Valérie Vuille, le 17/11/12
Nominé pour le Goncourt, Lauréat du grand prix du roman de l’Académie française, le deuxième roman de Joël Dicker est un succès. Ce thriller hybride relate l’aventure d’un jeune écrivain essayant d’innocenter son mentor.
La mise en abyme présente depuis les premières pages du livre invite à une réflexion sur la littérature et sur le métier d’écrivain : le poids du succès, la dimension commerciale, les petits conseils d’écriture et les petites maximes de développement personnel : « la chute est inévitable, l’important c’est de savoir tomber », tout y passe et pas à petites doses. Drôle au début, ces réflexions explicites assomment dès le milieu du livre. Le tout est mis en intrigue par des parties disparates, qui certes dénotent une réflexion de structuration, mais qui perdent le lecteur. Les imbroglios de l’enquête policière ne rattrapent pas le tout. On nous serre un faux-coupable toutes les dix pages, et peu nous importe à la fin de savoir qui a tué qui. L’histoire est tellement complexe que le romancier, fort de nous mâcher le travail, résume les réflexions et les questions qui restent en suspens plusieurs fois dans le roman. On se sent presque manipulé et infantilisé. Le style enfin ne permet pas non plus de créer une continuité. Rien ne se dégage des mots, ni poésie, ni atmosphère, ni émotions. Ils sont comme choisis au hasard, sans que rien ne les relie.
Alors pourquoi un tel engouement pour ce livre brouillon ? Certes il contient des bonnes idées, quelques jolies remarques et une certaine originalité dans la structure, mais rien de plus. C’est en fait à se demander si ce livre n’a pas été écrit en quatre mois pour pousser le réalisme jusqu’au bout. Alors performance littéraire ou erreur de jugement ? Quoiqu’il en soit, les diverses nominations et récompenses laissent perplexes. Il suffirait à présent d’écrire un livre avec de l’originalité et une apparente profondeur pour recevoir des prix.
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