C’est en errant du côté de l’Hôtel des Invalides que j’ai découvert une exposition photographique saluant l’engagement des Harkis aux côtés de la France au cours de la guerre d’Algérie (1954-1962), dans les douves de celui-ci.
Le Fonds pour la Mémoire des Harkis (FMH), l’Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense (ECPAD) et le Gouverneur militaire de Paris s’unissent afin d’honorer de manière artistique et avant tout historique, les Harkis, longtemps considérés comme les grands oubliés de la guerre après le cessez-le-feu de 1962.
A l’occasion des 50 ans de la fin de la guerre d’Algérie, et depuis le 18 septembre, vingt-deux photographies en noir et blanc sont exposées dans les douves des Invalides, sous les canons rangés en champ de bataille que les touristes se plaisent à figer sur leur pellicule. L’inauguration a eu lieu une semaine avant la « Journée nationale d’hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives ».
Cette journée de commémoration a eu lieu pour la première fois en 2001. En 2003, le Président Chirac la rend officielle par le décret du 31 mars. Depuis, chaque 25 septembre célèbre la mémoire des soldats qui ont combattu aux côtés de la France durant la guerre d’Algérie.
Il est possible d’observer de magnifiques clichés montrant les soldats de l’un des premiers commandos de chasse, le « Commando George », pendant la guerre. D’une part entourés d’enfants et sur le point de partager un méchoui, d’autre part posant pour une photo de groupe en compagnie du Lieutenant Georges Grillot sous un soleil de plomb.
Il est aussi possible de contempler une foule de Harkis, dans un camp ou bagages en main, attendant d’embarquer, au port de Bône pour la France. En effet, après la guerre, certaines familles se sont vues accorder le droit de quitter l’Algérie. D’autres, contraints de rester sur place, vont être victimes de massacre et accusés de trahison pour avoir « collaboré » avec le gouvernement français.
Femmes et enfants sont eux aussi au cœur de l’exposition. Les femmes prenant part aux tâches quotidiennes comme la lessive quand elles ne s’occupent pas de nourrir les enfants ou de porter les armes pour les Harkettes de Catinat, seule formation féminine pendant la guerre d’Algérie. Elles ont été, au même titre que les Harkis, accusées de trahison envers le gouvernement algérien.
Les vingt-deux clichés valent un détour du côté des Invalides pour découvrir ou redécouvrir, ceux et celles qui ont donné leur vie pour la France. Les derniers présidents de la République ont tenté de célébrer les Harkis mais le processus de réhabilitation de leur mémoire demeure inachevé et les revendications des Harkis et de leur famille ne sont entendues qu’à demi-mot.
HARKIS LES CAMPS D LA HONTE :
lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l’époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l’Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l’ isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd’hui se décide à parler.
35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.
Sur radio-alpes.net – Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) – Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone…émotions et voile de censure levé ! Les Accords d’Evian n’effacent pas le passé, mais l’avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)
Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net