Elie Polselli | Au fond de ce bac où il est écrit « Affiches et posters 2€ », je trouvais la pépite, celle qui aurait fait rougir n’importe quel orpailleur. En parfait état, l’affiche du film La Communion de Jan Komasa (2019). Cette œuvre est une étoile filante : en France, elle n’est sortie en salle qu’une poignée de semaines. Juste le temps de rayonner avant la fermeture des lieux de culture, pour cause de confinement. Pour tous les heureux qui ont eu la chance d’assister aux rares séances, la même claque.
Daniel, jeune adulte singulier, va s’affirmer dans cette campagne polonaise où la morosité et l’alcool semblent être les deux seules perspectives de vie. En s’échappant d’un centre de redressement pour jeunes « perdus », il va suivre la voie qu’il souhaite, celle de la religion. Comme Tartuffe (mais avec plus de compétences) il va se faire passer pour le nouveau prêtre de village voisin, et devenir de plus en plus influent.
L’atmosphère bizarre, violente, captive par la tension qu’elle véhicule. Mais le protagoniste nous entraîne avec lui dans sa cavale, jusqu’au climax final. En plus d’apprécier un cinéma d’Europe de l’Est assez méconnu en France, ce film nous fait repenser à toutes les fois où l’on a dû se débrouiller, improviser et faire au mieux. A toutes les fois où l’on assume d’être différent, où l’on revendique notre personnalité, sans la cacher ou la refouler. Non je ne serai pas bûcheron, je serai prêtre. Non, je ne ferai pas comme tout le monde. Et vous pouvez toujours me courir après.
Dans son cadrage, sa narration, et l’idée traitée, c’est un film qui ose. C’est pour ça que cette affiche trône sur le mur de ma chambre.
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