Nana

Mehdi Farcy, le 01/07/2013

Nana. Quatre lettres qui résument le destin extraordinaire d’une prostituée. Cette
jeune femme issue de la Goutte d’Or qui a réussit à mettre à ses pieds le Second
Empire. Le Comte Muffat et ses nombreux amants qui lui auront versé toute leur
fortune, entrainant ainsi leur perte. Pourtant, en dépit des hautes sphères sociales du
Second Empire, Nana est une prostituée qui a connu bon nombre d’embuches dans
son existence: des humiliations conjugales avec l’un de ses amants, une prostitution
exercée sous des pulsions malsaines avec des filles ramassées dans les rues, et une fin
qui lui a enlevée toute sa beauté sulfureuse.
Zola ne s’arrête pas là, et va bien plus loin dans le portrait de son protagoniste. Car
Nana est aussi une femme en proie avec ses propres démons. L’existence misérable
qu’elle a mené dans son enfance refait souvent surface, ainsi que sa peur profonde de
la mort. Ce dernier motif révèle à son tour un autre paradoxe du personnage: sa piété.
Celle-ci se manifeste aussi bien en intimité qu’en présence de ses amants, prouvant ici
qu’elle ne peut contrôler ses sentiments. L’auteur joue ainsi sur les états d’âme de la
jeune femme qui peut facilement passer de la joie, aux larmes, et même au rire.
Le lecteur quant à lui est à la fois fasciné, troublé, voire même humilié par cette
prostituée: à diverses occasions, on retrouve Nana nue seule ou en public. Celui-ci, le
plus souvent envoûté par son corps de Vénus, n’arrive jamais à le posséder, même en
le marchandant avec son propriétaire. C’est dire le caractère inaccessible du personnage. Nana nous amène en fin de compte à nous demander si elle a une existence heureuse ? Car cette prostituée ne fait jamais les choses à moitié, tant dans le luxe que dans la misère; seule ou en compagnie, et ceci autant en ce qui concerne les hommes que les femmes.