13 novembre 2016. Un nouveau marronnier surgit. Désormais, tous les ans, un rappel de la barbarie et de l’horreur. Comme le 7 janvier, comme le 8 mai, comme le 14 juillet, comme le 11 novembre. A la différence près que de celui-ci, on ressent encore les traces, et notamment l’état d’urgence, que le gouvernement souhaite prolonger encore. Mais est-ce que ce n’est pas, comme le dit Fred Dewilde dans sa bande dessinée Mon Bataclan, poursuivre une France à deux vitesses, qui divise plus qu’elle ne rassemble ?
Dessiner pour arriver à parler
Pas de long texte. Je ne sais pas quoi dire. Et qui suis-je pour en parler ? Je n’étais pas là, comme beaucoup d’autres j’ai tout vu de chez moi, en sécurité. Alors… alors quoi ? Alors je vais laisser parler les autres, et simplement les présenter.
Fred Dewilde était dans la fosse du Bataclan cette nuit-là. Grâce à une dizaine de pages de dessins, il a pu ébrécher la barrière qui retenait ses émotions. Pour la rompre vraiment, il accompagne sa BD d’un texte d’une vingtaine de pages. Il raconte comment il a tenu. Il raconte l’horreur, dedans, mais surtout après, et comment tout est difficile. Il raconte son enfance, dans la banlieue, ce cliché de banlieue qui existe pourtant. Il raconte surtout les réponses maladroites du gouvernement, et son insatisfaction. Il a vécu l’horreur, il en a été victime. Et pourtant, il appelle à la paix, ce que beaucoup de personnes ne parviennent pas à faire alors même qu’elles n’ont pas été touchées, de près ou de loin. Il dresse un bilan glaçant d’une France consternante où au lieu d’intégrer et de se remettre en question on court après des chimères de sécurité à court terme en disant que tout va bien.
Je n’en dirai pas plus. Il faut lire pour comprendre. Je pourrais résumer tant et plus, je ne trouverais pas les bons mots. Il y a des choses qu’il faut voir, des pages qu’il faut tourner, un papier qu’il faut toucher entre ses mains, pour se rendre compte de la réalité des choses.
Pour aller plus loin
Pour ceux qui préfèrent à un récit dans le vif de l’action un reportage d’enquête au long terme, 13/11 reconstitution d’un attentat est sorti en librairie. Cette BD, moins dans l’émotion, permet un éclairage plus global sur le déroulement de l’horreur.
Enfin, pour ceux qui s’intéressent aux manifestations spontanées de soutien, les arts et les artistes ne manquent pas pour rendre hommage aux victimes.
Notons par exemple, en musique, Saez, dans son nouvel album Le Manifeste, avec Les enfants paradis :
En musique et philosophie, Amin Maalouf et son neveu Ibrahim ont respectivement écrit et composé Un automne à Paris, interprété par Louane :
Pour des textes et dessins, la ville de Paris a collecté un fonds d’archives de toutes les manifestations, bientôt numérisé.
Par Lucile Carré