Le cinéma français a-t-il perdu ses figures novatrices?

Denitsa Tacheva | Le mouvement de la Nouvelle Vague développe ses idées suite à l’éclatement d’Hollywood sur le monde du cinéma. L’identité européenne ne jouit pas encore d’un grand manifeste dans l’industrie cinématographique. En effet, l’esprit artistique est étouffé par de faux décors et des sujets insipides, imposés par les grands studios de cinéma qui ne s’intéressent qu’au profit en dépit de l’originalité.  

Jean-Luc Godard, à gauche, visitant le plateau, avec le réalisateur François Truffaut à droite

L’expression du mécontentement de certains cinéastes français face à la domination d’Hollywood a réussi à gagner en popularité dans les cercles artistiques et parmi les critiques. Des sympathisants des Cahiers du cinéma prétendent que l’identité européenne ne peut pas survivre si nous ne ravivons pas la liberté d’expression artistique. Toutefois dans un moment charnière pour l’industrie cinématographique européenne, des grandes figures telles que François Truffaut, Claude Chabrol, Agnès Varda et Jean-Luc Godard commencent leur travail sur le principe de la personnalité de l’auteur, qui fait passer l’approche individuelle et le nom du réalisateur avant tout. C’est l’époque d’une rébellion intellectuelle qui montre sa nouvelle perspective, beaucoup plus proche de la perception humaine du monde dans laquelle le raffinement artistique typiquement français ne connaît pas de limites.

Il reste difficile de résumer brièvement l’empreinte que la Nouvelle Vague française laisse sur le paysage cinématographique actuel. Après la mort récente de Jean-Luc Godard, ne devrions-nous pas nous demander si le cinéma français a irrémédiablement perdu ses étoiles les plus brillantes qui ont mis en place de nouvelles approches dans le montage, dans le dialogue entre les personnages et surtout dans les sujets ? Qui ont donné un nom à la France dans le cinéma, mais ont également été rappelées dans le patrimoine cinématographique européen. Sont ses douces histoires parisiennes en noir et blanc accompagnées de beaucoup de jazz enjoué laissées dans l’oubli ? N’était-ce pas ces histoires qui donnaient à la France une touche si mélancolique ? Godard a progressivement commencé à expérimenter de plus en plus l’image et, en leur présence, les couleurs. Pierrot le Fou est l’une de ses premières et plus réussies tentatives dans cette direction visuelle. Bien sûr, sans oublier le fait que le réalisateur s’est concentré sur un nouvel outil de montage qui est devenu sa marque de fabrique : les jump cuts à travers lesquels il raccourcit certaines scènes. De plus, l’équipement portable donnait un style légèrement documentaire et les films montraient des sons de fond directs, ce qui nécessitait moins de lumière. En effet, toute cette approche stylistique de Godard peut vraiment être vue comme une attaque contre la prétendue naïveté du spectateur. 

Pourtant la France reste un protecteur avéré de son art. Les représentants de la Nouvelle Vague estiment que ce n’est pas qu’un mouvement local contre le statu quo; c’est du cinéma de qualité pure et simple. Mais comme chaque époque exige ses héros, il arrive un moment où ils s’en vont tranquillement, ne laissant que les traces de leurs plus belles années.

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s