Justine Le Moult, le 24/10/12
Calvin tout puissant
Elle s’appelle Ruby-
de Jonathan Dayton, avec Paul Dano et Zoe Kazan.
Quel créateur n’a pas rêvé un jour de donner corps à sa création? Quel créateur n’a pas désiré insuffler vie à un idéal de l’esprit? C’est de ce rêve ancestral, ce mythe de Pygmalion, que s’inspire Jonathan Dayton pour réaliser cette comédie romantique douce-amère.
Calvin, célèbre écrivain au bord de la page blanche, aussi maladroit, misanthrope et tirant sur la mégalomanie qu’un Woody Allen, se met à rêver de la femme parfaite ( sublime scène d’ouverture toute en lumière et en douceur brumeuse des songes). Lorsque son psychiatre lui conseille d’écrire sur celle-ci, la rougeoyante Ruby débarque littéralement dans sa vie, sans prévenir. Il tombe bien sûr amoureux de cette rousse au joli minois qui incarne tous ses fantasmes (on peut saluer la belle prestation de Zoe Kazan, tout en candeur et en pétillance), ce qui ne va pas sans chambouler sa vie… Au fil des fondus au noir, on suit l’évolution de cette histoire d’amour invraisemblable, entre scènes tendres et cocasses, sur une bande-son aussi charmante que la belle Ruby.
Mais l’héroïne et l’histoire sont trop belles pour être vraies! Le conte vire doucement au cauchemar lorsque Calvin se rend compte qu’il peut perdre sa bien-aimée, trop frivole à son goût; il reprend alors la plume pour modifier quelques traits de sa personnalité. Le film prend alors toute son ampleur et vire à l’inquiétant lorsque le jeune homme se révèle maître absolu de sa création, Ruby n’étant plus qu’un simple pantin entre ses mains…
Bien sûr, on n’échappe pas au happy end, mais le film vaut le détour, ne serait-ce que pour son humour et la réflexion qu’il pose sur la création et sa genèse, la mégalomanie du créateur, et la liberté toujours relative dans un couple par rapport à l’autre qui nous idéalise et nous veut à son image.