Annie Howl, le 12/06/12
Woody Allen : A documentary
Robert B. Weide
Woody Allen n’est plus ce qu’il a été, c’est du moins ce que disent ses détracteurs.
Mais a-t-il déjà vraiment été ce qu’il a été ?
Cette question pourrait sous-tendre un film, qui, tout en renvoyant une image kaléidoscopique de Woody Allen, nous donne le sentiment qu’il est bien lui.
Les critiques dans la presse sont loin d’être élogieuses. Le Monde et Les Cahiers du cinéma dénoncent le manque de point de vue critique, le film ne serait qu’un éloge lisse, sans aucune aspérité.
Mais est-ce vraiment l’objet du réalisateur de « mener une véritable enquête » et de chercher l’ « envers du décors »? Au contraire, cet admirateur de Woody Allen et biographe (il a réalisé de nombreux documentaires sur des acteurs américains) semble dresser un portrait juste de « Woody Allen » et non de Allen Stewart Königsberg, l’homme qui se cacherait derrière le pseudonyme. Le biographe s’intéresse aux images que donne ce dernier à travers ses interviews, à travers ses films. De l’enfance à Brooklyn, à la carrière de comique du jeune Woody Allen au passage à la réalisation, Robert B.Weide semble mettre en scène un homme qui se confond avec son personnage, et qui n’a jamais vraiment cessé d’être acteur ; dont tout le sérieux est toujours menacé par une note d’humour ; et inversement.
Archives, interviews, extraits de films et d’émission, le montage est habile et l’on peut rire presque du début à la fin, même si la narration ménage les inflexions de sérieux prises à partir de Annie Hall. Dans une alchimie souriante, ce mélange d’intonations pourrait retraduire le charme de ce « film parfait » que le réalisateur dit ne pas avoir réussi à faire, mais dont il se serait approché. Les interviews des actrices qu’il a fait tourner sont certes toutes élogieuses (et à force, agaçantes), mais ne pouvons-nous pas les envisager elles aussi aux second degré puisque « les compliments ne veulent rien dire » selon le réalisateur?
Woody Allen, qui avait d’abord refusé le documentaire, se prête au jeu face à l’insistance de Robert.B Weide, et ce pour notre plus grand plaisir.
Le seul reproche que nous pourrions faire au documentaire serait, en s’approchant si près du charme des films de Woody Allen, de vouloir se transformer en l’un d’eux en introduisant une narration qui fait de Minuit à Paris et de son succès en salle un happy end.
Pour le reste, un grand Woody Allen. Que vous l’aimiez ou non, allez-y : après tout, ce n’est pas lui qui l’a réalisé…