Anna Salimi, le 18/03/15
Joël Pommerat aux Amandiers revisite la Révolution française et l’adapte à notre temps.
Beaucoup pensent que nous avions toujours eu le droit de vote, que la République et la démocratie nous a été offerte par la Révolution de 1789.
Mais non ! Nous avons eu le régime de la démocratie au prix des luttes acharnées des femmes et des hommes.
Joël Pommerat, dans Ça ira (1), fin de Louis, a changé tous les noms et lieux, sauf les noms du roi et de la reine. Pourtant, dès que les comédiens nous amènent aux réunions des « État généraux » et Assemblé de tiers, malgré le décors moderne et dépouillé, c’est le tableau « Le serment du jeu de paume » par DAVID au Musée du château de Versailles qui nous vient à l’esprit.
Tout commence avec le premier discours de Louis XVI sur le déficit budgétaire astronomique de la France et la nécessité d’une réforme fiscale. Le roi veut abolir les privilège des nobles et clergés.
Après des discussions difficile, on propose pour la première fois une élections pour élire des représentants des quartiers. Les « sujets » du roi participent et débattent aussi bien sur la liberté que sur les préoccupations de la vie quotidienne : l’air irrespirable de Paris…
Rapidement des interactions entre la salle et plateau semblent briser le 4ème mur du théâtre. On se croirait dans une Assemblée Générale d’étudiants de n’importe quelle université ou d’ouvriers d’une quelconque ville.
Mais non !
Nous sommes au cœur de l’Histoire de la Révolution française : comme dans toutes les révolutions elle est faite aussi de violences, injures, insultes calomnies et confusion totale.
Le 15 juin 1789 les Députés du tiers état, c’est-à-dire le peuple, participent aux États Généraux du Royaume qui siègent au château de Versailles. Jusqu’à là seulement les nobles et clergés avait leurs représentants au près du roi.
Ce jour les députés du tiers état prononcent le Serment du Jeu de Paume qui est un épisode clé de la Révolution française : ils jurent de ne pas se quitter avant d’avoir donné une Constitution à la France, en voulant constituer une Assemblée Nationale. Louis XVI et son entourage, les nobles et le clergé s’y opposent.
Bien que Louis XVI, en réformateur convaincu cherche une certaine égalité sociale, il veut que les nobles et le clergé aussi payent des impôts.
La troupe est pendant quatre heures sur scène ainsi qu’aux quatre coins de la salle. Elle écoute, prend la parole et nous déroule ces heures palpitantes de la Révolution. Des acteurs excellents dans tous les personnages, joués toujours avec conviction.
Le spectateur, même assis tranquillement dans son fauteuil rouge, est immergé par la présence des corps d’acteurs à ses côtés, par leur cris et souffles, dans le déroulement des événements de 1789 ainsi que dans les problématiques de la société d’aujourd’hui.
Joël Pommerat ne tombe dans le manichéisme, il n’y a pas que de bons et des méchants. Nous sommes en révolution. Nous voulons et espérons de changements et nous changeons aussi, parfois on avance et beaucoup de fois on régresse après avoir avancer un peu.
Comme dit Louis « j’accepte les changements que l’on me demande même en contradiction avec les uns avec les autres. Bientôt ils auront peur des changements, c’est eux qui viendront me demander d’établir l’ordre ancien ».
Même si il a perdu sa tête royale et n’a pas vu comme il le disait juste. Car plut tard c’est Napoléon qui a instaure l’ancien ordre, peut-être Ça ira (2 ou 3) nous parlera de cela.
Ce qui est regrettable dans cette pièce, c’est que Pommerat commet plusieurs maladresses concernant des femmes en tant que sujet de l’histoire. Il ne décolle pas des idées reçues au sujet de Marie-Antoinette Elle est montrée froide et étrangère à la douleur du peuple ! Alors que tous ses personnages évoluent, elle reste toujours antipathique et haïssable.
Pommerat commet un anachronisme : dans l’Assemblé de tiers, il fait présenter des femmes députées là où il n’y avait pas de femme. Cela, au détriment d’un fait historique réel : la Révolution Française s’est faite en grande partie grâce aux femmes. Or, le metteur en scène les réduit à des rôles clichés totalement secondaires, femmes lascives, peu sérieuses… Par exemple lorsque le roi les reçoit, elles veulent le séduire et faire des photos avec lui ou tomber dans ses bras royaux.