Mommy

Elodie Falco, le 14/10/14

La vague « Mommy » a déferlé sur la Croisette et a submergé le public d’émotion. Le cinquième film de Xavier Dolan s’est imposé comme la claque du 67ème Festival de Cannes. De nouveau, le jeune prodige met la figure maternelle au centre de son œuvre. Pour la troisième fois dans les films de Dolan, Anne Dorval interprète le rôle d’une mère excentrique, dépassée financièrement et moralement par les troubles psychiatriques de son fils . Incarné par le prometteur Antoine-Olivier Pilon, Steve est un enfant hyperactif et impulsif, souvent violent, qui sort d’un énième centre pour retourner vivre avec sa mère.  Sur fond de complexe œdipien, ce duo mère/fils décadent contraste avec la quiétude du personnage de Suzanne Clément, la deuxième muse de Dolan : leur voisine Kyla.

Le clivage entre la vie turbulente des Desprès et celle, en apparence, insipide des voisins nourrit le mystérieux traumatisme après lequel Kyla est devenue bègue. Bouleversante, l’union de ces trois personnages se révèle cathartique pour chacun d’eux. « Mommy » dépeint les relations humaines et les problèmes de la vie sans artifice, s’attachant à la vraisemblance.

Les plans de Xavier Dolan éblouissent le spectateur par son esthétisme, notamment à travers l’originalité du format carré qui nous immerge dans l’intériorité des personnages. Le film fait preuve d’une grande modernité et technicité. Dolan prend le risque d’user de la technique kubrickienne : l’utilisation de musiques uniquement connues, comme Wonderwall d’Oasis ou Born to Die de Lana Del Rey… Truffé de surprises jusqu’à la dernière minute, la fin très ouverte de « Mommy » nous laisse le souffle coupé. « Mommy » méritait la Palme d’Or. La longue ovation d’une dizaine de minutes en l’honneur du jeune virtuose Dolan résume à elle seule l’engouement produit par son film. Troublant et touchant, le coup de cœur du public et du jury de Cannes, est en salle depuis une semaine.