Il y a quelques mois, vous lisiez sur Nouvelles Vagues une critique du livre Compromis d’Albien Gakegni. Nous vous proposons aujourd’hui une autre lecture du récit.
Reich Issombo Olandzobo | La pertinence de Compromis tient du fait que c’est à la fois un livre d’actualité, de cultures, de politique, d’amour et d’amitié.
Livre d’actualité parce qu’il évoque le lancinant débat en France entre l’intégration et l’assimilation1. Sur ce débat que l’on retrouve dans le dernier roman de l’auteur, Dans l’Ombre de l’autre rive, ici il apporte une réponse. De façon très objective, l’auteur se penche sur la tolérance, l’acceptation et l’amour (page 135) à travers le père d’Adrien, qui pour moi, est un personnage clé dans ce roman.
Livre de cultures, tout simplement parce que l’auteur évoque la rencontre entre des étudiants venant de plusieurs sociétés différentes (Orient, Afrique subsaharienne, Arabie.) et chacun avec une croyance différente (chrétienne, judéo-chrétienne, musulmane). Mais au lieu d’assister à un choc de cultures, tout ce monde réussit à vivre en harmonie dans le respect de la foi et des origines de chacun. Dans ce sens, l’auteur met en exergue l’importance de la famille, de l’amitié et de la tolérance. Un personnage clé incarne et prône ces valeurs dans ce roman, il s’agit de Yaya. Culture aussi parce que Compromis est un livre d’intellectuels, de cultivés… Le langage y est soutenu, les échanges entre personnages sont riches en expressions françaises et en citations de grands auteurs. On sent que l’auteur s’est vraiment mis dans la peau des étudiants en Langues et Littératures Françaises.

Compromis est également un livre de politique. L’auteur évoque l’organisation syndicale étudiante, son fonctionnement et le mode de mobilisation pour la défense des causes communes.
Compromis est aussi un livre d’amour. Ça fait partie des histoires d’amour plutôt difficiles qu’on aime entendre. Adrien et Sara, deux jeunes follement amoureux l’un de l’autre mais que tout oppose : l’origine (le garçon est français et la fille égyptienne), la religion (l’un est chrétien catholique, l’autre est musulmane), la race (lui est blanc et elle arabe) et donc la culture. Mais avec l’aide de leurs ami(e)s et l’encouragement du père d’Adrien, les jeunes parviennent à transcender les obstacles et à faire triompher leur amour.
Il y a enfin l’amitié, qui selon moi, est la thématique centrale de ce roman. Du début à la fin, l’auteur dépeint les relations amicales entre groupes d’étudiants. À l’université, dans les restaurants ou ailleurs, ils se réunissent, échangent sur tout. De la vie estudiantine à la vie sentimentale des uns et des autres, en passant par la religion et les origines. Dans cette configuration, le personnage de Yaya fait figure de »sage ». Sur ce point, dans la page 74, l’auteur affirme que : <<les amitiés sont des points de rencontre où se traitent les sujets les plus délicats.>>
Il convient de relever en guise de conclusion que malgré la diversité des sujets abordés, la trame de fond de Compromis est la question de la diversité culturelle. A ce sujet, nous retenons que le point de vue de l’auteur rejoint celui de Raja Choueiri (2008)2 qui pense que : <<l’attachement à sa culture n’exclut pas la bonne disposition à l’égard des cultures d’autrui : c’est la sagesse même des cultures.>>
Notes complémentaires :
- Assimilation, insertion, intégration, adaptation : un état des connaissances [article], Anne Marie Gaillard Hommes & Migrations ,Année 1997 1209 pp. 119-130.
- Le « choc culturel » et le « choc des cultures » [article] Raja Choueiri, Entrechocs culturels 2008, p. 5-20 .