Emma Caputo ∣ En adaptant Le roman de Monsieur Molière, Ronan Rivière nous entraîne dans une histoire que nous croyons maîtriser en n’en connaissant que l’essentiel. Depuis le 26 septembre, c’est au Théâtre du Ranelagh que deux comédiens, accompagnés d’un pianiste, nous racontent l’histoire de Jean-Baptiste Poquelin : le rejet de son père lorsqu’il veut devenir acteur, les débuts difficiles de l’Illustre Théâtre puis son ascension vers la gloire jusqu’à la cour de Versailles. Mais la part sombre du maître nous apparaît au cœur de son succès et c’est un autre Molière que nous découvrons, condamné au comique alors qu’il se rêvait tragédien, malheureux en ménage et contraint de s’avouer vaincu face à l’Église qui censure ses œuvres après l’avoir bafoué. Le dramaturge n’a dès lors pas d’autre choix que de se soumettre aux attentes du public au prix d’une liberté créatrice qui lui avait inspirée ses chefs-d’œuvre majeurs : Don Juan et le Tartuffe. La dépression qui s’empare alors de lui ne lui laissera de répit qu’à sa mort et, rejeté de toutes parts, le dramaturge sera enterré clandestinement, en terre non-consacrée.
La mise en scène de Ronan Rivière : un voyage dans le temps
Pour sa mise en scène de l’œuvre de Boulgakov, Ronan Rivière a pris le parti de créer une atmosphère intimiste, donnant aux spectateurs l’agréable impression d’être redevenus des enfants écoutant un conte de fée. Tous les éléments semblent contribuer à ce que cette intimité et cette convivialité s’installent. Les comédiens sont peu nombreux sur scène, et seuls deux d’entre eux prennent la parole ; le décor est simple mais représente efficacement la vie nomade de l’auteur, avec seulement une charrette et un fauteuil, et, entre les scènes, ces deux éléments sont déplacés, sur un fond musical, de sorte à représenter de nouveaux lieux.
Mais c’est avant tout au dynamisme de l’interprétation que la pièce doit son succès : dans deux styles différents mais joyeux et vivants, les comédiens ne cessent de changer de rôle, l’un racontant l’histoire ou jouant Molière, l’autre incarnant avec humour ses interlocuteurs, d’une petite fille à Louis XIV en passant par d’impitoyables religieux. Entre narration et dialogues mettant en scène le dramaturge, ils interprètent également des extraits de ses œuvres lors de leur première représentation et cette alternance confère au récit un dynamisme qui ne peut qu’entraîner le spectateur dans le voyage de Molière.
Il est encore temps d’assister à cette représentation intimiste et chaleureuse ! Réservez vos places, à partir de 10€, jusqu’au 14 janvier ! D’autre part, si la question de l’opposition entre le théâtre et la religion vous intéresse, il est possible d’assister à une discussion à ce sujet le 26 novembre, avant la représentation.
Réservations : https://www.billetreduc.com/189908/evtbook.htm