Capucine Michelet, le 10/03/2013
Mensonges d’été
Bernhard Schlink
Mensonge moteur ou destructeur, jamais découvert ou inévitable, Bernhard Schlink nous offre dans son recueil au titre évocateur « Mensonges d’été » les différents visages d’un spectre auquel chacun est tour à tour confronté.
Pasteur, professeur de théologie puis plus tard de droit et de philosophie, l’oeuvre de Bernhard Schlink est indéniablement liée à l’idée de justice. De son plus grand succès, le roman partiellement autobiographique Le Liseur, on retrouve dans Mensonges d’été les prémices de ce rapport entre comprendre et juger.
Mensonges d’été, ce sont sept nouvelles, sept destins qui ne se ressemblent en rien mais réunis par un même doute, une zone d’ombre. Consciemment ou non, pour protéger un être aimé ou tout simplement par lâcheté, on ment et la question que pose ici l’auteur n’est pas de savoir si cela est bien ou non, il réfléchit aux différents pourquoi du mensonge et à ses incidences.
Pour l’un de ses personnages, « les grandes décisions qu’on prend dans la vie ne sont pas justes ou mauvaises,[…] on vit seulement des vies différentes ». Là est l’idée centrale de ce recueil. Au fil des pays, des personnages et des intrigues, qui pourraient à elles seules constituer autant de romans, se dessine une réflexion. Les mettant chacun sous une lumière inhabituelle, le couple mensonge-vérité redéfinit ses liens après chaque nouvelle. « Quand tu rencontres la vérité et trouves qu’elle te torture, ce n’est pas elle qui te torture, mais ce dont elle est la vérité ».
Que se soit avec l’essoufflement de la fin d’« Un dernier été » ou les questionnements d’«Un inconnu dans la nuit », le lecteur est tout simplement immergé dans chacune des nouvelles. Plus qu’un simple rôle d’observateur, c’est en quelque sorte à lui que les mensonges sont confessés.
Ses fins ouvertes font de Mensonges d’été un recueil qui fait réfléchir. Tout comme Emilia remercie sa grand-mère dans « Le voyage vers le sud », on pourra remercier l’auteur de « nous avoir [fait goûter au] plaisir que donnent les livres » et particulièrement ce recueil de tous les possibles.
Très bon livre !
Et pour les germanistes c’est une bonne lecture, assez simple même avec un niveau modeste.