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GAUTHIER Justine | Amélie et la Métaphysique des tubes, un film d’animation sorti le 25 juin 2025, reprenant le second roman d’Amélie Nothomb du même titre, publié le 23 août 2000, recouvre sur papier la vie de son autrice. Réalisé par Maïlys Vallade et Liane-Ho Chan, il devient, selon Le Journal du Dimanche, leur premier long-métrage animé. Il conquit l’écran de la 78e édition du festival de Cannes ainsi que la 49e édition du festival du film d’animation d’Annecy, où il reçut le prix du public.
Avant de poursuivre, je vous invite à visualiser sa bande annonce : https://youtu.be/Il5mZjBENqs.
Cette œuvre présente une enfant, Amélie Nothomb, qui s’introduit dans le récit par la narration de sa propre naissance et les deux premières années de sa vie par l’utilisation d’un vocabulaire divin : se représentant comme un Dieu dans sa bulle, consciente de tout mais coupée du reste du monde. Ce fut à ses 2 ans et demi qu’elle devint une enfant comme les autres dès que sa bulle fut percée et qu’elle s’ouvrit au monde et à ses sensations.
La seconde étape de la prise de conscience de son existence matérielle fut la découverte du chocolat grâce à sa grand-mère. Le reste du film s’arque autour de la relation amicale voire fraternelle, divagant presque vers une complicité mère/fille entre la gouvernante, orpheline à cause de la seconde guerre mondiale, ainsi que cette jeune fille qui au fur et à mesure se découvre une identité japonaise malgré ses origines belges. La gouvernante lui apprend l’écriture japonaise, l’accompagne dans la découverte des traditions nationales comme l’honoration des morts, où les proches placent des lanternes sur une rivière pour rendre hommage aux défunts. Elle lui explique également la guerre et son expérience du deuil, résonnant avec le vécu de la petite qui perd sa grand-mère. La gouvernante lui enseigne ainsi la vie.
En réponse, l’enfant fait preuve d’une intelligence qui lui confère parfois un air innocemment supérieur : elle réussit à comprendre l’explication de sa gouvernante, elle découvre le chagrin, elle parvient à comprendre son grand frère en voyant au-delà de son caractère mesquin après que ce dernier l’ai sauvée de la noyade.
Mais tout bascule lorsque la propriétaire des lieux, encore sujette aux conséquences de la seconde guerre mondiale, vire la gouvernante après que celle-ci se soit attachée à la famille européenne que la propriétaire considère encore comme des ennemis malgré le temps passé. La petite manque de se noyer une seconde fois, cette fois-ci presque volontairement, avant de se réveiller à l’hôpital entouré de sa famille ainsi que de sa gouvernante.
Un récit philosophique à travers le regard curieux et aventurier d’un enfant
Ce film s’arque autour de l’identité culturelle : notre identité culturelle se définit-elle par l’origine ou bien l’attachement ? Ainsi, ce travail cinématographique se concentre autour de la question du souvenir, de la procédure de “restituer tous les souvenirs – fantasmer ou élaborer d’après le dire de son entourage – de la fillette qui a grandi au cœur des montagnes du Kasaï, à l’imagination débordante” (Le Journal du Dimanche), voire de la Mémoire, dans le sens historique du terme. Certaines critiques de cinéma (Le Journal du Dimanche, Abus de Ciné,…) évoquent l’onirisme : “activité mentales pathologique caractérisé par des visions, des hallucinations” (Dico en ligne Le Robert) mais plus précisément défini comme “délire aigu caractérisé par un état confusionnel, une grande agitation, dans lequel le sujet est en proie à des hallucinations analogues aux visions du rêve” par le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales.

Ces sujets de réflexion prennent place dans une mise en scène du quotidien, embellie par des couleurs pastelles et parallèlement commentée par le personnage principal avec une analyse pertinente des faits malgré son âge. FranceInfo présente ce film comme destiné aux « enfants », présentant le regard de ces derniers qui observent sans comprendre, faisant ressentir aux spectateurs cette complexité de la vie qui ne mène point, malgré nos efforts de réflexions, à cette vérité brute et cette réponse claire recherchée.
Mettant en lumière la philosophie du film et la façon dont l’auteure du roman présente sa vision du sens de la vie, on peut remarquer le sujet de prédilection de Marcel Proust (À La Recherche Du Temps Perdu, Le Temps Retrouvé publiés à titre posthume entre 1913 et 1927) animé par un style similaire à ceux de Hayao Miyazaki dans Le Château Ambulant, un film d’animation japonais réalisé en 2004, et de Rémi Chayé dans Ponyo sur la falaise (2008) selon France Info ou bien encore Tout En Haut Du Monde (2015) et Calamity (2020) de ce même réalisateur selon Abus de Ciné.
En conclusion, Amélie et la métaphysique des tubes est un film d’adaptation, repris vingt-cinq ans après la sortie du roman, Amélie Nothomb aborde son vécu sur les questions du souvenir, de la Mémoire ainsi que leur place dans l’identité de l’individu.
Review of Little Amelie or the Character of Rain

Little Amelie or the Character of Rain is an animated film broadcast on June 25th 2025. It is an adaptation of the second Amélie Northomb novel with the same title, published in August 23rd 2000, which is an autofiction. It is the first full length animated movie directed by Mailys Vallabe and Liane-Ho Chan. This film became a success at the Cannes festival’s 78th edition and the 48th edition of Annecy’s animated film, where it received the first prize.
I advise you to watch the teaser before reading the rest of the article : https://youtu.be/Il5mZjBENqs.
This work tells the story of a child,Amélie Nothomb. Her birth and her life’s two first years are characterized by the use of the vocabulary of the divine. Indeed, Amélie considers herself as a god figure in her bubble, aware of everything but separated from the rest of the world. She becomes a normal child at the age of two, when her bubble-shield is pierced, which opens to her the door to the world and to all sensations.

Then, her awareness of material and physical existence is raised a second time when she tastes chocolate thanks to her grandmother. The rest of the movie tackles the friendly relationship between the family’s nursemaid, left parentless because of World War II, and the little girl who discovers step by step a Japanese identity in herself despite her Belgian origins. The nursemaid teaches her the Japanese alphabet and follows her through the child’s discovery of Japanese traditions such as the Commemoration of the Dead, where lanterns are put on a river. The woman also explains the concept of war and her experience of grief to the little girl, which resonates with Amélie’s life, who lost her grandmother. I think that in this way, the nursemaid teaches her what life is.
The little girl’s answer is to act so wisely that it creates in her mind an innocent superiority: she manages to understand the nursemaid’s explainings, she discovers sadness, she gets to understand her older brother when she looks beyond his immature personality after he rescues her from drowning. But everything changes when the traumatised World War II house’s owner fires the nursemaid in order to punish her because of her relationship with Amélie’s European family. Because of their nationality and origins, the owner considers them as her enemies despite the time. The little girl almost drowns again, but this time intentionally, before waking up in the hospital with her family and her nurse.
A philosophical narrative seen through the child’s curious and adventurous eyes
This cinematographic piece tackles the subject of cultural identity: is our cultural identity defined by our origins or by our personal attachment to other cultures? On the other hand, the movie takes this problematic by the memories’ dilemma, the process to “restore all memories – to fantasm or remind thanks to the words of her entourage- of the little girl who grew up in the Kasaï mountains central with an overwhelming imagination” (Le Journal du Dimanche), even the Memory, in the historical meaning of the word. Some film critics’ reviews (Le Journal du Dimanche, Abus de Ciné,…) mention onirism, which is a “mental pathology characterized by visions and hallucinations, more precisely defined as acute delirium characterized by a confused mental state, a great agitation, in whose the subject is victim of hallucinations related to dreams visions”.

These topics of reflection are illustrated in the movie through the characters’ daily life, which is embellished thanks to sweet colors. At the same time, this film is commentated by the main character through a constructive analysis. France Info introduces this movie as one intended for children, presenting their experience : to observe without understanding what is seen. This makes spectators feel how complex life can be, no matter how hard one reflects on it: indeed, reflection can’t lead to an exact answer or to the absolute Truth.
This philosophical message can be found in some others works, such as Marcel Proust’s favorite theme (In The Looking for The Lost Time, The Refound Time, published posthumously between 1913 and 1927) or in Howl’s Moving Castle, which is a Japanese animated movie broadcast in 2004, through Hayao Miyazaki’s dynamic and graphic style. It can also be seen in Ponyo on the Cliff (2008) through Rémi Chayé’s animation style (according to Abus de ciné) or in Tout En Haut Du Monde (2015) and Calamity (2020) (according to France Info).
To conclude, Little Amelie or the Character of Rain is the cinematographic adaptation of Amélie Northomb’s novel. Twenty-five years after the novel’s release, the animated film illustrates the author’s thoughts, her life experience marked by her questions about memories and how they become important in people’s identities.
1by Le dico en ligne
2by Textuals and Lexicals ressources National Center.
3Untranslated name: “A la Recherche du temps perdu”, “Le Temps Retrouvé”


