Enfin, nous y sommes ! L’année 2016 et le plus grand cirque politique américain médiatisé à travers le monde entier : les élections présidentielles. Les dernières semaines ont été spectaculairement intenses, entre les résultats assez surprenants du caucus de l’Iowa, ceux beaucoup moins surprenants de la primaire de l’état du New Hampshire, du caucus du Nevada ainsi que ceux de la primaire de Caroline du Sud, sans oublier les nombreux débats passionnés des deux camps à travers tout le pays.
En tant qu’étrangère sur place, autrement dit une non-citoyenne américaine mais une nouvelle venue dans la communauté des résidents américains, il est très intéressant, et stimulant, d’observer ce processus et d’écouter les différents opinions et suppositions de citoyens américains, qui, eux, possèdent le pouvoir de voter ; sur qui mérite de remporter cette course d’une part, et qui est plus susceptible de l’emporter d’autre part.
Cependant, il faut garder à l’esprit que les élections présidentielles américaines ont une portée sur…en fait le monde entier. En dépit des théories et des arguments réels confortant un déclin américain global assez relatif, la position de président des Etats-Unis demeure, évidemment, une source majeure de pouvoir global dans un monde multipolaire, et symbolise, au niveau national, la consécration politique ultime. Ainsi, Nous, les peuples non-américains, n’avons pas en notre capacité le pouvoir de voter aux Etats-Unis, mais nous avons incontestablement un avis sur cette course au pouvoir exécutif, et nous allons, sans aucun doute, être affectés par son résultat final à certains moments au cours des quatre prochaines années. C’est pour cela que nous comptons sur vous, le peuple américain, pour faire usage de votre droit et pouvoir démocratique du vote intelligemment et sagement pour le monde entier, merci.
Cette année encore, les élections présidentielles se distinguent par une attention toute particulière concentrée sur les personnalités des candidats, de ce fait mettant en lumière la mosaïque d’idées qui compose le spectre politique américain, en dépit d’une dichotomie historique habituellement assez simple entre Républicains et Démocrates. Cette tendance est particulièrement vraie pour le parti républicain, surtout au vu des circonstances. Il est vrai que le GOP traverse une période de crise identitaire significative, et cela depuis quelques années.
En effet, de nos jours, l’identification au parti républicain peut rapidement devenir trop vague et difficile à saisir, surtout pour une étrangère comme moi : êtes-vous un républicain attaché au Tea Party ? Ou peut-être un républicain affilié au mouvement pro-vie ? Laissez moi devinez, vous êtes républicain-évangéliste, n’est ce pas? Comment? Vous adhérez seulement au classique Grand Old? Ah, votre plus grande mission politique est de d’aller à l’encontre de l’administration d’Obama? Autant pour moi.
Encore une fois, de mon humble (et à moitié ironique) point de vue, la partisanerie semble constamment éclipser l’éléphant couvert d’étoiles patriotiques.
Que sont les candidats républicains prêts à faire afin de sauver les piliers restants du palace républicain, qui fut un temps une entité politique nationale et gouvernante ?
Et bien, la diversité de leurs prises de position ainsi que leurs innombrables querelles politiques sur les plateaux de télévision (d’ailleurs, lors du neuvième débat républicain, j’ai été littéralement captivée par l’atmosphère aux allures de tragédie grecque causée par les lances de critiques pointées sur Jeb Bush concernant la politique extérieure contestable menée par son grand frère), sans mentionner le succès retentissant rencontrés par les candidats anti-establishment que sont Trump et Cruz, symptômes vivants de l’effondrement idéologique du parti républicain. Alliés par le passé, adversaires dans cette course au pouvoir exécutif, ces bêtes de foire politiques ont réussi à rester sur leurs positions très à droite du parti tout en s’emparant du courant principal des idées républicaines.
L’écroulement du GOP mènera t-il à sa disparition ou ouvre t-il la voie à son renouvellement idéologique ? Après la New Right reaganienne, devrons-nous endure une New Right trumpienne, voire cruzienne ?
Par Amal Amaskane