Onomastique, non merci (mode)

Lise Journat, le 28/05/12

Manifeste contre certains noms donnés aux fringues.

Votre Jean porte un prénom qui n’est pas le votre ? Votre Soutif s’appelle « folle passion » (si si, vous l’avez lu sur l’étiquette) ? Vous aimeriez qu’on vous vende des vêtements sans pour autant vous prendre pour une gourde ? Ralliez la cause de cet article !

Quand vous étiez petite, votre mère, grand-mère ou arrière-tante cousait votre nom sur une petite étiquette elle-même cousue à vos vêtements, si bien que vous vous en sortiez toujours les pieds saufs après un combat via lancée de chaussettes.

Désormais – cela va de paire avec les conséquences futiles du monde moderne – vous souffrez de skyzophrénie vestimentaire. Votre Jean s’appelle Alice, votre débardeur, c’est Kitty et n’oublions pas Odette, votre chemise à carreaux.

Pour les besoins de l’enquête, nous déshabillons Antoine – étudiant lambda – pour voir s’il souffre de la même pathologie. Et bien non : son Jean ne s’appelle ni Arthur, ni Quentin, ni même Chris. Alors que nous le rhabillons, il nous demande, amusé :  « Vous pensez vraiment que j’irais porter des fringues avec le prénom d’un autre mec ? ».

Nous nous rendons ensuite sur le site de lingerie d’une marque très connue pour avérer les faits. Nous ne sommes pas déçues par les noms donnés aux ensembles, qu’ils fassent appel aux péchés élémentaires ( « gourmandise », « délice », « convoitise »), allusion à l’effet produit – c’est notre hypothèse (« hypnose », « coup d’éclat ») ou encore qu’ils nous attribuent certaines qualités – ou vices ( « insolence », « ingénue », « autonome » ). Enfin, nous remarquons que les esprits poétiques n’ont pas été oubliés, comme nous le fait observer le soutien-gorge « mignonne » (une allusion au carpe diem ronsardien ?) ou tout bonnement, le shorty nommé « poème ».

Nous laissons enfin la parole à trois étudiantes pour mettre en évidence une série de mises en échec de ces stratégies marketing qui usent (et abusent) de l’affectif et du dénominatif pour nous faire sentir plus proches de nos vêtements.

Emeline, LLCE : « J’achetais une culotte chez **** – tout se passait bien jusqu’à ce que je lise sur l’étiquette que le modèle était nommé « exubérante ». Pourquoi pas « chaudasse » pendant qu’ils y sont ? Autant dire que j’ai immédiatement reposé l’article ».

Kenza, Cinéma : « J’avais repéré un modèle sur le site de la marque que je ne trouvais pas en magasin. Je le décris à la vendeuse qui me demande si je me souviens du nom du modèle. Je me voyais mal lui dire que je voulais la culotte « amoureuse ». »

Nina, lettres modernes : « J’allais m’acheter un soutien-gorge mais j’ai renoncé quand j’ai vu qu’il s’appelait « Nina ». Déjà que j’ai le parfum… »

2 commentaires

  1. Moi aussi j’ai le même problème car Calvin et Hugo ne sont pas des nom que j’apprécie forcément.

  2. Et la journaliste qui prétend que les garçons n’ont pas le même problème… Méconnaissance du terrain. Merci Guillaume pour ce témoignage personnel poignant.

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