Interview: L’incroyable vie du duo rock The Inspector Cluzo

Delia Arrunategui | Si quelqu’un vous demandait : Qu’y-a-t-il de commun entre Nashville, les Landes et La Courneuve ? Il est possible que peu d’entre vous soient capables de relever le défi… Pas de panique, nous l’avons fait pour vous.

Le samedi 15 septembre se sont produits sur La Grande Scène de la Fête de l’Humanité les rockeurs/fermiers au succès mondial, The Inspector Cluzo. Laurent Lacrouts au chant et à la guitare et Mathieu Jourdain à la batterie ont présenté leur nouvel album, We The People Of The Soil (nous les gens de la terre). Le duo a choisi d’enregistrer cet album sur la terre du blues, à Nashville, avec le producteur américain six fois récompensé aux Grammy Award, Vance Powell, le même qui avait mixé leur 5ème album, Rockfarmers, et qui serait tombé sous le charme de leur particulière authenticité.

Nouvel Album We the people of the soil sortie Mondiale sur la label F The bass player records.

 

Laurent et Mathieu forment sans doute un duo de musiciens hors-normes. Les membres de The Inspector Cluzo ont déjà réalisé six albums en dix ans, voyagé dans 52 pays où ils ont donné plus de 1000 concerts, et parallèlement ils ont continué à entretenir leur ferme 100 % Bio située dans les Landes, où ils produisent du foie gras d’oie artisanal.

Nouvelles Vagues a eu l’occasion de les interviewer après leur concert à la Fête de l’Huma, où ils ont fait vibrer La Grande Scène qui, pour l’occasion, était remplie d’un public avide de rock et plein d’énergie.

Nouvelles Vagues : Vous êtes un des groupes français qui tourne le plus à l’international, est-ce que les pays où vous voyagez deviennent une source d’inspiration pour vous au moment de la création musicale ?

Laurent Lacrouts : Oui bien sûr, les pays qu’on visite jouent un rôle important, mais ce sont surtout les rencontres, les échanges que nous avons, c’est ça qui nous enrichit le plus. Nous avons enregistré notre dernier album à Nashville en Tennessee, la ville berceau du Blues ; je pense que le public va pouvoir remarquer l’influence de cette ville dans notre nouvel album. Pour le Blues il n’y a pas de frontière, et finalement là-bas est née aussi la musique country : une mélodie d’origine paysanne, rurale. Finalement, cela fait aussi partie de notre univers musical.

Mathieu Jourdain : Je pense que chaque pays nous apporte des choses différentes, par exemple dans notre voyage au Japon, nous avons ressenti un type de connexion particulière. Je me rappelle que nous avons été invités dans une maison de campagne dans la péninsule d’Izu. Un après-midi nous sommes montés sur le toit de la maison pour regarder le paysage et nous étions juste au-dessus de la cime des arbres, la vue était incroyable, en face on pouvait voir l’immense montagne Fuji, qui dégage une énergie très forte, et à côté on avait l’Océan pacifique qui nous entourait, une expérience très puissante : résultat, elle nous a inspiré pour écrire une chanson qui s’appelle I’m a Japanese Montain.

Nouvelles Vagues : Avec votre tournée 2018 We People Of The Soil, vous avez déjà joué dans plusieurs salles et festivals en Amérique Latine (Argentine, Colombie, Pérou, etc), pouvez-vous nous raconter quel type d’accueil vous avez reçu de la part du public latino ?

Mathieu Jourdain : En juin nous avons eu la chance de jouer dans plusieurs pays d’Amérique Latine, nous avons eu l’impression d’être très proches d’eux, c’est un public qui vibre avec notre musique et qui nous transmet son émotion d’une façon spontanée et directe.

Laurent Lacrouts : Quand nous sommes arrivés à Bogota en Colombie, pour jouer au Rock al Parque (festival ciel ouvert et gratuit), nous avons eu l’impression qu’il allait se passer quelque chose d’important. Quand nous avons commencé à jouer, on a pu sentir la passion et la force de ce public, des sentiments qui nous sont très familiers ; nous aussi, nous provenons d’une culture ancienne : la Gascogne, je trouve qu’avec la culture latino-américaine il existe beaucoup de caractéristiques en commun, par exemple, écouter l’autre attentivement, le franc-parler et aussi cette habitude de se regarder droit dans les yeux. Je pense que cela nous a permis de créer un lien presque immédiat et fort avec le public latino.

Nouvelles Vagues : Pourquoi avez-vous choisi l’Amérique Latine et plus précisément le Chili pour enregistrer votre nouveau clip ?

Laurent Lacrouts : Le Chili, c’est un pays spécial pour nous. Pendant la tournée nous avons fait des rencontres super intéressantes, nous avons retrouvé plusieurs musiciens, et on est tombé amoureux d’un groupe chilien qui s’appelle Los Jaivas, ils font de la musique folk et du rock. Nous les avons même invités à jouer avec nous ici en France, ils vont venir et rester avec nous à la ferme, ils vont vivre l’expérience complète ! Ce qui nous plaît beaucoup en Amérique Latine, c’est qu’il y a des endroits où on respire encore le Réalisme magique ; par exemple quand on a filmé le clip de We People Of The Soil, à Concepción au Chili (c’est un endroit incroyable !), pendant qu’on enregistrait le clip, on se demandait si ce moment était réel ou si nous étions en train de le rêver ! Je pense que cette ambiance « magique » a été captée dans les images du clip.

Nouvelles Vagues : Quand vous n’êtes pas en train d’enregistrer un album ou en tournée, vous habitez et vous travaillez dans votre ferme. Comment cela complète votre vie et quel impact cela a-t-il sur votre musique ?

Mathieu Jourdain : En fait, nous avons retrouvé l’équilibre dans notre vie grâce à la ferme. Quand on est en tournée, il y a des fois où on a hâte de rentrer, même s’il y a aussi à la ferme du travail dur à faire, mais on sait que cela nous permet aussi de créer. Inconsciemment pendant qu’on travaille, nous synthétisons tout ce que nous avons vécu pendant nos voyages et ça nous donne du matériel pour créer de nouveaux sons et chansons.

Laurent Lacrouts : Nous avons acheté cette ferme dans les Landes avec l’argent que nous avons gagné. Là où on habite on voit l’horizon, les Pyrénées, on respire, je pense que notre musique, c’est le reflet de cela, c’est une musique avec des horizons.

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Nouvelles Vagues : Qu’est-ce que ça signifie pour vous de jouer à la Fête de L’Huma ? Souhaitez-vous transmettre un message à votre public ?

Mathieu Jourdain : C’est la première fois que nous jouons ici, on sait que c’est une fête importante, le public arrive de partout en France. On sent qu’il y a une connexion avec les gens qui sont là, c’est un public qu’on comprend, on fait partie du même monde, même si politiquement on n’est pas communiste ; mais bien sûr on est plus proche d’eux que de l’extrême droite ou que de Macron. Je pense qu’au-delà de la politique, cette fête est un bon moment pour se rassembler et partager des valeurs en commun.

Laurent Lacrouts : Cette fête est très proche de ce que nous essayons de mettre en place dans notre ferme, l’idée de penser global et agir local. Le seul problème, c’est qu’on n’aime pas trop les idéologies. Comme je dis sur scène, les idéologies c’est chiant, parce que si elles sont prises au 100 % ça finit toujours mal, comme au Venezuela, qui actuellement est en état de chaos, et pourtant c’est parti d’un bon sentiment. D’une certaine façon, c’est arrivé aussi aux Etats-Unis, avec bien-sûr un autre modèle politique, le capitalisme, une idéologie conçue par des Américains qui avaient un esprit très social à la base. Ils souhaitaient créer des emplois dans les entreprises où tous pourraient trouver leur chance, sans prendre en compte si les travailleurs venaient d’ailleurs ou pas ; mais maintenant ce qui a été fait avec ce modèle, c’est simplement horrible. Je pense qu’il ne faut jamais prendre les idéologies à la lettre, ça ne marche pas, il faut prendre seulement le meilleur et laisser le reste de côté.

The Inspector Cluzo va se produire à Paris dans la mythique salle de La Cigale le 9 février 2019. Ne ratez pas cette opportunité de voir le groupe gascon dans toute sa splendeur !
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