de Arnaud des Pallières.
avec Mads Mikkelsen, Mélusine Mayance, Royanne Duran
Par Guillaume Collet
En cette fin d’été, trop court, les salles obscures nous proposent un film un brin trop long lui, bâti autour de la question de « peut-on faire le mal pour le bien ? ».
Plus proche par ses dialogues de la nouvelle vague que du lyrisme guerrier du Seigneur des Anneaux, Michael Kohlhaas nous narre la chute d’un commerçant qui pour laver une injustice s’improvise guérilléro dans la France de Marguerite de Navarre.
Le film d’Arnaud des Pallières a été qualifié de chevaleresque, certes on y voit un homme à cheval avec une épée, voire de romanesque, bien sûr cet homme croise le fer et le mousquet. Beaucoup ont vu dans les grands silences ponctuant toutes ces cavalcades et escarmouches une fable sur la justice, qui comme il se doit fait écho à notre monde contemporain.
Sûrement est-ce le but visé par le réalisateur…et la promotion du film va dans ce sens. Mais il convient d’interroger cette interprétation tant l’époque ainsi que ses rouages juridiques nous semblent éloignés, inconnus, désuets pour interroger la justice contemporaine.
Le film lui même quand il se prend à philosopher ne le fait que par à-coup d’une dizaines de répliques obscures et pompeuses, et il semble peser derrière les nombreux silences plus de prétentions que d’intelligence.
Faible à se présenter en fable de la justice car sans résonnances concrètes pour le spectateur d’aujourd’hui le film touche quand on lui prête moins de prétention intellectuelle. Plus que pour son propos il séduit par sa façon à la fois sobre et grandiloquente de surexposer son acteur principal, mais aussi de l’entourer de seconds rôles à la hauteur, il impressionne encore par son image soignée de la nature cévenole.
Partagé entre l’onirisme d’une atmosphère incontestablement émouvante et la lourdeur didactique d’un discours ampoulé le film fatigue l’esprit autant qu’il ravit les yeux.