Julien Zimmer
Le 12/02/2013
FLIGHT
Etats-Unis, 2012, 2h19
De Robert Zemeckis, avec Denzel Washington et Kelly Reilly
Sortie : 13 janvier 2013
Hier soir, Whip a fait une grosse fiesta. Pour bien se réveiller, rien de mieux que la ligne de coke abandonnée la veille. Encore deux aspirines noyées un peu plus tard dans un litre de vodka-orange, et hop, le gaillard est prêt à piloter son avion de ligne jusqu’à Atlanta. Quand une défaillance mécanique fait plonger l’engin droit vers le sol, son talent inaltéré répond présent. Par une pirouette aérienne invraisemblable, il sauve la vie à presque tous les passagers.
Il paraît que Whip est désormais un héros populaire, mais il n’a jamais vraiment l’occasion de goûter à ce nouveau statut. Sa prouesse technique est étrangement tenue à distance par Robert Zemeckis, qui la cantonne à quelques allusions brèves. C’est que le cinéaste semble vouloir nous dire qu’il ne faut pas décerner trop vite les lauriers à ce type pas net…
Le film se concentre rapidement sur l’investigation qui cherche à déterminer si Whip était sobre au moment de l’accident. Zemeckis en fait alors des tonnes pour nous montrer que le quotidien du pilote est celui d’un ivrogne endurci. La haine que lui voue son ex-femme et son fils, ou son attachement pour une toxicomane (incarnée par Kelly Reilly) complexifient à peine ce personnage qui se résume à son problème d’alcoolisme.
Dans ce mauvais mélodrame, la mise en scène paresseuse fait apparaître par magie les contenants d’alcool, et la soif insatiable de Whip est l’enjeu limité dont se contente le cinéaste. Zemeckis envoie à Whip un os qui a pris la forme d’une bouteille. On s’agace de ce jeu idiot jamais perturbé. Même la vieille de son audition, Whip se saoule comme jamais.
Quand le lendemain matin il est retrouvé inconscient dans sa chambre d’hôtel, un instant on aperçoit une idée étonnement subversive. Appelé en renfort par son ami et son avocat, son compère de longue date (John Goodman) lui sert deux lignes de cocaïne. En un clin d’œil, Whip est remis sur pied et c’est avec son assurance habituelle qu’il s’apprête à aller mentir sur l’honneur, pour sauver sa peau.
Le mal par le mal, le film aurait pu s’arrêter là, mais c’est bien le puritanisme qui boucle la boucle. Devant l’officiel qui l’interroge, Whip craque, il avoue qu’il est un sale ivrogne. Formidable fin où en s’auto flagellant, Whip réconcilie l’ordure qu’il est avec le héros que l’opinion publique voit en lui. En prison, il savoure enfin son succès populaire en expliquant à ses codétenus attentifs qu’il est content de purger sa peine. Toujours pas de trace de la pirouette qui a sauvé la vie à 96 personnes, mais qu’importe, Whip et Zemeckis iront au paradis.
Ou comment faire la critique d’un film parce que c’est une production américaine et qu’on aime que les films indépendants (ou presque) à la Sorbonne Nouvelle.
Bien au-delà de cette critique, j’ai aimé les rebondissements du scénario (même si, sur ce point je suis d’accord, la fin est attendue). Et scénario mis à part, excellent jeu d’acteur de la part de Washington. En tout cas, confirmation faite: ne jamais regarder la bande-annonce d’un film avant d’aller le voir!
On commente tous types de films à la Sorbonne Nouvelle! Quand ça ne vole pas haut, nos critiques nous en font part !
Si je suis tout à fait d’accord avec cette critique, il est toutefois dommage de spoiler le lecteur et de raconter la fin. Et comme l’a dit Julia, un petit mot sur la performance de Washington aurait été plus que bienvenue.
Je suis totalement d’accord avec cette critique. Si les acteurs jouent bien, le film est long, lourd, est puritain au possible. Le titre « Flight » correspond au 10 premières minutes (et encore) du film, le reste n’est que répétition, sans l’ombre d’une originalité. L’alcoolisme c’est mal, ça, on l’aura compris !