
Chapitre 2 : de l’autre côté du miroir
– Caellum
Boulot, boulot et encore boulot… Mes journées finissent par toutes se ressembler et ne font plus vraiment sens. Depuis quelques années, je me fixe la même routine : me réveiller, me préparer, et me rendre sur les différents sites de l’entreprise familiale. J’ai l’ai héritée le jour où j’ai obtenu mon diplôme universitaire, mes parents ont tenu à ce que je prenne les commandes le plus tôt possible même s’ils travaillent encore à mes côtés. Alors, depuis ce jour, je me charge de mener à bien les projets et d’encadrer les nouvelles recrues. Je ne m’en plains pas, j’ai conscience de la chance que j’ai d’avoir trouvé du travail en sortant de l’université, je me rappelle encore de certains de mes anciens collègues qui, après des années d’études, n’avaient toujours pas trouver leur voie, tandis que moi, je savais parfaitement que mon avenir serai brillant et la grande partie de mes journées, bien occupée ; J’ai toujours quelque chose à faire, pas une minute à moi, cela devient vite épuisant parfois même si je ne l’avoue jamais.
Avoir grandi dans un petit village m’a aidé à développer cette passion pour la nature et l’entretien de l’environnement qui m’entoure : je trouve cela tellement agréable, arrivée la saison des récoltes, voir le fruit d’un travail annuel se concrétiser. C’est une des raisons pour lesquelles je ne regrette pas d’avoir très peu voyagé dans ma vie et de ne jamais avoir quitté ma campagne natale. « Derrière un homme se cache toujours un ami de la nature », une description assez représentative de ma personne que l’on m’a très souvent assignée et à laquelle je me suis aussi souvent retrouvé.
Malgré cet environnement sain qui m’entoure depuis tant d’années, je ressens un manque perpétuel qui hante mon esprit chaque soir avant d’aller dormir : à la fois comme une soif d’aventure et d’explorer de nouveaux horizons, comme celui de trouver la personne qui me complète. À une période de ma vie, j’ai cru l’avoir trouvée mais elle s’est aussitôt envolée pour un horizon qui m’est aujourd’hui très lointain.
– « N’oublie pas que la semaine prochaine c’est le concours annuel. Tout doit être prêt pour ce weekend ! ». C’est la voix de mon associé, alias mon meilleur ami, qui me sort de mes pensées.
– « Oui ne t’en fais pas je gère, comme d’habitude » lui répond dis-je
Sincèrement je l’adore ce gars-là, sans lui je n’aurais jamais réussi à monter un tel business mais parfois je me demande s’il n’en fait pas un peu trop. Même si dans le fond je lui serai éternellement reconnaissant pour l’aide qu’il m’apporte au quotidien, surtout à des moments comme celui-là où c’est le rush pour préparer des événements tels que le concours national de la meilleure récolte de l’année. Tous les employés sont à leur maximum pour gagner. De notre côté, on a prévu une présentation, qui j’en suis convaincu impressionnera le jury. Chaque année on trouve un moyen de faire mieux et, cette fois, je suis deux fois plus motivé pour remporter le prix ! À la clé, ils offrent 200 000€ qui nous aideront à développer nos terres tout au long de l’année ; c’est un véritable gain qui donne accès à des machines beaucoup plus performantes, ainsi que des produits de meilleure qualité.
L’année dernière mes employés et moi avions fini sur le podium ce qui nous a tout de même apporté une part du prix final. Tous les ans c’est la même histoire : « les vainqueurs étaient et resteront la famille Mendes » annonçait le jury pour la cinquième année consécutive. Il faut avouer qu’ils se dédient à leur entreprise depuis quatre générations avec aucune aide extérieure lorsque la plupart des participants reçoivent le partenariat de grosses entreprises commerciales, participants dont je fais partie : collaborer avec les plus grandes égéries du commerce est un boost quand on débute encore dans ce milieu.
La fin de journée restera toujours mon moment préféré de la semaine ; j’en profite pour rentrer chez moi, une petite maison dont j’ai moi-même entrepris la construction après avoir quitté mon appart étudiant en centre-ville. Tout est toujours paisible dans le petit village où je vis, le peu de population restante est composée de jeunes travailleurs comme moi qui n’ont jamais quitté leur village natal et de personnes âgées qui souhaitent attendre la fin de leurs jours en pleine campagne plutôt que dans un EHPAD. Les moments où je ne travaille pas, j’aime rester profiter de l’air pur que mon environnement m’offre et bricoler au fond de mon jardin. C’est comme ça que je décide de terminer ma journée. Mais perdu dans mes pensées, je ne fais pas attention à la jeune femme que la berline noire dépose devant la maison de ma voisine, Mme Da Costa, jusqu’à ce que je crois la reconnaître. Non ce n’est pas possible, comment serait-elle revenue après tant d’années? Comme sortie de mes souvenirs les plus bafoués, je reconnais ce regard, regard que je serai capable de reconnaître parmi des milliers. Ça ne pouvait être qu’elle.
- Merci d’avoir lu ce deuxième chapitre! Les cinq premiers chapitres seront publiés sur le blog « Nouvelles Vagues » et en ce qui concerne le reste de l’histoire, elle sera par la suite publiée sur la plateforme Wattpad
