Nina Gheddar, le 30/04/13
Au bout du conte : le compte est bon !
Il était une fois
Le nouveau film du couple Jaoui-Bacri est une modernisation des contes des frères Grimm et de Charles Perrault, souvenirs enracinés dans tous nos imaginaires. Les protagonistes figurent des personnages de contes devenus mythiques : Arthur Dupont est une sorte de cendrillon moderne, modeste et altruiste, tandis que Agathe Bonitzer princesse rêveuse et innocente, est un mélange du Petit Chaperon Rouge et de Blanche-Neige.
Le long-métrage reprend le schéma du conte avec attention en introduisant un élément perturbateur notamment (l’arrivée du loup) qui chamboule l’univers féérique des protagonistes avant d’aboutir à une résolution de type happy end .
L’héroine est aidée par des adjuvants comme sa marraine, la fée Agnès Jaoui, et freinée dans sa quête de l’idéal par des opposants comme le grand méchant loup par lequel elle est séduite. Le film file la métaphore sexuelle presentie dans le conte, ici la jeune fille et le loup ont réellement une histoire ensemble.
Finalement, faussement candide, le conte sert de prétexte pour démystifier le sentiment amoureux et l’élan vers l’irrationnel.
Un objet esthétique
Les illustrations de Gustave Doré sont entrées dans la postérité, montrant bien que la construction de l’imaginaire se fait aussi par l’image. De la même façon, le soin apporté à l’esthétique du film est remarquable. Les ouvertures de séquence figurent des instantanés photographiques avec une image figée et glacée (rappelant les oeuvres impressionistes) et incarnent le balbutiement d’un rebondissement.
La très réussie bande-son participe aussi à l’esthétisation de l’objet. Certaines scènes s’apparentant à des clips vidéos léchés. Une musique qui parie sur l’ecclectisme puisque l’opéra classique chahute avec de la minimale.
Les dialogues enfin font mouche. Le personnage porté par Jean-Pierre Bacri spécialement est irrésitible de drôlerie. Les répliques fusent,intelligentes et créatives. Le film est bien écrit, fourmille de références littéraires et a le mérite de redonner le sourire.