Cecilia Triay, le 24/05/12
du 16 novembre 2011 au 24 juin 2012 à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration
Le titre nous évoque la célèbre chanson de 1930 interprété par Joséphine Baker. Elle termina par le culte «mon pays et Paris» et plus tard après la guerre «mon pays, c’est Paris». Noire et Amérindienne, Joséphine est née en 1906 au Missouri (EU) et décédée en 1975 à Paris. En 1937, elle prend la nationalité française, elle est considérée comme une figure importante de la Résistance. Loin de faire son apologie, l’exposition, à travers les œuvres contemporaines en place, rend compte de cette rencontre entre être singulier et la pluralité des patries. Le parcours est divisé en cinq sections: départ-voyages-circulation; entre rêve et nécessite; frontières: passages et contrôles; vivre ensemble; réinventer son univers. Ces cinq sections semblent correspondre aux cinq étapes d’un Homme tentant d’entrer dans un pays et de s’y établir c’est à dire : immigrer.
La première œuvre que l’on remarque est celle de Barthélémy Toguo, Road to Exile, 2008. Elle consiste en une barque en bois à l’intérieur de laquelle se trouve une montagne de baluchons multicolores en wax (tissu africain)– contenant les bouts de « chez soi ». Elle est encerclée par une mer faite de bouteilles en verre – allégorie des aspirations des passagers à bord, qui mettent tous leurs espoirs dans cette eau qui avec chance les emmènera à bon port. Sur le thème du départ, encore, on retrouve l’œuvre de Thomas Mailaender, Voitures cathédrale, 2002 – on se souvient du clip Tontons du bled de 113 dans lequel la voiture se charge de plus en plus «après avoir dévalisé tout TATI» et qui effectivement ressemble à une cathédrale (nom donné par les dockers à ces voitures qui transitent par la méditerranée). Au cours de la visite on vient à rencontrer un mannequin en face d’un distributeur – œuvre de Kader Attia, La Machine à rêve, 2008. Cette œuvre traduit la confrontation qu’il y a entre tradition et consommation. La jeune femme portant un voile s’apprête à acheter un des produits du distributeur – botox, préservatifs, bonbons…– estampillés «hallal».
Le thème «réinventer son univers» caractérise le travail de Mohamed Bourouissa. Dans La République: la Liberté guidant le peuple, 2008; il emprunte le sujet de l’œuvre de Delacroix, La liberté guidant le peule, 1830. Il met en scène une fausse bagarre, porte de Pantin, à l’aide de ses amis et y plante le drapeau français. Peut être est-ce une manière de revendiquer son appartenance à la France, de montrer par cette oeuvre créée après les émeutes de 2005, que les habitants de banlieue ont une place et se sentent appartenir au pays.
Adjacente à J’ai deux amours se trouve l’exposition permanente – avec en fond sonore les histoires d’immigrés, du 20e siècle à nos jours, dans leur pays d’accueil. On peut y apercevoir une multitude de portraits dont celui de Marie Curie à qui François Hollande a rendu hommage lors de son investiture. Maria Sklodowska, de son nom de jeune fille, n’est devenue française qu’après son mariage avec Pierre Curie. Française car grande scientifique; étrangère elle devient quand elle est soupçonnée de perturber l’ordre moral en entretenant une relation extra-conjugale avec son collègue marié.
A l’époque de Marie Curie comme aujourd’hui le débat de l’immigration ne cesse de se renouveler. Certains jouent sur la peur de l’autre; d’autres prônent le multiculturalisme. Immigration et intégration sont intimement liés. L’immigré doit-il se reconstruire à partir du moule type dicter par les codes de la nouvelle société dans laquelle il s’installe? Ou cultiver ses différences? Citoyens du monde, qui peut-on appeler « étranger » en 2012? Le mot est -il toujours aussi pertinent?
J’ai la chanson dans la tête maintenant…
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