Les heures de coton, interview du réalisateur Sebastien Truchet

Nous avons rencontré Sebstien Truchet, étudiant en lettres à Paris 3 et réalisateur du moyen-métrage film Les Heures de Coton.

Synopsis : Le film retrace l’amour finissant de Manon et Thomas. Lassés l’un de l’autre, ils cherchent à tout prix à vivre de nouvelles « premières fois ». Pour se prouver qu’ils s’aiment toujours, qu’ils ont encore quelque chose à faire ensemble. S’isolant peu à peu du reste du monde, le jeune couple finira par expérimenter sa toute dernière « première fois » : la rupture.

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 Comment est né le projet du film ?

À l’origine du projet, il y a ce concours pour le Conservatoire Européen d’Écriture Audiovisuelle (CEEA) dont la première épreuve était un scénario de 15 minutes sur le thème des « Premières Fois ». Je suis parti sur cette idée de dernières « premières fois » en l’adaptant au personnage pluriel d’un couple. Je crois que, bêtement, on se convainc que son couple fonctionne tant qu’il nous reste des choses à se dire, à se découvrir ensemble. Ça donne le sentiment d’avancer vers quelque chose, de ne pas faire du surplace certainement. Et puis je trouvais assez ironique l’idée de considérer la rupture comme une de ces « premières fois » censées épanouir le couple.

Comment as-tu réussi à joindre l’acteur de Desplechin ?

Très simplement en fait. J’avais trouvé Quentin formidable dans Trois souvenirs de ma jeunesse et j’étais en pleine recherche d’un comédien pour mon film. Sa voix, son phrasé m’intéressaient beaucoup. Rapidement, j’ai imaginé les dialogues du film portées par cette voix.

J’avais lu quelque part qu’il suivait les Cours Simon. Je connaissais quelques élèves du Cours, j’ai commencé à fouiller dans les listes d’amis Facebook et puis je suis tomber sur lui. Un message, puis deux, le scénario en pièce jointe, une rencontre et voilà.

Lui proposer le rôle, c’était un genre de bouteille à la mer pour moi, je ne croyais pas beaucoup à une réponse positive – d’autant que je n’avais rien à lui montrer ! Mais Quentin s’est montré très humble, très humain. Je pense simplement que le rôle lui a plu, qu’il s’est peut-être reconnu en Thomas.

 Le duo avec Marie Petiot a tout de suite fonctionné ?

Avant les premières répétitions, j’avais quelques appréhensions. Marie a un jeu très naturel et une certaine tchatche qui aurait pu faire contraste avec le côté plus littéraire et scandé de Quentin. Au départ, on ne faisait que des italiennes, le texte était dit sans intention aucune. Je leur demandais d’y mettre le ton progressivement, à pas de loups, pour qu’on trouve ensemble un équilibre. Et mes angoisses sont tombés rapidement. Je me suis rendu compte que leur jeu était complémentaire, que leurs différences se transformaient presque en éléments de caractérisations pour leurs personnages respectifs.

On a aussi fait beaucoup de répétitions avant le tournage. C’est peut-être une forme de pudeur, mais je n’aime pas diriger des comédiens sur un plateau sans les connaître un minimum. Ça facilite la communication et surtout ça me met à l’aise. Le but aussi, était évidemment de sentir une certaine complicité entre Marie et Quentin à l’écran.

 Quelles étaient tes inspirations ?

Je m’inspire avant tout de ce que je peux observer dans mon quotidien ou dans celui des personnes dont je suis proche. À la base d’une histoire, il y a une idée fixe, un mal-être qui m’assujettit. Alors j’ai besoin de comprendre, de sortir de moi-même, de prendre de la distance par rapport à ce que je ressens. L’écriture est ce refuge. Elle me permet de surmonter mes fantômes. Pour autant, je n’ai pas l’impression de raconter des histoires personnelles, on esthétise forcément sa situation, ses sentiments.

Bien sûr, dans Les Heures de coton il y a aussi quelques influences plus ou moins directes : un peu d’Une Saison en enfer de Rimbaud, un zeste de Nouvelle Vague Française… Pour le personnage de Manon, on allait chercher des références du côté de Betty dans 37,2° le matin ou Gena Rowlands dans Une femme sous influence de Cassavetes.

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 Pour toi, le personnage de Manon porte une vision de l’amour à laquelle tu adhères ou que tu voulais mettre à distance ?

Disons que porter à l’écran cette vision de l’amour, à laquelle j’adhère ou j’adhérais, était bêtement une façon de la mettre à distance. Dès l’écriture, j’envisageais Manon comme un personnage immature refusant catégoriquement de respecter les règles du monde adulte. Elle et Thomas cherchent à y échapper en inventant leurs propres règles, en dessinant les contours de leur petit monde à eux. Là-dedans, il y a ce point de vue romantique intrinsèquement lié au premier amour qui fait de l’autre sa vie, son monde entier. Et aimer de cette façon si naïvement exclusive, préférant la mort au rejet de l’autre en une série, au milieu de toutes les autres personnes qu’on aimera après lui… C’est fou, c’est excessif. Mais ne dit-on pas que « l’amour est fou ou n’est pas » ?

  La scène de cul dans la BU : comment as-tu eu les autorisations ?

J’ai fait une demande officielle auprès de la présidence de l’université, en expliquant brièvement le propos de la scène et je me suis arrangé avec la responsable de la bibliothèque Censier pour toutes les questions de planning, balisage, occupation des lieux, etc. Il y a eu comme un petit raté avec cette séquence. C’est-à-dire qu’il était prévu de tourner ces plans avant l’ouverture de la BU au public ; on ne voulait mettre mal à l’aise ni les usagers de la bibliothèque ni les comédiens. Mais on a pris un peu de retard et le premier « Action » est finalement tombé quelques minutes après l’ouverture. Heureusement, on a réussi à boucler la scène très rapidement.

 Quels sont tes futurs projets ?

Plusieurs courts-métrages en pré-production dont un : Juliette, à 25 ans, que je devrais tourner début 2017. C’est un film-chronique qui plonge le spectateur dans la journée d’une jeune comédienne ratée en pleine crise des 25 ans. Je me prépare aussi à l’écriture de ce qui ressemble à un long-métrage, je fais des recherches, prends des notes, lis beaucoup. Je trouve plus intéressant de puiser dans la littérature le matériel nécessaire à la construction d’une intrigue que dans le cinéma. En ce moment, j’étudie surtout les motifs de la littérature romantique du XIXe siècle : la nature, l’ennui, la souffrance, l’Idéal… Bref, je ne m’ennuie pas !

 Comment peut-on voir Les Heures de coton ?

Vous pouvez assister à la projection du 9 novembre à 20h au Centre Culturel de Saint-Germain des Prés, le lien de l’évènement est juste ici : https://www.facebook.com/events/200107037084035/ et, on l’espère, dans divers festivals !

La fiche du film sur Allociné: http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=243074.html

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