Capucine Michelet, le 12/09/2013
Alabama Monroe, en salles depuis le 28 août 2013.
Toujours en salle au cinéma Saint-André-des-Arts (métro Saint-Michel / Odéon)
Tarif étudiant : 6,5 euros
Il a la musique bluegrass dans la peau, elle, des tatouages jusqu’au bout des ongles. Comme ils l’ont juré, ils se soutiendront « dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie ». Et c’est bien cela qui va pourtant les séparer. La leucémie de leur petite fille Maybelle, alors âgée de 7 ans, fait une entrée tonitruante et écrase tout sur son passage. L’harmonie de la famille se délite au même rythme que l’état de la petite patiente empire. Des destins à jamais brisés par cette épreuve qui fait tout voler en éclat : leur amour, leurs promesses, leur équilibre.
Quoi de plus facile pour émouvoir qu’un enfant mourant me direz-vous ? Bien loin de nous servir un film rempli de pathos, Felix von Groeningen a su finement dépasser les clichés et les scènes auxquelles on s’attend. Après La Merditude des choses, le talent du réalisateur transcende sa Belgique natale et conquit les spectateurs français par la même occasion. Le travail sur les lumières nous fait découvrir des paysages d’une éclatante blancheur qui plonge le spectateur dans une atemporalité la plus totale. Le choix d’un récit non chronologique participe à porter les scènes à leur apogée. Les séquences miment le rythme de la vie, qui comme tout à chacun le sait, est bien loin d’être linéaire. Un découpage qui s’enchaîne sans aucun battement ni fausse note. Blue Valentine (de Derek Cianfrance avec Ryan Gosling & Michelle Williams) avait aussi pris le parti d’étudier un couple sous ses différents états: leurs instants d’osmose et d’autres, reflets de la décrépitude de leur amour.
Auteur de la pièce de théâtre dont est adapté le film, le père (joué par Johan Heldenbergh) tente de dépasser la perte de sa fille en un combat pour lequel il est prêt à se battre bec et ongles. Le film apporte toute une dimension politique et scientifique en posant un regard sur les polémiques liées à l’utilisation de cellules souches. Une évolution essentielle dans le processus de traitement de certains malades. Elle (Veerle Baetens), excelle et a su trouver une justesse exceptionnelle dans le rôle de ce personnage qui vit l’insupportable, la douleur la plus déchirante qui puisse être.
Nombreux sont les critiques à avoir fait un parallèle avec La Guerre est déclarée (Valérie Donzelli) qui, mettant aussi en scène un couple face à la maladie de leur enfant se doit de faire ça. Sans pousser la comparaison trop loin, les deux couples culpabilisent, rejettent parfois la faute sur leur partenaire, mais « n’auraient pourtant pu vivre ça avec personne d’autre ».
Quelque peu éclipsé par les nombreuses sorties de la rentrée, Alabama Monroe est un film dont l’effet s’infuse dans l’esprit du spectateur. Une histoire difficile à oublier et une BO entraînante que l’on aura bien du mal à faire sortir de nos têtes.
Merci de parler du film Capucine, il en vaut la peine ! Et il mérite qu’on s’intéresse à son réalisateur. « La Merditude des choses », un film couleur bière, était déjà très intéressant. La belgique a de la réserve!