Par Melannie Mafwata
Dédié à l’histoire de Paris, le musée Carnavalet ouvre ses portes à la mode du XXe siècle avec l’exposition Roman d’une garde-robe, jusqu’au 16 mars 2014.
Femme à l’écharpe – Anonyme (1900)
Intrigante car fantasmée de tous, la parisienne se met à nu et nous dévoile sa garde-robe. Roman d’une garde-robe, c’est avant tout l’histoire d’une femme, Alice Alleaume. Première vendeuse chez Chéruit, cette brune à la silhouette élancée devient rapidement une figure emblématique de la vie parisienne de par son élégance. À travers Alice Alleaume, c’est une partie de la mode du XXe siècle que l’on découvre durant l’exposition.
En parallèle d’Alice Alleaume nous est présenté Paul Poiret, autre figure emblématique de la mode parisienne. C’est lui qui impose la silhouette ample, androgyne au début du siècle alors que toutes les femmes suffoquent dans leurs corsets. Avec ses idées novatrices, Paul Poiret révolutionne la haute couture parisienne alors vitrine de la mode internationale. Dès lors, les manteaux « oversize » aux coupes amples ou ovoïdes vus chez Hermès, Céline ou encore Chloé ne nous semblent plus si actuels. À mesure que la silhouette en S de la femme s’étouffe et se dilue dans des couleurs pastelles en haute société, l’esthétique Poiret s’aère et se colore pour libérer la parisienne. Croquiste de renommée, Sem dira d’ailleurs dans Le vrai et le faux chic : “ Toute l’élégance de la femme flotte, si j’ose dire dans l’ampleur de ce manteau libre, sans adhérence, et qui pourtant souligne et suit les moindres nuances de l’attitude. ”
Roman d’une garde-robe nous rappelle que la mode, c’est aussi une histoire d’art. Ainsi, au fil de notre balade, nous apprenons que le cubisme et ses maîtres Braque, Picasso et Gris ont été l’inspiration de nombreux créateurs français friands de géométrie. Cette fascination pour le cubisme dans les années 1920 était en fait les prémisses du mouvement art déco dans la peinture et dans la mode quelques décennies plus tard.
À travers l’impressionnante collection de robes, bijoux, croquis et autres écrits, nous revivons avec émotion l’âge d’or de la haute couture française. Un âge avec ses grands magasins et sa Voie sacrée de la mode rue de la Paix, Place Vendôme, Rue de Castiglione dont Sortie des ouvrières de Paquin de Jean Béraud fait office de vestige.
Sortie des ouvrières de Paquin, rue de la Paix – Jean Béraud (1906)
À travers ses figures majeures, le panorama de la mode parisienne s’étend jusque dans les années 1930 marquées par une esthétique minimale. En contradiction avec la décennie précédente, les années 1930 célèbrent la femme dans ce qu’elle a de plus gracile et de fin. La silhouette est de nouveau épurée, avec une taille marquée et des tissus légers que Jeanne Lanvin illustre très bien. La femme des années 1930 est à l’image de la France alors en pleine dépression : fragile. C’est sur une note incertaine que se termine ce Roman d’une garde-robe qui nous laisse sur notre faim à dire vrai. La parisienne n’a pas fini de nous surprendre !
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Infos pratiques :
Roman d’une garde-robe : 17 octobre 2013 – 24 mars 2014
Musée Carnavalet, 23 rue Sévigné 75003
Métro : Chemin Vert (Ligne 8)
Horaires : du lundi au dimanche 10h – 18h (dernières entrées 17h), visites commentées le samedi 14h
Tarifs : entrée tarif étudiant 4€ (3,80€ supplémentaires pour visites commentées)