visité notre table en premier, a fait preuve d’une grande proximité et d’empathie, établissant un dialogue naturel et spontané. Le protocole indiquait que la Reine serait celle qui nous interrogerait. La souveraine a initié la conversation en me demandant mon expérience au sein de l’alliance YUFE et comment celle-ci avait impacté mes études. La conversation a duré dix minutes, pendant lesquelles tous les membres de la table ont pu apporter leurs commentaires, bien que la Reine ait montré un intérêt particulier pour ce que nous, en tant qu’étudiant(e)s, avions à dire concernant nos objectifs et défis académiques au sein de ces alliances. Ainsi, les avantages, les défis et les projets pour les améliorer ont été écoutés attentivement par la souveraine, qui a fait preuve d’empathie, d’ouverture et d’une vaste connaissance des sujets académiques, ce qui a dissipé presque immédiatement tout stéréotype ou préjugé que j’aurais pu avoir sur la royauté.
Pendant cet événement académique, qui s’inscrivait dans le cadre de leur visite d’État en France, les Rois de Belgique ont démontré leur intérêt et leur engagement envers la coopération académique en Europe. La Reine a souligné l’importance pour les jeunes de recevoir une éducation interdisciplinaire, leur permettant une meilleure compréhension des dynamiques et des défis auxquels est confrontée l’Union européenne.
Cet événement a eu un double impact pour moi. D’une part, j’ai eu l’occasion de vivre une expérience unique et enrichissante où j’ai fait la connaissance de personnes qui consacrent leur travail et leurs efforts à rendre notre parcours académique plus riche et mieux adapté aux besoins de notre époque. D’autre part, j’ai pris conscience que la vie m’offrait un moment précieux pour réaliser qu’être centré sur des objectifs académiques et professionnels ne signifie pas renoncer à mes rêves et mes illusions d’enfant, car ceux-ci sont aussi une source essentielle pour surmonter les défis et les épreuves du quotidien.
