Grease : quand Paris devient le nouveau Broadway

Jesse Bates |

Le retour du Théâtre Mogador.
Après une année d’absence, le Théâtre Mogador célèbre sa réouverture avec un magnifique spectacle qui convient à petits et grands : Grease ! Tu es le spectacle que je voulais : You’re The One That I want 

D’après la composition de Warren Casey et Jim Jacobs, le show aurait pu s’arrêter au célèbre film de Randal Kleiser ; avec les déhanchés de John Travolta, et les yeux de biche d’Olivia Newton-John. Évidemment que non ; le Théâtre Mogador s’est lancé le défi de produire un projet original de Grease, sur nos belles planches parisiennes. Sacré défi que de reprendre la plus célèbre des comédies musicales, aux tubes planétaires, et qui doit convenir à une nouvelle génération, sans pour autant froisser l’ancienne et son souvenir nostalgique du show.

Pour une rentrée, il fallait être gonflé pour monter ce spectacle… et heureusement qu’ils l’ont fait, parce que c’est tout simplement incroyable !

Parce que Grease, c’est tout une histoire.
Créé en 1971 à Chicago avant d’être représenté en 1972 en off-Broadway, Warren Casey et Jim Jacobs ignoraient tout du succès intemporel que leur création allait remporter.

C’est une histoire pourtant assez simple : une jeune fille (Sandy) arrive dans un nouveau lycée (Rydell High School) et tente de s’intégrer ; dans ce même lycée elle rencontre son jeune amour d’été (Danny), qui semble plus préoccupé par sa popularité que par ses sentiments.

Pourtant, de cette histoire, en ressort toute l’originalité du spectacle, qui lui vaudra son succès ! On y retrouve des questions existentielles : l’amour de jeunesse, l’adolescence, la sexualité, la vie de lycée, le passage à la vie d’adulte… ses premières fois et ses dernières fois. Un peu comme l’avait fait Pierre Corneille lorsqu’il écrivit La Place Royale ou l’Amoureux Extravagant, il y a maintenant près de 400 ans. Avec une actualisation autour d’une jeunesse post-guerre mondiale, qui apprend à vivre au rythme des 50’s dans un monde moderne, Grease est devenu la référence d’une jeunesse que l’on entend et que l’on écoute.

Le show a connu les épreuves de la scène et du grand écran pendant 40 ans, et relève aujourd’hui le défi d’être monté « à la parisienne ». Sous la direction de Martin Michel et de ses associés Véronique Bandelier (mise en scène) et Tim Van Der Straeten (chorégraphie), l’histoire de Grease continue… et vaut le détour !

Les interprètes : de beaux et jeunes talents, et un coup de cœur !
Le casting est tout simplement hallucinant !

Entre les comiques de scène que sont Miss Lynch (Céline Groussard) et Eugène (Alexandre Faitrouni), et l’énergie captivante de la belle Marty (Sarah Manesse), on ne manque pas d’esquisser un large sourire à chacune de leur apparition sur scène. Je ne serai pas surpris que les projecteurs qui les éclairaient étaient en fait les dents blanches des spectateurs, tellement nous nous réjouissions de les voir apparaître !

Je pourrai aussi parler du magnifique, ténébreux et sexy Rickie (Yanis Si Ah), avec ses airs de beaux garçons, qui mène la danse du spectacle par des pas de bad boy qui lui vont si bien !

Tant de talents, avec entre autres la tendre Sandy (Alyzée Lalande), et l’attachant et torturé Danny (Alexis Loizon) ; mais surtout -le talent qui a su me cueillir à l’émoi- l’incroyable et spectaculaire Rizzo (Emmanuelle N’zuzi) ! Avec There are Worse Things I Could Do, et devant sa voix vibrante et sincère, je n’ai pu m’empêcher de verser des larmes d’émerveillement ; elle a su jouer sincèrement et puissamment, dévoilant un personnage dans son entier, et que l’on découvre magnifiquement humain.

De jeunes et beaux talents sont apparus sur cette scène. Reprenant à merveille l’univers de l’adolescence au temps des 50’s, tout en restant proche de la jeunesse contemporaine, chacun a su s’approprier personnellement de la complexité de son personnage.

Dans une énergie incroyable, ils ont incarné le rock’n’roll des 50’s, plus que le rock’n’roll ne les a incarnés. Ils ont su garder la nostalgie d’un temps, pour ceux qui y reconnaissent leurs années passées ; tout en sachant remettre au goût du jour les questionnements de leur personnage, pour une jeunesse qui ne peut dès lors que se sentir concernée.

Le spectacle : de l’énergie franglaise au rythme des 50’s !
Le spectacle a miraculeusement réussi à marier l’anglais et le français. Pour une fois que l’on peut voir ces deux-là bien s’entendre ! Le français ne compromet en rien l’histoire, et sait donner sa place à un anglais, que l’on n’aurait jamais pu voir s’éclipser de ce spectacle. Que serait devenu You’re the One That I Want ou le Freddy, my Love sinon ?! Un choix judicieusement maîtrisé, qui a su créer un nouveau rapport prometteur à l’adaptation de la comédie musicale.

C’est un nouveau swing du spectacle planétaire, pour les petits et les grands, qui ne manque pas de rythme ! Nous voilà dans le cuir, les couleurs flashy, les carreaux des pull-overs, les rayures des chemises, les nœuds pap’, les foulards… et évidemment la « grease » ! La grease des cheveux bien coiffés. La grease des moteurs bien huilés.

Nous glissons dans un univers magique, où notre cœur de spectateur s’emplit de tous les bons moments d’émotion de ce show.

Un spectacle comme celui-là ne s’oublie pas ; et autour d’une jeunesse qui nous est rendue le temps d’un soir, nous amusons avec tous ces bons copains de scène, et vivons un moment de folie et de rire ! Nous n’avons qu’une envie : danser, chanter et rejoindre la bande de Rydell pour vivre cette jeunesse avec eux en musique.

Oui je vous invite à danser aux couleurs de cet l’âge d’or – ne m’entendez-vous pas scandez avec cette charmante Marty ?! « Allez Rydell, allez Rydell : car plus beau il n’y a rien de tel ! Allez Grease, allez Grease : car le bonheur y est de mise ! »

Grease est présenté au théâtre Mogador de Paris jusqu’en juillet 2018.
A partir de 25€.
Plus d’infos : https://www.greaselemusical.fr

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