(Please) don’t blame Mexico

Camille Perissé, le 15/06/14

(Please) don’t blame Mexico

 

La logique veut que le hasard fasse toujours bizarrement les choses. L’avantage c’est que, souvent, il les fait bien.

Depuis longtemps, l’envie d’écrire sur le groupe (Please) Don’t Blame Mexico me trottait dans la tête tout comme sa musique, sans pour autant que je passe à l’acte : les idées peuvent nous poursuivre un petit moment avant qu’un coup du destin nous pousse à les rattraper.

Le 27 mars dernier, alors que le président Chinois se balade à Paris, plusieurs stations de métro sont bloquées. Forcée de descendre de mon métro habituel pour changer d’itinéraire, je finis par m’engouffrer dans le wagon d’une autre ligne. Dans la foule des matins perturbés, je tombe nez à nez avec un homme d’une trentaine d’années dont le visage m’est étrangement familier. Je n’aurais certainement jamais reconnu le chanteur de (Please) Don’t Blame Mexico si le hasard n’avait pas fait en sorte, qu’à ce moment précis, mon lecteur MP3 lance une de ses chansons dans mes oreilles.

Jamais je n’eus la sensation d’un secret aussi bien gardé qu’en écoutant une musique tout en contemplant son chanteur, muet et ignorant la situation, là, juste devant moi. Ne pas se faire démasquer, surtout, ne pas trop sourire : plus que deux stations pour profiter, au milieu de la foule, du concert le plus privé de l’histoire de la musique, celui où même le chanteur n’a pas conscience du spectacle qu’il offre.

 

(Please) Don’t Blame Mexico, comme son nom ne l’indique pas, n’est ni anglais ni mexicain mais bien une formation française. Après un premier album Concorde salué par la critique, le groupeprépare un second opus. A travers un répertoire de chansons écrites au cordeau aussi bien en anglais qu’en français, (P)DBM déploie des mélodies souvent travaillées au piano tout en gardant une belle liberté instrumentale dans ses arrangements. Concorde, bijou de sauts et de soubresauts musicaux, est étrangement homogène. Car l’écoute de l’album ménage savamment ses atmosphères et ses humeurs, depuis la très dynamique ouverture The Protocol jusqu’au fondu au noir qu’est l’instrumental Concorde.

(Please) Don’t Blame Mexico est un groupe composé de Thomas Pirot, Raphaël Ankierman et Maxime Chamoux, le chanteur et le parolier. Après de longues disputes avec ma timidité, je prends finalement contact avec ce dernier pour un entretien, cette fois-ci, consenti.

 

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Tout le charme de (P)DBM se trouve dans son habileté à penser, à réfléchir sur sa propre musique tout en la faisant. Et à entendre parler Maxime Chamoux, on ne s’étonne plus de cette relation entre la pratique et la théorie. Jouant de la musique depuis l’âge de 9 ans, il ressent aujourd’hui l’importance du solfège et l’harmonie pour bien pratiquer. Ancien étudiant en philo, il est également critique musical (cf la regrettée revue VoxPop). Malgré une culture imposante, il réussit à « tuer ses pères » et ne se laisse enfermer dans aucune influence. Il préfère leur rendre hommage, comme dans sa jolie chanson sur Paddy McAloon (de Prefab Sprout). Non sans ironie, dans La Pratique, chanson à la mélodie proche d’Elli&Jacno, il raconte la tournée de musiciens trouvant le succès en volant de « bonnes vieilles ficelles musicales».

Pas suffisamment cultivée pour assurer une conversation uniquement sur la musique, je suis secrètement soulagée d’apprendre que Chamoux est cinéphile. Et parler cinéma avec lui me renseigne finalement plus sur sa conception artistique et donc sur sa musique que n’importe quelle question ciblée.

Il aime le septième art et pas des moindres : il fait le grand écart entre Pialat et Kubrick, mais ce n’est pas un hasard puisque les deux cinéastes se rejoignent sur le terrain du perfectionnisme et de l’exigence. Si au cinéma il y a des réalisateurs de l’écriture et du scénario, en musique aussi, il y a des musiciens de plume. Et Maxime Chamoux, comme un bon metteur en scène, privilégie, à travers ses textes, l’émotion sans jamais sacrifier la narration. Le chanteur regrette qu’il y ait trop peu de films aujourd’hui qui tentent de penser les capacités du cinéma, que le progrès cinématographique soit uniquement technologique au détriment de l’esthétique ou de la rhétorique. D’ailleurs, c’est marrant, en musique aussi : s’il trouve que le numérique est un bel outil pour découvrir des artistes, il reste très attaché au disque et au studio.

 

=> pour écouter : https://myspace.com/pleasedontblamemexico/music/albums

=> la page facebook : https://www.facebook.com/pleasedontblamemexico

 

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