Salimi Anna, le 06/11/15
Le Réformateur de Thomas Bernhard.
Théâtre de l’Oeuvre
Les deux acteurs magnifiques nous peignent dans un décors assez bourgeois un tableau très noir de violence domestique.
Serge Merlin, avec son génie de la scène, incarne ce personnage avec son brillant jeu d’acteur : les mains tremblantes, la voix sombre et rauque, des cris aigus… nous montre les multitudes d’états d’âme de son personnage. Misanthrope et misogyne, en attente de reconnaissance tout en outrageant ses admirateurs. Il s’agit d’un tyran domestique, médisant et violent ; philosophe dont le «Traité sur la destruction du monde» est connu internationalement.
Sa servante, qui est son épousée par promesse, le porte à bout de bras dans ses apparitions et disparations dans la chambre du philosophe, aux rythmes des crises.
Il ne peut supporter qu’elle ne soit pas sous yeux. Mais lorsqu’elle l’est, elle essuie ses coups et insultes, en restant muette. Elle se raidit, se crispe et quitte la pièce. Pour « l’occuper » ; aussitôt, il l’appelle, lui déclare ses regrets à demi-mots. Elle se décontracte avant l’esquisse de l’ombre pâle d’un sourire sur ses lèvres, il recommence : « si on n’occupe pas les femmes, elles vont essayer les vêtements ». Il finit par la « pousser » vers la mort, la chute belle et romantique de Ruth Orthmann met fin aux râles du philosophe.
Allez le voir Le Réformateur de Thomas Bernhard au Théâtre de l’œuvre si vous voulez vous délecter de sublimes jeux d’acteurs.
Nouvelles Vagues 