Une Franco-Allemande à Berlin – retour sur quelques clichés allemands
[par Sarah Bronsard]
La plupart des personnes tendent à penser aux clichés lorsqu‘ils sont confrontés à une culture qui leur est étrangère. Les Américains ne mangent que du fast-food, les Italiens sont bruyants, les Français arrogants. Les Grecs ont des difficultés à gérer leur argent – et les Allemands ? Sont-ils vraiment sans humour, disciplinés et économes ? Retour sur un peuple et les préjugés à leur égard.
Les clichés sont rarement complètement infondés ; la plupart d’entre eux contiennent une part de vérité. La plupart reposent cependant sur un manque de connaissances concernant la culture en question. Cela fait deux mois que j’habite en Allemagne, plus précisément à Berlin. La ville a beau être très internationale et sans doute pas représentative du pays tout entier, mais j’ai tout de même pu observer quelques éléments intéressants : beaucoup de clichés allemands se vérifient, du moins en surface.
Les règles sont l’alpha et l’oméga. Oui, les Allemands sont disciplinés, respectent les règles et cette vérité se confirme un peu partout. Particulièrement au feu rouge. Personne ne viendrait à l’idée de traverser la route au rouge, aussi vide qu’elle puisse paraître. Si cela devait arriver, vous pouvez presque être certain qu’il ne s’agit pas d’un citoyen allemand de naissance, qui récoltera des hochements de têtes voire des commentaires pour cette infraction à la règle. A Paris, on verrait l’inverse : dans la capitale française, le chaos est à l’ordre du jour ; du moins en ce qui concerne la circulation. Que ce soit sur la route, au travail ou dans l’administration universitaire, la discipline, ce côté strict qui colle à la peau des Allemands, se vérifie au quotidien. À première vue.
Les « Ampelmännchen », « petits bonhommes du feu », typiques à Berlin
Source : https://www.thinglink.com/scene/643764705873100800
Dans certains domaines, on observe cependant l’inverse. L’école est un bon exemple : l’ambiance de travail dans les salles de classe y est bien plus décontractée qu’en France. Le système scolaire allemand favorise la prise de parole, le débat entre les élèves, les méthodes d’apprentissage divergent beaucoup des françaises. L’autonomie, le travail à la maison sont encouragés pour rendre le dialogue et le débat possibles en cours. L’apprentissage de leçons « par cœur », comme nous le connaissons en France, est un concept majoritairement inconnu outre-Rhin. Il convient donc de nuancer l’idée que ce pays soit complètement obsédé de règles : les Allemands aiment et savent faire la fête. Leur quotidien est bien plus structuré par les fêtes qu’en France. Le carnaval est une période festive particulièrement appréciée. Pendant une semaine, d’immenses défilés sont organisés, des villes entières comme Düsseldorf, Mayence et surtout Cologne sont transformés en lieux de fête. D’autres fêtes religieuses comme Pâques ou Noël sont très importantes : la première s’étire sur deux jours, synonyme de quatre jours de vacances. A Noël, le 26 décembre est également un jour férié et la tradition festive joue un rôle très important. En attestent les nombreux marchés de Noël : la capitale comptait 60 marchés de Noël à elle seule, cette année. S’y ajoutent la célèbre fête de la Bière à Munich, deuxième plus grande fête populaire mondiale, l’amour du football ou encore les nombreuses fêtes organisées dans les résidences étudiantes.
Les nombreux marchés de Noël à Berlin
invitent à profiter de la magie de Noël en famille ou entre amis
Source: https://www.bz-berlin.de/berlin/test-check-top-liste-berlin-ist-die-hauptstadt-der-weihnachtsmaerkte
Les Allemands sont la ponctualité incarnée. Chers Français, oubliez le fameux « quart d’heure de politesse », de coutume en France. Ce cliché se confirme aisément lors d’un voyage à travers Berlin. Il arrive assez rarement que des bus ou des métros berlinois se retardent, il faut plutôt s’attendre à l’inverse. Oui, parfois, les bus ont de l’avance. Cependant, nombreuses sont les fois où l’on reste aigri devant la porte fermée d’un bus, le chauffeur s’obstinant à continuer son trajet. C’est une dure réalité du quotidien : si les portes sont fermées, elles le restent pour de bon. Le chauffeur pourrait être retardé de quelques secondes au prochain arrêt… Cette obligation de ponctualité désespère les uns, mais elle contribue aussi à un quotidien stable et réglementé et ainsi au fonctionnement d’une société tout entière.