Guillaume Collet, le 10/09/12
ELOGE DU MASQUE
Laurence Anyways
de Xavier Dolan
avec Melvil Poupaud, Suzanne Clément, Nathalie Baye
Sorti le 18 Juillet
Alors qu’égarés dans la dialectique vestimentaire de notre garde robe – nœud papillon ou cravate? escarpins ou spartiates? – chaque décision amène des réflexions abyssales parsemées de choix Cornéliens, Laurence, jeune professeur de littérature, sait ce qu’il veut. Des jupes, des boucles d’oreilles, des bas et des talons assortis… Il souhaite s’habiller comme une femme. Par souci de vérité, il doit se travestir. Car Laurence fait partie de ces êtres dont la naissance laisse insatisfaite, homme, il se sent femme.
En suivant les transformations de ce pygmalion nombriliste, le réalisateur Xavier Dolan entraine notre cerveau d’hétéro-bipolaire dans une ballade kitch et décomplexée. Le montage qui s’emballe sur les tubes de pop millésimés omniprésents flirte souvent avec le clip. C’est un peu la création de MTV. Peu de décor et pas un costume ne semble sur l’emprise du bon goût des années »80″ et « 90 ». Mais cette opulence visuelle, le soin apporté à l’image, format « carré » et cadrage soigné sont au service du sérieux du sujet et du lot de problèmes qu’il soulève. Cet astucieux équilibre écarte l’ennui de ce film long, presque trois heures, qui aborde sous le prisme du couple les problèmes du travestissement. Dispute, réconciliation, rires et pleurs se succèdent. Un être s’accomplit sous nos yeux tout en mettant en danger son couple, ses relations avec ses proches. La lutte est sans pitié, autant avec soi qu’avec les autres.
Laurence Anyway est un film sur les frontière formées par le regard d’une société attachée à l’homogénéité. Ici le maquillage outrancier, les breloques carnavalesques sont un moyen de s’émanciper. Un bel hommage à ces personnes qui fabriquent leur être à grands coups d’artifices pour enfin trouver leur vérité.
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