PORTRAIT N°1 : Marvin Bonheur, nouvel artiste de la scène urbaine

Pourquoi une série de portraits ? Cette nouvelle série a pour but d’inspirer les autres en racontant l’histoire de ceux qui nous inspirent chaque jour et nous poussent à entreprendre des projets et rester du côté de la productivité. C’est aujourd’hui la seule contagion qu’on espère aussi grande que possible, celle de l’envie de se lancer.

Farah Ziane | Le premier portrait de cette série hebdomadaire spéciale confinement est dédié au très talentueux Marvin Bonheur, photographe et plasticien originaire de Aulnay-sous-Bois. Il nous présente son parcours, ses expériences, son histoire, après le succès de sa trilogie du bonheur exposée au Floréal Belleville à Paris.

Nous l’avons rencontré le dernier jour de cet évènement qui se présente en trois chapitres : Alzheimer, Thérapie, et Renaissance, tous réunis sous le même toit à l’occasion de cette exposition éphémère.

Le projet photo de Marvin présente des scènes de vie venant des quartiers populaires français, d’Aulnay-Sous-Bois en passant par Sevran, il tente de retranscrire ces moments à travers sa pellicule.

Il suit tout d’abord une formation d’art à Bobigny, puis il arrive à Paris en 2014, et observe un décalage entre le 93 et la scène parisienne :

« arrivé sur Paris on se rend compte qu’il y a un problème avec le 93, et que en ayant fait les mêmes efforts, on part avec un désavantage. J’me suis pris des claques. »

Cette même année signe l’arrivée d’une crise identitaire chez le photographe, il annonce avoir voulu quitter sa cité pour devenir parisien. Une fois à Paris il ne s’y sent toujours pas chez lui alors Marvin se demande : « qu’est-ce que je suis ? »

Il réfléchit sur sa condition mais aussi celles des autres et s’intéresse aux souvenirs à l’occasion d’une rencontre marquante, il souhaite raconter son histoire, mais complexé par cette dernière il décide de se taire. Et c’est ici que tout commence. M. Bonheur souhaite quitter son quartier qu’il observe avec attention et il décide finalement de créer ses propres souvenirs :

« T’es tellement dans l’envie de partir que tu regardes pas ce qu’il y a autour de toi. Donc je me suis dit qu’il fallait que je capture ça, sinon j’aurai pas de souvenirs de mon enfance. Je me suis fait mon album, celui de mon 93, et je prenais des photos des lieux qui me rappelaient mon enfance ».

Ce projet dure 3 ans, et c’était une thérapie pour l’artiste, une thérapie sur lui-même, car il avait ce besoin de raconter, de montrer, de revendiquer des choses. Il le dit lui-même au détour d’une question :

«  Moi mon but c’est pas de sublimer la banlieue, c’est de montrer une réalité et une diversité surtout, j’ai toujours voulu revendiquer des choses d’où les titres de mes photos. »

Ces œuvres connaissent un engouement de plus en plus important, Marvin est de plus en plus visible, et il ne le comprend pas sur le moment car ses œuvres lui paraissent bien « banales ». C’est une montée en puissance pour le photographe qui enchaîne les projets avec des grandes marques comme Jordan dont il est l’ambassadeur aujourd’hui. Malgré ce succès il garde les pieds sur terre, et dit que ses œuvres n’ont rien d’exceptionnelles selon lui, car « il fallait juste y penser ! ».

Les photographies de Marvin présentent pourtant un nouveau regard sur ces quartiers, un regard frais, puissant et nécessaire. C’est une nouvelle perception des cités qu’il présente, une version qui se détache des clichés et autres stéréotypes, et ça, ça fait du bien. On y trouve des images d’immeubles, mais aussi de nombreux portraits qui montrent des cités vivantes et des individus passionnés. Dans le dernier chapitre de sa trilogie, Renaissance, Marvin présente ses œuvres sous un seul mot d’ordre : « rêver ».

C’est un chapitre qui lui rappelle directement son enfance, et un épisode en particulier, celui d’une rencontre avec une certaine conseillère d’orientation :

«  j’y dénonce un passage de mon enfance où la conseillère d’orientation m’avait dit que comme j’étais du 93, en me faisant comprendre que comme j’étais noir, c’était impossible. C’est quelque chose qui m’a marqué parce que je me suis dit qu’elle avait dû dire ça à tellement d’autres élèves ! ».

Mais Marvin n’écoute pas, selon lui on ne peut pas stopper un rêve,

« on ne peut pas dire à un élève que son rêve est inaccessible… Puis je me suis retrouvé ambassadeur d’une collection PSG-Jordan en Corée et au Japon ! Ma tête était partout, on parlait de moi et de mon travail, de Marvin Bonheur ! Et je viens d’une ZEP pourtant. »

Marvin n’arrête donc jamais de rêver, il vit aujourd’hui entre Paris et Londres où il travaille sur de nombreux projets, notamment sur un documentaire lié aux jeunes de quartiers londoniens, mais il ne lâche pas son appareil pour autant et continu à figer le temps dans ces quartiers, pour le plus grand plaisir des spectateurs et autres amateurs de photographie.

Finalement, nous nous sommes permis de lui demander s’il avait un conseil pour les jeunes rêveurs de France et de Navarre, Marvin nous laisse alors sur ces mots : « N’écoutes pas les autres et fonces ! J’ai jamais arrêté de rêver, je ne m’arrêterai jamais.».

Marvin Bonheur est officiellement l’une de nos sources d’inspiration ici, et on te dit merci de représenter le premier chapitre de ce format, et merci pour l’inspi !

Enfin on finit par le conseil spécial confinement de Marvin : « écoutez du bon son, tentez-vous à une œuvre artistique, et réalisez que un mois chez soi c’est mieux qu’une vie dehors. »

Le travail de Marvin Bonheur à découvrir sur ses différents réseaux : (instagram) @monsieurbonheur / (facebook) Marvin Bonheur / (site web) monsieurbonheurartist.com

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