Sophia Liu, le 25/09/2013
Notre court métrage « Ne te retourne pas » a été sélectionné par le 19ème édition du Festival Chéries-Chéris 2013 (Le Festival International du Film LGBT à Paris), et sera projeté au Forum des Images à Paris au mercredi 16 Octobre à 14 :30 et au samedi 19 Octobre à 15 :00 dans la section du court métrage français. A cette occasion, je tiens à remercier mon école Université de Paris III et j’ai le plaisir de vous inviter à venir nombreux à nos projections.
Paris. La nuit. Deux solitaires Natalie et Louise se rencontrent par hasard. Dès le premier croisement de regards, elles s’attirent mutuellement jusqu’à l’impossible. Une relation se noue, s’installe, flotte entre amitié et amour. Les frontières des sentiments s’estompent. Les corps se frôlent, se résistent, font tout pour se résister… Les âmes en sont encore plus attirées.
L’idéal impossible à achever, l’amour omniscient, la fusion rêvée et déchirante, la vie sublimée par l’étincelle de la joie, la beauté dans un monde transcendant et poétique, tout s’entremêle. Mais l’ombre du passé de Louise pèse sur le présent et le futur de ces deux destins entrelacés. L’histoire qui se joue entre Louise et Natalie interroge sur le réel, l’existence et l’identité du genre. Louise existe-t-elle vraiment ? Ou est-ce simplement une projection psychique d’un « moi idéal », créé par l’âme solitaire de Natalie ? Louise pourra-t-elle se reconnaître dans une telle aventure ? Pourra-t-elle se reconstruire une nouvelle identité au-delà de la norme qui n’appartient qu’à elle-même? Osera-t-elle se retourner, pour saisir enfin l’authenticité dans le réel, que ce soit l’amour, l’espoir ou le désenchantement ?
A l’époque lorsque j’écrivais cette histoire, je n’ai jamais pu penser qu’un peu plus tard elle deviendra le scénario d’un court métrage. Grâce à mes rencontres avec des artistes à Paris, et notamment grâce à l’engagement initial de Benjamin Blot (ancien élève de Paris 3 et de Paris 10), nous avons pu lancé ce projet de court métrage vers fin 2011. Lorsque l’on était encore dans la préparation, rien n’a été encore tangible dans ma tête. Jusqu’à la dernière séance d’essai avant le tournage, quand j’ai vu les deux futurs actrices jouer la scène de rêve, je me suis dit qu’il fallait absolument que l’on fasse vivre cette histoire, qu’il fallait qu’elle sorte des papiers et soit portée à l’écran, quelques soient les conditions et les difficultés.
Ainsi, le tournage a commencé avec une petite équipe flexible et efficace. Ma famille m’a généreusement aidé sur les difficultés financières : la régie, les frais de transport etc. Benjamin s’est investi pour la location des matériels, Alyson venait à Paris pour la prise de son, les actrices ont montré leurs capacités professionnelles avec une grande générosité, des amis venaient aux tournages pour nous aider : des essaies des Steadycams pendant des heures, des tournages qui duraient jusqu’à quatre heure du matin… Tout cela pour un seul but – que le film puisse voir son grand jour.
Les deux artistes suédoises Niki Yrla et Anna Classon m’ont donné des immenses soutiens pendant la postproduction. Je suis partie en Suède pour déterminer le choix des musiques avec Niki, Anna travaille avec moi en distance entre Paris et Stockholm. Benjamin nous donne des conseils et des avis depuis l’Argentine. A Paris, j’ai travaillé avec les trois monteuses étape par étape. Des nombreux artistes partout dans le monde ont contribués à ce projet des manières diverses : des avis sur le montage, des conseils pour la production etc. Nous avons également obtenu des conseils et des soutiens des organisations et des associations tels MFC (Maison du Film Court), l’université de Paris 3, La mutinerie, Galerie Pierre Alain Chalier, Touscoprod et Barbieturix etc. Il y a aussi une scène qui a été tourné dans le bureau du service culturel de Paris 3.
Pour moi, ce film est un rêve, une aventure, un miracle, un début de quelque chose de merveilleux et significative. Je voulais interroger les sentiments humains et notamment la relation féminine par ce film : où est la différence entre l’amour et l’amitié ? Qui nous sommes ? Comment vit-on la solitude dans une époque postmoderne ? Pourquoi l’attirance, la passion, l’attachement et le sentiment d’appartenance peuvent nous faire si peur ? Pourquoi lorsque l’on aime, on tente à être l’autre ? Quel rôle joue la confrontation de hétérogénéité dans une relation amoureuse ? Ce projet est une pure nécessité qui exprime l’urgence de vivre, une aventure qui ressemble un peu à la folie. Simplement, nous voulons vivre, prouver l’existence par un art authentique, créer quelque chose de bon et de beau sans peur de la contrainte commerciale. Nous voulons faire un film totalement indépendant, un film d’auteur qui exprime une vision par le choix esthétique, littéraire et artistique. Comme disait Kant « Le sublime émue, le beau charme. »
C’est un projet d’étudiant sans financement, mais plein de rêve et d’élan. C’est aussi un projet monté par des rencontres et forgé par des amitiés. Une utopie de la jeunesse survécue et réussie. c’est la liberté d’une volonté créative qui nous a librement réunit, c’est la liberté artistique nous a fait vivre ses envies et ses rêves sans censure, ni tabous. J’aimerais simplement dire : vivre la jeunesse et merci à tous !