Pas son genre

D.S., le 14/06/12

 

Et pourtant séduits…

PAS SON GENRE

Réalisé par Lucas Belvaux

sortie le 30 Avril 2014

Pas son genre, c’est d’abord des affiches criardes, une bande-annonce qui laisse présager une franche comédie romantique et un pitch douteux.

Quand une coiffeuse et un professeur de philosophie se rencontrent dans un salon de coiffure d’Arras, qu’est-ce que cela donne ?

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Un livre, tout d’abord, de Philippe Vilain. Puis un film, du réalisateur Lucas Belvaux. Ce nom devrait nous alerter : non, il ne s’agira pas d’une comédie romantique habituelle. Souvenons-nous, il y a deux ans : Trente-huit témoins, le dernier film du réalisateur s’intéressait à l’ « effet témoin ». Dans une rue du Havre, une femme est assassinée à la vue des habitants d’un immeuble : sur les trente-huit témoins du meurtre, aucun ne prévient les secours.

Lucas Belvaux aurait-il décidé de se reconvertir dans la comédie romantique niaiseuse et guillerette avec Pas son genre ? Rien n’est moins sûr car le film a l’habileté de manier la légèreté avec profondeur. La légèreté apparente d’une coiffeuse – Jennifer – qui met dans sa vie de la chanson et des couleurs pour essayer coûte que coûte d’être heureuse, la légèreté du début d’une relation amoureuse. La profondeur se joue dans les regards que se portent les personnages et les regards que l’on porte sur eux.

Clément est un professeur de philosophie parisien muté à Arras pour un an. Il fait partie de la haute société, ses parents sont de grands médecins qui se divertissent à l’opéra, il vit dans un appartement cossu doté d’une impressionnante bibliothèque, et ne se contente pas d’enseigner la philosophie : il publié également des ouvrages philosophiques. Son sujet de réflexion : l’amour, bien évidemment.

Alors que le livre adopte son point de vue, le film s’en détache rapidement. Il a alors le mérite de laisser une grande possibilité d’interprétations sur l’histoire que vivent les personnages et sur les sentiments qu’ils se portent.

Pas son genre est un film bien plus dur qu’il n’en a l’air : peut-on s’aimer si l’on n’aime pas (du tout) les mêmes choses ? Le film nous donne une réponse au sens où il nous renvoie à nos propres préjugés, à nos façons de mépriser, d’aimer ou de ne pouvoir aimer.

A côté de maladresses liées à la caricature des deux personnages, le film joue habilement avec des rencontres étonnantes. Celle qui fait le sujet du film, mais aussi celle d’un réalisateur avec un genre dont il n’a pas l’habitude. Celle d’une actrice, Emilie Duquenne, et d’un comédien de la Comédie française, Loïc Corbery. Leur jeu à la fraicheur, l’intuition juste et heureuse d’un début d’amour.

Le film est encore joué dans quelques salles : laissez-vous séduire vous aussi !

 

 

 

 

 

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