Maison Européenne de la Photographie

Guillaume Collet, le 29/04/12

 

Paollo Pellegrin.

« Dies Irae »

 

Vidéo de la collection Neuflize Vie.

« A la croisée des images. »

 

Dominique Issermann.

« Laetitia Casta »

 

Dominique Auerbacher.

« Scrathes ».

 

du 4 avril au 17 juin.

 

Alors qu’on ne sait, entre deux nuages, si le parapluie, sera pour nos sorties, un accessoire nécessaire ou ridicule, on peut résoudre la question en se refugiant dans les bras toujours malveillants d’une  exposition de photographies éclectiques.   

La Maison Européenne de la Photographie, pourquoi pas?

 

Les premières marches nous mènent à Dominique Auerbacher  dont les photographies de l’exposition « Scratches » peu séduisantes aux premiers abords dévoilent  une belle réflexion sur la ville. En effet ses vues, prises à partir d’un tramway et toujours obstruées par le graffiti vandale d’une vitre, mettent en jeu notre regard. Notre vision n’est elle pas toujours phagocytée par quelques idées, des préjugés?  Crise du regard objectif, quête impossible du regard pur ?. Questions qui trouvent encore plus d’échos quand il s’agit de notre quotidien dont l’inlassable répétition nous enfermen dans une définition figée.

 

Face à ces questions on arrive aux vidéos de la collection NEUFLIZE  qui  interrogent aussi le quotidien mais en le déformant, en exacerbant un détail, un geste. Isolant ainsi des fragments de vie pour mieux le regarder, en faire un œuvre d’art.

 

On quitte ces charmantes images par de nouveaux escaliers pour monter dans l’enfer de Paolo Pellegrin dont le titre de l’exposition « Dies irae » annonce la couleur. Peu de couleurs justement, du noir et du blanc essentiellement pour capturer les multiples conflits armés que ce photographe de terrain chevronné a parcouru. Kosovo, Darfour, Iraq, Afghanistan c’est un best off des informations du 20h… le regard en plus, la juste stylisation pour capter ces terribles atmosphères.

Mais la morale sursaute. Le journalisme de terrain est acceptable… nécessaire même, mais un photomontage sur le récent tsunami,  pourquoi?  Le noir et blanc devient futile. Tous les cadavres ne sont pas beaux. Et si certains dénoncent une horrible situation, d’autres méritent une distance respectueuse. Dénoncer un meurtre comme la guerre, qui est en fait un crime en longueur, valide les ruines et la souffrance des clichés mais les maisons éventrées des côtes Japonaises sans véritable  coupable? Le photographe s’intéresse t-il à dénoncer les guerres ou à représenter la douleur? La morale hésite.

 

Après la mort, le corps, toujours en noir et blanc, de Laetitia Casta sous l’objectif de Dominique Isserman. Eros habite le même palier qui Thanatos. On passe vite du dégout à l’envie, voire aux pulsions plus obscènes et moins littéraires devant ce décor construit pour les courbes de la jeune femme. Le photographe réinvestit Anita Ekberg, variation  autour d’un corps que l’on cache pour mieux le souligner, le faire souligner. Voluptés aquatiques.

 

D’une crise de conscience à l’autre.

Alors que l’un motive l’indignation, l’autre mise sur le plaisir. Mais en fin de compte que ce soit la poitrine de Laetitia Casta ou le cadavre calciné après un tremblement de terre, l’image ne motive-t-elle pas notre penchant voyeuriste?

 

Merci à la Maison Européenne de la Photographie de combler ce manque…

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