12 years a slave et 2 critiques
Par Paulina GM, le 10/01/14
12 YEARS A SLAVE
de Steve McQueen avec Chiwitel Ejiofor
En s’associant avec la grosse boîte de production Plan B Entertainment (Troie, World War Z mais aussi Les Infiltrés, The three of life etc) Steve McQueen a délibérément choisi de faire un film plus commercial dans sa réalisation pour que son propos puissant puisse toucher le plus grand nombre.
Avec Hunger et Shame le réalisateur britannique s’était emparé de deux sujets tabous (l’impassibilité de Tatcher devant la grève de la faim de Bobby Sands et l’addiction sexuelle) en les mettant brillamment en scène. 12 Years a slave est un film plus conventionnel frôlant l’académisme où nombre de scènes et d’ellipses paraissent inutiles. On retiendra pourtant celle qui fait d’ors et déjà partie de l’histoire du cinéma, où la violence passe par le silence et où la souffrance physique du héros devient notre violence psychique, celle où Solomon est puni toute une journée durant, au bout d’une corde.
Malgré le fait que Steve McQueen s’intéresse à une histoire originale jamais traitée au cinéma : l’enlèvement d’un homme libre noir pour en faire un esclave en Louisiane, il n’évite pas l’écueil de la leçon d’histoire et de morale. Solomon, notre héros, rencontrera le bon, la brute et le conciliant, histoire de montrer que tout n’est pas blanc ou noir… La dernière partie du film se concentre sur la passion incontrôlée qu’entretient l’esclavagiste interprété par Michael Fassbender (le chouchou de McQueen) pour une jeune noire, jouée par Lupita Nyong’o. Tout en comprenant l’intérêt que présente cet amour qui échappe totalement à la brute, il m’a semblé que c’était là une partie trop dérangeante et ambiguë, en particulier dans la dernière, ultime et cruelle scène de violence du long-métrage.
Si le film a été trop rapidement acclamé de “chef d’oeuvre’ on ne peut lui enlever ses qualités qui résident d’abord dans le jeu des acteurs, tous très bons. Admirablement dirigé Ejiofor est absolument bouleversant, son corps s’est entièrement emparé du personnage et même son regard, le moindre frémissement de son visage, semblent vivre ce que le véritable Solomon a vécu au XIX siècle. Un calvaire, un enfer, qu’il est nécessaire que les puissances occidentales impliquées reconnaissent enfin et qu’il faut expliquer aux jeunes générations pour éviter toute nouvelle discrimination mais aussi toute rancœur possible. McQueen est très clair, s’éloigne de Tarantino et de son obsession pour la vengeance. Étrangement 12 Years a slave a alors aussi une dimension cathartique, en imposant les images il impose le passé et nous en libère en même temps.
Pour lire d’autres articles de Paulina : http://chroniques2014.tumblr.com
Par Charine Bederar,
le 30/01/14
Steve Mcqueen, grand gagnant de nombreux prix cinématographiques, choisit dernièrement d’adapter le livre autobiographique « Douze ans d’esclavage » qui retrace une partie de la vie du violoniste Solomon Northup.
Ce film raconte comment un homme, dit libre de tous ses droits, se voit enlevé et vendu comme esclave, balloté entre plusieurs maîtres durant douze longues années.
Mcqueen choisit pour cela un casting plus que prometteur. Tout d’abord il se rallie à un de ses acteurs favoris, Michael Fassbender, qui jouera l’antagoniste du film, l’esclavagiste blanc. Il choisit pour interpréter Solomon Northup l’acteur britannique Chiwetel Ejofor qu’il compare à la stature d’un Sidney Poitier. Et donne son premier rôle à la jeune comédienne Lupita Nyong’o qui compte déjà à son actif une vingtaine de récompenses pour son rôle dans ce film.
Le réalisateur revisite une partie sombre de l’histoire américaine en choisissant de filmer des scènes plus que douloureuses sans coupe pour le spectateur. Le but étant de ne pas laisser le spectateur se relâcher de l’histoire et en quelque sorte, de se mettre à la place de la personne battue ou fouettée.
Steve Mcqueen explique dans une interview « Il ne s’agit pas de choquer les gens, cela ne m’intéresse pas, mais il s’agit de faire preuve de responsabilité face à cette histoire ».
Il avoue avoir choisi ce sujet de l’esclavage car il vit à Amsterdam où le plus connu des livres autobiographiques reste celui d’Anne Frank. Il compare ces deux livres comme traitant du même sujet, celui de l’oppression de l’homme mais écrits à plusieurs années d’écart.
Ce film qui est sorti le 22 janvier dernier a déjà reçu un accueil plus que positif outre atlantique et est considéré comme très réaliste et fidèle à l’œuvre de Northup.
Charine Bederar.