KEITH HARING: The Political Line
(19 avril – 18 août)
Cecilia Triay, le 22/05/2013

C’est dans le cadre de « La Nuit des Musées », samedi 18 mai, que j’ai assisté à la rétrospective consacrée à Keith Haring (1958-90) – au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris (en partenariat avec le Centquatre) – accompagnée d’un concert de Jazz en prime, s’il vous plait!
L’artiste aurait apprécié ce type d’événement, lui qui considérait l’art comme un moyen de s’adresser à tous.
Il s’installe à New York en 1978 où il investit l’espace public avec ces « Subway Drawings ». Les protagonistes de ces œuvres n’ont pas d’identité; ils sont sans visages. Peut-être est-ce un moyen d’impliquer tous les spectateurs afin qu’ils s’identifient plus facilement à la scène dépeinte? Outre les toiles et affiches, Keith Haring emploi divers médias tels que sarcophage, paravent et poteries. Au delà de l’utilisation de la peinture conventionnelle, de la craie et du collage, certains tableaux sont réalisés à l’aide de peinture fluorescente (exposés dans une salle adaptée avec de la lumière noire). Malgré la renommée qu’il acquerra il n’en oublia pas moins ces pairs avec quelques clins d’œil fait à Jean Michel Basquiat et Andy Wharol.
Keith Haring, c’est un univers, dans lequel de nombreux sujets sont abordés. A travers ces œuvres transparaît son combat contre tous les excès. Parmi eux ont peut citer les excès du capitalisme, de la religion, des médias dont il craint l’hégémonie (surtout celle des nouvelles technologies sur la créativité). Il a également milité contre le racisme; il s’engage dans le mouvement pour l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud. À l’aire du nucléaire, il fut préoccupé par les questions environnementales et la responsabilité de l’Homme. De plus son travail reflète sa lutte contre la soumission de l’individu face à l’Etat, notamment dans la métaphore de la confrontation entre chien et graffeur. Enfin, le sexe tient une place importante dans ces travaux où la représentation du pénis est à l’honneur. À New York il vit pleinement son homosexualité. Dans les années 80, le sida émerge; dès lors il fera la promotion de rapports protégés. Malheureusement il est contaminé en 1988. Créer et peindre deviennent des moyens d’exister devant une mort menaçante.
Keith Haring a su imposer et faire valoir ces graphismes tout en y attribuant une sorte de conscience politique et sociale. Et c’est avec un peu d’émotion qu’on quitte l’exposition qui se termine sur une œuvre inachevée « Unfinished Painting » (1989); laissant le spectateur à se demander: et s’il avait eu le temps ou la volonté…?