Justine Le Moult, 09/12/2012
Après mai.
d’Olivier Assayas. Avec Clément Métayer et Lola Créton.
Après mai. Cela sonnait comme une belle promesse. Celle de faire revivre les souvenirs du réalisateur, celle de ressusciter cette jeunesse voguant sur le message d’espoir et l’appel à la liberté laissés par Mai 68. La promesse d’un beau film donc, élégiaque et éloquent. Promesse vaine. Pourtant, tout y est, du grain de la caméra à la BO d’époque, des salles enfumées aux seins de Lola Créton qui pointent sous le T-shirt (évidemment, après mai, les soutiens-gorges ont fini sur le bûcher). Mais tout cela tourne en rond, capharnaüm pèle-mêle d’images éparpillées du passé , dans un musée-mémoire fétichiste qui peine à trouver un vrai sens à l’histoire. Éloge (et critique) de la jeunesse révoltée, histoires d’amour fleurs bleues, film de propagande, commémoration des années hippies, essai sur le cinéma? On ne sait pas. Le film va, mais où? Pleins de bonne volonté, on essaie de suivre, pourtant, dans ce méli-mélo de scènes-réminiscences entrecoupées de fondus au noir, le destin de ces personnages d’emblée désabusés (il faut bien attendre la première demi-heure du film pour voir Lola Créton sourire). L’exaltation n’est pas de mise pour changer (ou plutôt, continuer à changer) le monde; plutôt les messes basses et les luttes souterraines. Ce ne sont pourtant encore que des enfants, des enfants qui jouent aux adultes. L’atterrissage (rude) à la réalité est finalement un passage obligé pour tous, dommage que le spectateur n’ait pas réussi à décoller.
Le film reste quand même intéressant grâce au personnage de Gilles (double du réalisateur, on l’aura compris), en plein apprentissage de la vie, pris entre l’Histoire à reconstruire, et sa propre histoire à construire. Un personnage qui tente de se trouver, grand absent au monde, pris entre ses rêves et la réalité, entre des désirs d’art pur et des dérives bourgeoises, entre ses fantasmes et ses fantômes.
Que dire, en définitive? Il ne reste peut-être qu’à faire parler le poète Gregory Corso (cité dans le film par Gilles): « Je hais les vieux poètes / qui murmurent leur jeunesse passée ». Nous n’irons pas jusque là, mais que dire… après?