Anaïs Duvert, étudiante à Paris 3 et auteur de pièces de théâtre a accepté de retracer son parcours pour Nouvelles Vagues.
pour vous procurer l’ouvrage : http://www.bibliocratie.com/produit/l-m/
Comment en es-tu venue au théâtre puis à l’écriture théâtrale ?
J’ai découvert le théâtre à l’âge de quatorze ans dans les fameux cours d’Itinéraires De Découverte (IDD) au collège. Dès la première minute passée dans ce cours d’IDD Théâtre j’ai senti que quelque chose se passait et allait se passer par la suite avec cet art, qu’une relation s’établissait entre lui et moi. Après un bac littéraire, j’ai commencé une LLCE Anglais (Langues, Littératures et Civilisations Etrangères) où je pensais me plaire. Je me voyais devenir traductrice ou bien professeur d’anglais, tout cela en conservant le théâtre comme «passe-temps», comme «passion». Mais cette définition que j’avais alors accordée au théâtre a vite changé. Le théâtre est devenu pour moi une révélation et agissait comme un aimant sur moi. J’ai donc laissé tomber les études en cours et ai découvert la Sorbonne-Nouvelle où j’allais pouvoir étudier le théâtre. Je n’avais aucune réelle conception du théâtre ou même connaissances chronologiques complètes et fixes sur ce dernier. J’ai commencé cette licence parce que c’était comme ça et que c’était une évidence, parce que mon cœur et mon corps m’y ont eux-mêmes poussée. D’un «passe-temps» le théâtre est devenu une conviction et une certitude. C’était bien en moi et ça l’avait toujours été.
J’ai commencé à écrire vers l’âge de douze ou treize ans, j’écrivais des nouvelles d’adolescente et je continuais mon journal intime tous les soirs. L’écriture dramatique m’est venue bien plus tard, durant ma deuxième année de licence. La première pièce que j’ai écrite (De 3 à 20, 2012) n’est pas tout à fait terminée : elle est bien gardée quelque part, secrètement cachée. A l’heure actuelle je focalise mon travail d’écriture sur le théâtre car c’est mon inspiration qui m’y pousse. Mais j’apprécie énormément les formes courtes telles que la nouvelle par exemple (j’ai en suspend une nouvelle de science-fiction qui ne demande qu’à être travaillée et terminée).
Quelle est ta conception personnelle de l’écriture ?
Selon moi, l’écriture en général est silence et bruit à la fois. Elle est le symptôme délicat d’une envie d’être présent d’une autre façon que par la voix, à son point de départ. Elle est aussi recherches continuelles et observations diverses, elle doit être complète et cohérente; elle vise, pointe et suggère constamment. C’est tout ce travail qui me plaît. L’écriture est ce que l’on ne pourra jamais me retirer car elle est ce que j’appelle mon moyen à moi, ma manière à moi.
Peux-tu nous parler de ta dernière pièce, L.A.M ?
L.A.M est née en novembre 2013 et a été finie en mars 2014. C’est une courte pièce contemporaine où j’ai voulu travailler sur des concepts bien présents dans le théâtre d’aujourd’hui. Elle est le fruit de mes lectures et des spectacles que j’ai pu voir. La ponctuation y manque, la temporalité est éclatée, les protagonistes (je ne sais comment les appeler, surtout pas personnages) n’ont pas de noms et n’ont pas de physique attribué, les didascalies sont inexistantes. La forme de L.A.M est bien sûr du théâtre qui part d’une écriture automatique travaillée et agencée (c’est comme ça que je la nomme). La pensée défile et ne s’arrête que quand il est temps qu’elle s’arrête, même si elle pourrait ne jamais s’arrêter. Mais cette pièce est aussi un peu un fruit empoisonné que j’ai cueilli au fin fond de mon âme. Elle est née de ma vision actuelle du monde et des habitants de ce monde. Je tiens beaucoup à notre propre définition de notre monde à nous, à cette définition que l’on donne à l’endroit d’où l’on vient, où nous siégeons, que ce soit la Terre ou un autre endroit bien sûr… J’aimerais qu’un jour chacun m’offre et me parle de sa vision du monde et de la vision qu’ils ont d’eux-mêmes dans ce monde. Voici alors, dans L.A.M, ce que je me suis conté à moi-même à propos de cette vision aussi vaste et changeante soit-elle.
Qu’Est-ce que Bibliocratie, la plate forme que tu as choisi pour distribuer ta pièce ?
Bibliocratie fait partie de ces sites de crowdfunding (KissKissBankBank, Ulule..), avec une légère nuance. Avec Bibliocratie, le montant du livre est fixé et ne peut pas changer alors qu’avec les autres plates-formes, les internautes choisissent eux-mêmes le montant qu’ils veulent attribuer au projet. Ce qui m’a plus chez Bibliocratie, c’est cette idée que tout peut être publié, qu’il n’y aucune censure, qu’il n’y a pas de jugements faits à propos des œuvres proposées par les auteurs. Lorsque l’on est jeune auteur et que l’on débute dans ce milieu, il est difficile d’être remarqué et édité. Il est difficile tout court d’être. Avec Bibliocratie, on se donne beaucoup d’espoir et on est récompensé quand l’objectif est atteint (pour cette pièce, je devais récolter 50 exemplaires en 60 jours). La récompense, c’est l’impression et l’édition de l’oeuvre. L’auteur est gratifié car il voit son œuvre imprimée et les souscripteurs (ceux qui achètent l’oeuvre) peuvent la recevoir. Je souhaite à tous les jeunes auteurs, tout genres littéraires confondus, de s’intéresser vivement à cette plate-forme car c’est un rêve qui peut se réaliser. Et des rêves nous en avons plein mais un réalisé, c’est extraordinaire.
As-tu un projet en préparation ?
Je suis actuellement en train d’écrire une nouvelle pièce. Elle s’appelle ROADS. Elle ne sera pas terminée maintenant car il est important et essentiel pour moi de travailler et de bien faire attention au résultat que j’attends de cette dernière écriture. Il s’agit d’une fiction où une famille est en crise : un père devenu alcoolique, une mère vouant une adoration pour Dieu à l’abord de la folie, un fils revenant d’un voyage après être parti du cocon familial et une fille internée en hôpital psychiatrique. Le fils découvrant tout cela à son retour, c’est le début d’une nouvelle réalité qui s’infiltre. C’est la découverte d’un monde parallèle mais c’est finalement la découverte d’une grande illusion.