La Primera carta de San Pablo a los Corintios.
Texte et mise en scène par la comédienne : Angélica Liddell
La pièce s’ouvre sur la photo de Charles Manson (le criminel de la fin des années soixante). Le texte est composé de 3 lettres, une missive extraite des Communiants de Bergman, la lettre de la reine du calvaire au grand amant (le texte d’Angélic), et enfin les versets de la première épître aux Corinthiens de Saint Paul.
Les images : un homme nu, auquel il sera prélevé du sang qui s’égouttera plus tard sur un tissu, une femme à qui il coupera les cheveux, d’autres femmes au crâne rasé, qui s’allongeront sur des poutres, et Angélica Liddell dans une superbe robe rouge, râle un texte, en quête d’une transe factice. Tout cela au service d’un spectacle vain, prétentieux, si ce n’est d’exhiber une souffrance très personnelle.
La pièce, sous l’invocation de Paul de Tarse dit Saint Paul, est une invitation aux rituels religieux. Egalement, sont présents les accessoires religieux : croix, mallette où le prêtre- l’homme-nu-Jésus (?) range son matériel pour dire la messe.
Des poutres tombent des cintres, symboles phalliques ou religieux. Elles sont étreintes par des femmes tondues et nues. Une poche de sang goutte sur une toile blanche. Ce rite cruel se déroule sous la nudité lumineuse de la Vénus d’Urbin du Titien. (Déesse des Corinthiens, à l’époque de Paul de Tarse) « Christianisme est fondé sur la pitié, Vénus sur la cruauté1 » nous dit Angélica Liddell.
Des kilomètres de rideaux de velours rouge couvrent le plateau :Suggérèrent-ils la solennité, la sensualité ? Non ! Nous assistons à un spectacle d’une violence mortifère.
Au début de la pièce, il n’y a pas grand-chose à voir, plus tard on regrette ce qui nous est montré : la logorrhée d’Angélica, les images kitsch et comme si cela ne suffisait pas : la musique assourdissante.
Angélica Liddell dit avoir « besoin de se réconcilier avec le concept de Dieu, ou de batailler avec lui, comme Jacob avec l’Ange ». Dieu, la divinisation de l’être aimé et le mysticisme sont ainsi au cœur de La Primera carta de San Pablo a los Corintios. Mais le désir de réunir Dieu, l’amour et la mort, son mysticisme sa volonté d’être chienne de dieu peut-il être présenté comme du théâtre ?
Son amour est un amour mortifère à l’image d’une religion véhiculée par Paul de Tarses : « je ressens plus de plaisir avec la mort que celui qu’on peut recueillir dans tous les bordels du monde » dit-elle.
Et son théâtre n’est qu’une performance ; où Angélica Liddell veut faire comme Artaud utiliser et transforme le corps. Contrairement à Artaud, elle le fait sur le corps des autres. Ce qui se produit sur le plateau est d’une violence pure.
Pour Angélica la religion est subversive et elle « s’intéresse à la folie de dieu afin de mettre l’homme en contact avec le pré-rationnel, avec les prophètes » (sic)! Elle trouve que la mort de dieu a rendu l’Europe sans spiritualité que son art permettrait « de transgresser » . Mais transgresser quoi ?
« Je suis une grande lectrice de Saint Paul et j’utilise son vocabulaire pour décrire l’amour » ! Nous dit-elle.
Paul de Tarse haïssait l’humanité.
Pour lui, comme nous le rappelle Angélica, les femmes doivent se voiler pour rentrer en contact avec dieu. Est-ce pour cela que dans sa mise en scène une jeune femme se fait raser les cheveux et toutes les autres sont rasées, « la reine de calvaire désire rentrer en contact avec Dieu, avec l’être aimé au point de vouloir se raser les cheveux, et la soumission se transforme en offrande » (sic). Ce n’est pas elle, Angélica Liddell, qui est rasée devant le public, mais une autre femme, des « figurants » « prolongation de mon corps » nous dit-elle.
[1]Toutes les phrases entre « … » et italique sont des extraits de l’ entretien d’Anéglica Liddell à l’Odeon